|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
«Comment
se fait-il que nous ayons tant d'informations et que nous sachions si peu de
choses» Noam Chomsky
Les événements dont il est question (le mot s'impose) ci-après sont de ceux qui se distinguent plus par leur vide que par leur plein : beaucoup d'interrogations, très peu de révélations. Ne s'agit-il peut-être que d'une tempête dans un verre d'eau amplifiée par une opposition en mal de scandales ou des médias à la recherche de sensationnel ? Le lecteur jugera et l'avenir tranchera. Ce qui allait devenir cette surprenante « affaire Benalla » commence un 1er mai 2018 presque de manière banale par ce qui aurait facilement été pris pour une bavure policière. En marge des manifestations, un homme portant un casque de CRS frappe un jeune homme totalement maîtrisé et malmène une jeune femme. Ce qui fait le commun des manifestations des gilets jaunes tous les samedis depuis novembre dernier. Le 18 juillet, soit plus de deux mois et demi après, cette banalité est dissipée. Le quotidien Le Monde révèle qu'il ne s'agit pas d'un policier ordinaire mais d'« un proche conseiller du président de la République » chargé de sécurité à l'Elysée, présent ce jour-là en simple « observateur ». Rétrospectivement, quand on mesure les prolongements invraisemblables de cette affaire on peut se demander ce qu'il a pris à Alexandre Benalla de se mêler d'une opération de service d'ordre qui ne relevait ni de sa compétence, ni de ses prérogatives (à propos desquelles beaucoup s'interrogent aujourd'hui) ni de ses intérêts. Encore moins ceux de l'Elysée qui l'employait. La proximité des pouvoirs suprêmes lui donnait- elle le sentiment de se situer par-delà les règles immanentes, ordinaires et qu'il pouvait descendre dans l'arène et bastonner impunément le manant indocile ? Peut-être... Les événements se précipitent. Parce que, dans ce monde « hyper-médiatisé » où le bonheur n'est pas photogénique, ce ne sont pas les faits qui importent mais leur auteur. C'est encore mieux quand le spectacle est sanguinolent. Et comme le pouvoir (ce n'est propre ni à la France ni à la Vème République) donne l'illusion aux gouvernants qu'ils planent comme « l'esprit de Dieu au-dessus les eaux », et qu'ils n'ont de comptes à rendre qu'à eux-mêmes, ils se prennent les pieds dans le tapis et amoncellent bêtise sur bêtise. Dès le lendemain, M. Benalla, selon le porte-parole de L'Elysée Bruno Roger-Petit, est « démis de ses fonctions ». Le 24 juillet il est licencié et au 1er août, il ne fait plus partie du personnel de l'Elysée. Bien que tout leur contenu n'ait pas été dévoilé, des faits montreront par la suite que ses liens ne seront pas rompus avec l'Elysée. (C'était le cas après le 1er mai et sa mise à pied. Des clichés par exemple témoignent que A. Benalla avait continué ses activités comme si de rien n'était,). Au reste, l'intéressé le reconnaîtra benoîtement lors de sa seconde audition face à la commission sénatoriale en janvier. Le parquet ouvre une enquête et le 22 juillet le gouvernement prend prétexte du tollé provoqué par cette affaire pour suspendre à l'Assemblée l'examen de sa réforme constitutionnelle, en attendant « des conditions plus sereines »... Le 23 juillet, alors que le Sénat met en place une commission d'enquête qui commencera ses travaux en septembre, G. Collomb, ministre de l'intérieur, devant la commission des Lois de l'Assemblée, nie avoir commis une quelconque faute.[1] On ignore dans quelle mesure cette affaire entraîne la démission le 03 octobre d'un des socialistes les plus proches du président, engagé très tôt auprès de lui lors de sa campagne. Le 26 juillet, la commission d'enquête de l'Assemblée, empêtrée dans ses oppositions internes, se saborde avec le retrait du co rapporteur LR Guillaume Larrivé et du reste de l'opposition. Le 1er août, pendant que Benalla, congédié, quitte l'Elysée, la commission clôt formellement ses travaux sur un constat de désaccord, sans produire de rapport. L'image de cette affaire a produit des ravages à l'étranger. Parmi les comptes-rendus de la presse internationale, deux exemples : - La presse allemande début août a été virulente vis-à-vis du président de la République. « Il y a un mois, Macron a remonté les bretelles à un adolescent qui lui avait adressé la parole en l'appelant ?Manu' au lieu de ?Monsieur le Président'. Un président a tout à fait le droit d'exiger le respect des bonnes manières, mais il faut qu'il soit aussi pointilleux avec lui-même et les siens » écrit le quotidien munichois Süddeutsche Zeitung qui « a du mal à comprendre pourquoi l'Élysée a cru que cet incident disparaîtrait comme ça, sans choquer personne ». C'est le retour du vieux monde pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui souligne que « Macron tombe des hauteurs de son trône jupitérien pour retrouver le commun des politiques faillibles ». Pour le quotidien de Francfort, c'est un signal d'alarme. - Le New York Times observe que « l'évaluation que M. Macron a faite de l'affaire Benalla était erronée. Elle consume le Parlement, menace l'avenir de collaborateurs, et fait dérailler pour le moment le programme réformiste présidentiel ». Le quotidien new-yorkais s'interroge également sur la façon dont le collaborateur du président a pu obtenir une « voiture de luxe, une adresse prestigieuse, une arme » mettant en doute la promesse d'Emmanuel Macron « d'un gouvernement exemplaire avant son élection ». Après cette date, la situation devient ubuesque. A. Benalla n'est plus membre du personnel de l'Elysée mais tout se passe comme si ce n'était pas vraiment le cas. Il déclarera plus tard que ses communications avec le président n'avaient pas cessé et qu'il disposait dans son téléphone des éléments pouvant le prouver. E. Macron fera savoir qu'il n'a échangé que des banalités en deux SMS. Passons... Le 19 septembre, lors de sa première audition « contraint et forcé » devant la commission du Sénat, A. Benalla avait prétendu ne plus être en possession de passeports liés à sa fonction à l'Elysée. Une des premières déclarations qu'il a tenu à faire lors de sa deuxième comparution le 21 janvier 2019, a été qu'il « n'avait pas menti en septembre ». Juste. C'est évidemment ce qui s'est passé entre-temps qui fait problème. Car - on ignore pourquoi, par qui et dans quelles circonstances - il les a récupérés début octobre plus un chéquier et autres effets. Livrés par « un salarié de l'Elysée » dont il a refusé de décliner l'identité. Ces documents lui ont été restitués sans qu'il les ait demandés, dit-il, et à leur sujet il dira ne « plus jamais reçu de relance de la part du ministère des Affaires Etrangères ». « On m'a rendu ces passeports en l'état utilisable, non désactivés, sans aucune interdiction de les utiliser ». Cela est évidemment d'autant plus surprenant que ces passeports sont associés à une fonction qu'il n'assure plus. En date du 10 septembre 2018, le Ministère des AE prétend pourtant avoir enjoint à A. Benalla de restituer les passeports diplomatiques, via une lettre recommandée (avec AR) dont il déclare n'avoir jamais eu connaissance. A. Benalla a été en possession en tout de 3 passeports. - Un premier passeport de service daté de 2016 dont la restitution n'a jamais été exigée. Ce « passeport ordinaire a été utilisé entre le 07 août et octobre 2018 ». - Et deux passeports diplomatiques qui continuent à être utilisés du 1er au 07 août, date à laquelle ils sont retournés à l'administration. Le problème est que ces deux passeports lui sont restitués à nouveau début octobre. A. Benalla aurait fourni un document falsifié « pour lequel il n'a pas été mis en examen ». Pourquoi ne l'a-t-il pas été ? « Mes passeports ont servi 23 fois sans me conférer aucun avantage particulier et seulement pour décliner mon identité. » Mais alors pourquoi les avoir utilisés ? « Une erreur de ma part » répond-il. Pourquoi deux passeports ? Pour des raisons de visas explique A. Benalla, comme pour tous les officiels qui voyagent à l'étranger. Le visa de tel pays (Israël, pour ne pas le nommer) figurant sur un passeport peut induire des complications lors de la visite dans un autre. - Alexandre Benalla disposait aussi d'un téléphone sécurisé (« Teorem»). Il déclare qu'il n'a plus eu « d'échanges cryptés avec qui que ce soit depuis juillet 2018 ». L'ayant « égaré » depuis plusieurs semaines il prétend l'avoir retrouvé après recherche et restitué de sa propre initiative « Je n'ai plus de contact avec l'Elysée ou avec le parti LREM depuis le 22 décembre 2018. » Pourquoi le 22 décembre ? Cette affaire a donné lieu à une multitude de détails, de faits, d'interprétations et de déclarations contradictoires qui suffiraient à occuper une armée de scribes. Cette affaire est pauvre en certitudes. Toutes les enquêtes glissent sur les faits et les intéressés comme la pluie sur un ciré. Les accusés se dérobent sous divers prétextes, mentent, se démentent, mais toutes sortes de procédures et de dispositions topologiquement illisibles les soustraient à toute contrainte ou sanction. Par exemple, lors de sa dernière prestation face aux sénateurs en commission ad hoc, A. Benalla narguait ouvertement ses vénérables interlocuteurs et se jouait de leurs tentatives d'obtenir la moindre précision ou information concernant les faits qui l'avaient amené devant eux. En revanche, cette affaire est riche en questions. En voilà quelque unes. Quatre questions (au moins) préoccupent les enquêteurs et les journalistes 1.- D'où viennent donc tant de pouvoirs accordés à Alexandre Benalla, un simple chargé de mission qui a rejoint l'Elysée après avoir accompagné le président au cours de sa campagne électorale en 2017 ? 2.- Pourquoi a-t-il donc conservé, outre ses passeports diplomatiques, ces pouvoirs, après son licenciement ? 3.- Comment interpréter ses différents déplacements internationaux alors qu'il était sous le coup de plusieurs enquêtes ? 4.- Comment a-t-il pu, en tant que « personne strictement privée » (c'est ce qu'il affirme à la commission sénatoriale) entrer au Tchad sans visa ? « Allez demander cela aux Tchadiens » a-t-il répondu. 5.- Qui lui a restitué des passeports diplomatiques et pourquoi, alors qu'il ne faisait plus partie du personnel de l'Elysée ? Pourquoi les a-t-il acceptés et utilisés ? 6.- Qui est donc au fond Alexandre Benalla ? Quelques faits pouvant constituer des éléments de réponses. Ces faits sont sans doute à l'origine de la deuxième audition de A. Benalla devant la commission du sénat. A. Benalla reconnaît avoir utilisé ses passeports diplomatiques 23 fois depuis qu'ils lui ont été restitués dans les conditions que l'on sait. Il n'y a pas d'information complète et précise sur l'identité des pays qu'il a visités. On croit en connaître quelques uns. ACTE 1. Décembre 2018. Alexandre Benalla est en Israël On sait que A. Benalla a abondamment utilisé des passeports diplomatiques auxquels il n'avait plus droit. Au reste, on se demande pourquoi des passeports diplomatiques pour un homme dont les fonctions ne relèvent pas des Affaires Etrangères ni de la diplomatie. Autre énigme. Passons... Les sénateurs eux aussi avaient eu droit à un silence narquois. Passé sous silence, à peine évoquée la visite de l'intéressé en Israël et ses relations avec un homme entouré d'une brume épaisse de mystères, Philippe Hababou Solomon que A. Benalla a accompagné au Tchad en décembre et dont les médias s'abstiennent d'explorer et d'approfondir le profil. On en apprend davantage dans un papier qui semble bien informé, mais qui doit naturellement être parcouru avec la circonspection nécessaire, Jacques-Marie Bourget publie dans Le Grand Soir du 31 décembre 2018. Il titre « Benalla placé sous parapluie israélien ».[2] On découvre que Philippe Hababou Solomon participe d'un réseau complexe où figurent des personnalités connues par ailleurs pour avoir trempé dans toutes sortes d'affaires plus ou moins scabreuses. Pêle-mêle : B. Tapi, le capitaine Barill, le franco-tunisien Lotfi Belhadj, Christophe Giovanetti... « Solomon devient l'ami d'Arcadi Gaydamak, un oligarque russo-israélien intime de la bande à Pasqua »... Le fait est que le contenu de cet article semble corroboré (en tout pas infirmé) par les événements qui ont suivi. ACTE 2. 12 Décembre 2018. Benalla est au Tchad Selon le journal Le Monde, Benalla, qui s'est rendu au Tchad début décembre pour rencontrer le président Idriss Déby, était accompagné de Philippe Hababou Solomon qui y serait venu « vendre des uniformes »... Philippe Hababou Solomon, franco-israélien de 63 ans « spécialiste de la diplomatie privée en Afrique pour le compte de gouvernements », est l'ancien conseiller spécial de l'ex-président sud-africain Jacob Zuma. Il loue aujourd'hui ses services au ministère des Affaires étrangères et à celui de la Défense du Qatar pour leur stratégie africaine, selon « Le Monde ».[3] Benalla a eu le loisir de s'entretenir deux heures avec le président Idriss Déby, lequel n'aurait, de ses propres mots, «découvert sa présence que quand il est entré dans [son] bureau.» « Mes déplacement à l'étranger sont strictement privés, en mon seul nom. »[4] Il assure ne pas avoir été rétribué pour ce voyage (et aurait donc réglé ses frais sur ses propres fonds). Il avance qu'il avait reçu un mois de salaire en novembre de la part de la société France Close Protection.[5] Pourtant, personne (ni la police de l'air, ni la douane française ou tchadienne) ne s'est opposé à l'utilisation de son passeport diplomatique. « Je suis entré au Tchad avec un passeport diplomatique sans visa, accompagnant une délégation économique. » De ce déplacement le 12 décembre, les médias n'ont eu connaissance que deux semaines plus tard, le 26. Cela déclencha évidemment un tintamarre assourdissant, obligeant l'Elysée à se démarquer et à s'irriter. Cependant comment E. Macron aurait-il pu l'ignorer, lui qui a été en visite dans la capitale tchadienne 10 jours après son ancien chargé de mission ? « J'ai informé l'Elysée de mon déplacement au Tchad par simple courtoisie, rien ne m'y obligeait. » laisse tomber A. Benalla aux sénateurs en commission. ACTE 3. 22 et 23 Décembre 2018. Macron est en visite au Tchad A la veille de Noël, E. Macron est venu, disent les communicateurs, réveillonner avec les soldats français de la Force Barkhane en compagnie de Michel Drucker, F. Parly et Marlène Schiappa. Barkhane regroupe plus de 4500 soldats et coûte 700 millions d'euros. La visite impromptue du président français à N'Djamena a suscité de nombreuses réactions indignées de l'opposition tchadienne, complètement ignorées par les médias français, à l'exception peut-être de RFI (dont l'audience est confidentielle). Un exemple : celui du député et président d'un parti d'opposition, Ngarlejy Yorongar qui dénonce une visite au seul profit du pouvoir du président Idriss Déby. « Pour moi, c'est inapproprié. Si Macron a pris la décision d'aller rendre visite à Idriss Déby qui a les mains pleines de sang, je dis bien pleines de sang, je crois qu'il est passé complètement à côté. Qu'est-ce Macron devrait dire au président Déby dès qu'il est là ? Qu'il lui dise que 28 ans c'est trop, bientôt 29 ans ; et qu'il essaye de retirer un peu son épingle du jeu. Il faut qu'il lui dise dans le creux de l'oreille que ce n'est pas bon, parce que nous ne sommes plus à l'époque où un chef d'Etat africain peut se permettre d'arrêter des gens, de les torturer, de les tuer... » ACTE 4. Benjamin Netanyahu au Tchad Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu arrive dimanche 20 janvier au Tchad, après les Français, pour une visite qu'il a qualifiée de « percée historique » dans ce pays africain à majorité musulmane avec lequel Israël s'apprête à renouer des relations. Cette visite, qui ne devait durer qu'une journée, fait suite à celle du président Déby en Israël en novembre. Les guerres de 1967 et de 1973, ont conduit un certain nombre d'Etats africains à rompre avec l'Etat hébreu. Le Tchad avait rompu ses relations diplomatiques avec Israël en 1972. Le Tchad est l'un des états africains engagés dans la lutte contre les organisations jihadistes Boko Haram et Etat islamique en Afrique de l'Ouest. A ce titre, il a reçu en novembre des Etats-Unis, grand allié d'Israël, des véhicules et navires militaires d'une valeur de 1,3 million de dollars (environ 1,15 million d'euros). Pour faire face à des rébellions dans le nord et l'est du pays, l'armée tchadienne et l'Agence nationale du renseignement se sont équipées de matériels militaires israéliens. La commission sénatoriale n'a fait qu'esquisser une incursion très timide dans cette facette de l'affaire Benalla, très vite écartée. Les questions recommencent : - A. Benalla et E. Macron ont-ils joué un rôle dans ce rapprochement ? Si oui, pourquoi et dans quel cadre stratégique ? - La participation de Benalla, profitant des relations qu'il se serait faites à l'Elysée, se limiterait-elle à des ventes de matériels militaires ? - A. Benalla joue-t-il un rôle occulte de missi dominici pour le compte du président E. Macron et de la politique africaine de la France ? - Dans quelle mesure est-il possible d'imaginer que cette politique est (aussi ou pas) au service d'Israël ? Les anciennes puissances coloniales ont beaucoup perdu depuis 1945 sous toutes les latitudes. L'Afrique et en particulier le Sahel, constitue aujourd'hui un enjeu entre grandes puissances. Notamment géopolitiques et géoéconomiques. Ses richesses naturelles sont attractives. Les multinationales occidentales qui régnaient jusque-là sans partage, sont concurrencées par la Chine qui remporte des parts de marchés de plus en plus importantes. La Russie de Poutine est aussi de retour et revient dans des espaces que l'Union Soviétique a désertés après 1990. - Dans quelle mesure et sous quelles conditions le président de la République peut-il être invité à se présenter devant les sénateurs pour qu'ils obtiennent de lui les réponses que A. Benalla refuse d'apporter ? - Naturellement, le président français est au cœur d'une multitude de confrontations. Il est notamment au front pour juguler le mouvement des « gilets jaunes ». Le lancement de son débat public avait pour objet de lui redonner une marge de manœuvre que la relance de l'affaire Benalla compromet dans une proportion qu'il est difficile pour le moment d'apprécier. - Alexandre Benalla n'a pas été accompagné à la commission d'enquête du sénat par n'importe quel conseil. Il était étroitement éclairé par Jacqueline Laffont une avocate qui a plaidé dans des affaires qui ont défrayé la chronique judiciaire et occupé les médias pendant des années. Elle s'est occupée de la défense de personnalités de premier plan : ? Patrice de Maistre : Affaire « Bettencourt » ? Jacques Chirac : « Emplois fictifs Mairie de Paris » ? Michel Roussin : « Emplois fictifs Mairie de Paris » ? Alfred Sirven : Affaire « Elf » ? Jean-Marie Messier : Affaire « Vivendi » ? Charles Pasqua : Affaire « Pétrole contre nourriture »[6] On mesure à quelle hauteur est placée celle qui nous intéresse ici. - Face aux sénateurs, lors de son audition le lundi 21 janvier, qui le titillent autant qu'ils peuvent pour lui soutirer des précisions, en vain, Alexandre Benalla déclare le regard malicieux, le sourire en coin : « Je ne détiens aucun secret. » Qui serait assez naïf pour le croire ? Notes : [1] Le 23 juillet, interrogé par la commission des Lois de l'Assemblée sur la non-transmission au procureur des agissements répréhensibles d'Alexandre Benalla (comme l'exige l'article 40 du code de procédure pénale), le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb répond: « J'ai connaissance quotidiennement de suspicions ou de commissions d'infractions pénales. Ce n'est pas mon rôle de saisir chaque procureur individuellement ». « Je m'étais assuré que tant le cabinet du président de la République que le préfet de police avaient été destinataires de l'information. Je pensais que les mesures appropriées avaient été prises. C'était à eux de prendre les sanctions et éventuellement d'informer les autorités judiciaires ». [2] https://www.legrandsoir.info/benalla-place-sous-parapluie-israelien.html [3] https://www.lemondejuif.info/2018/12/benalla-sest-rendu-discretement-en-israel/ [4] Benalla se trouvait à N'Djamena en compagnie d'une délégation d'entrepreneurs étrangers ?essentiellement du Moyen-Orient? qui, a assuré l'intéressé à l'Express, «sont susceptibles de créer 3 000 emplois au Tchad». Plus précisément, il serait question d'un projet industriel représentant un investissement de 250 millions d'euros. [5] Valeurs Actuelles le 16 janvier évalue précisément cette rémunération à 12 474 euros. [6] Pierre Haïk, son compagnon, né à Tlemcen en 1950, s'est chargé en 2014 des intérêts de Nicolas Sarkozy qui lui avait décerné la Légion d'Honneur en 2009. Pierre Haïk plaide également pour des dossiers au Togo (affaire de Kpacha Gnassingbé, condamné à vingt ans de prison pour avoir voulu renverser son demi-frère, le président Faure Gnassingbé) et, avec l'avocat Éric Dupont-Moretti, pour le Gabon dans l'affaire dite des « biens mal acquis ». Il est réputé pour être un fin connaisseur des rouages de la Françafrique (Wikipedia). Ceci expliquerait-il cela ? |
|