A quand une
école apaisée ? Ce n'est certainement pas pour demain alors que
l'Intersyndicale, composée de six syndicats autonomes du secteur de l'Education
nationale, s'est donné rendez-vous demain pour décider de la manière la plus
adéquate de faire entendre leurs voix. Le monde syndical est de nouveau en
ébullition et a décidé de le crier haut et fort, accusant la ministre Benghabrit de faire la sourde oreille à ses doléances. Pour
le moment, la menace est nuancée, comme toujours, et elle peut aller d'un
simple sit-in en guise de piqûre de rappel à l'escalade dans la confrontation.
Si les revendications divergent d'un syndicat à un autre du fait des corps de
métiers défendus, l'absence de dialogue dans la prise de décisions importantes
à l'exemple de la refonte pédagogique ou des réformes engagées semble être le
point convergent du mécontentement syndical. Si les points soulevés dans les
différentes plateformes sont d'ordre socio-professionnel, et peuvent donc être
traités sans trop de passion, la réforme du système éducatif est, lui, le point
nodal de la discorde entre les deux parties. Les syndicats reprochant à la
tutelle de ne pas les impliquer dans la prise de décision ont déjà donné le ton
en boycottant à partir du 11 décembre dernier toutes les activités ainsi que
toutes les réunions auxquelles appellera le ministère de l'Education nationale.
Seconde étape dans l'escalade, les six syndicats ont également décidé de se
retirer de la «charte d'éthique éducative» signée en novembre 2015 et qui
représentait l'un des acquis de la ministre. En clair, l'UNPEF, le CNAPESTE, le
SNAPEST, le SNTE, le CELA et le SATEF dénoncent la
gestion unilatérale, l'autoritarisme et la volonté de Benghabrit
d'étouffer la pratique syndicale. Si les syndicats ont, de tout temps, utilisé
l'arme de la grève comme levier de pression, il n'empêche que dans ce cas-là,
l'attitude même du département de l'Education leur donne raison. Les dernières
décisions donnent l'impression d'être prises sans mûres réflexions, dans la
hâte pour parer au plus pressé, sinon comment expliquer l'utilité des cours de
soutien les jours de congé des élèves alors que le volume horaire est l'un des
plus importants au monde. Quand des systèmes éducatifs ont fait leurs preuves,
de par le monde, en allégeant les programmes et en diminuant les heures passées
sur un banc d'école, on persiste encore en Algérie à penser que plus l'élève
aura d'heures de cours et de programmes super-chargés, plus il sera meilleur.
C'est à
croire que ceux qui prennent les décisions n'ont rien compris aux modèles
d'éducation qui ont cours ailleurs. Le fait même de supprimer les
avertissements et les blâmes est aussi perçu comme une décision populiste qui
n'aura aucune incidence sur le niveau de l'élève. Qu'on arrête de prendre
l'école algérienne pour un laboratoire où chaque ministre joue aux alchimistes
essayant de changer le plomb en or et tant qu'on aura une classe avec 40 à 60
élèves, aucune réforme raisonnable n'est à espérer.