|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Les
réserves de change de l'Algérie (or non compris) ont
baissé à 82,12 milliards de dollars, à fin novembre 2018, contre 97,33 mds de
dollars, à fin 2017, soit une baisse de 15,21 mds de dollars, a annoncé, hier
dimanche, devant le Parlement, le gouverneur de la Banque d'Algérie Mohamed Loukal.
Il a expliqué devant les parlementaires, lors de la présentation du rapport de la Banque d'Algérie sur les évolutions financières et monétaires du pays, que les réserves de change étaient de 86,08 milliards de dollars à fin septembre 2018 et de 88,61 milliards de dollars à fin juin 2018 contre 97,33 milliards de dollars à fin décembre 2017, soit une perte de 8,7 milliards de dollars au 1er semestre 2018. Pour de nombreux experts, l'érosion rapide des réserves de change devient inquiétante et donne des signaux clairs que l'Economie algérienne est devant des défis importants, dont celui de la baisse de ses recettes pétrolières. Dans ses prévisions pour les 3 prochaines années, lors de la confection de la Loi de finances 2019, le ministre des Finances Abderahmane Raouyia avait pronostiqué un niveau des avoirs extérieurs de 85,2 mds de dollars, à fin 2018 (soit 18,8 mois d'importations), à 79,7 mds de dollars, en 2019 (18,4 mois d'importations) et 76,2 mds de dollars en 2020 (17,8 mois d'importations). Or, le rapport du gouverneur de la Banque d'Algérie corrige ces chiffres, puisque la baisse des réserves de change du pays est de 82,12 mds de dollars à fin novembre, contre des prévisions de 85,2 mds de dollars du ministre des Finances. Entre 2006 et 2013, la courbe des réserves de change était ascendante, au plus fort d'un baril entre 120-140 dollars. De 77,8 mds usd à fin 2006, elles passent à 110,2 mds usd à fin 2007, puis à 143,1 mds usd à fin 2008, à 147,2 mds usd à fin 2009, à 162,2 mds usd à fin 2010, à 182,2 mds usd à fin 2011, à 190,6 mds usd à fin 2012 et à 194 mds usd à fin 2013. Le « pic » étant atteint, le matelas de devises du pays a commencé à se dégonfler à partir de la crise des prix du brut en juin 2014, sous le double effet d'une hausse vertigineuse des importations, jusqu'à 60 mds usd et une chute vertigineuse des recettes pétrolières, à moins 40 mds usd, en 2015. L'autre effet de la baisse des recettes pétrolières sur l'Economie nationale s'est traduit par des déficits de la balance des paiements, et une contraction des ressources des banques, réduisant la liquidité bancaire de près de 67% en 2 ans. Ce qui a, fatalement, conduit au financement non conventionnel, conduit par la Banque d'Algérie entre novembre 2017 et octobre 2018, notamment pour éponger le déficit du Trésor et payer la dette de Sonelgaz et Sonatrach. Selon la Banque centrale, à fin octobre dernier, la «planche à billets» a créé un peu plus de 4.005 milliards de dinars, soit un seuil équivalent à 19% du PIB. Le financement non conventionnel, selon la Banque centrale a conduit, en 2018, sur le plan des finances extérieures, à «une baisse du déficit du solde global de la balance des paiements, qui est passé à 7,93 milliards de dollars, à la fin juin 2018, contre un déficit de 11,06 milliards de dollars, à la fin juin 2017.» Le gouverneur de la Banque d'Algérie explique, sur ce chapitre du financement non conventionnel, que le montant des titres émis dans le cadre de ce mécanisme, lancé fin 2017 suite à l'amendement de la loi relative à la monnaie et au crédit, s'est établi à 4.005 milliards de DA, à fin septembre 2018. En novembre dernier, ajoute-t-il, il y a eu l'inscription d'une nouvelle demande de financement de 1.187, 2 milliards de DA «non exploités à ce jour». Le montant de 4.005 milliards de dinars a été réparti entre 1.470 milliards de DA destinés à couvrir le déficit du Trésor public, et 2.264 milliards de DA pour financer la dette publique. En comptant le montant des titres émis dans le cadre du mécanisme de financement non conventionnel, à fin septembre (4.005 milliards DA) et le montant de 1.187,2 milliards DA, demandé en novembre «mais pas encore exploité», le taux de financement non conventionnel par rapport au produit intérieur brut (PIB) représente près de 28%, a précisé M. Loukal. L'émission de ces titres a été réalisée dans le cadre de l'article 45 bis, de la Loi relative à la monnaie et au crédit de 2003 modifiée et complétée, en octobre 2017, selon lequel «la Banque d'Algérie procède, à titre exceptionnel et durant une période de 5 années, à l'achat directement auprès du Trésor, de titres émis par celui-ci, à l'effet de participer notamment à la couverture des besoins de financement du Trésor, au financement de la dette publique interne et au financement du Fonds national d'Investissement (FNI).» En outre, l'article 45 bis note que «ce dispositif est mis en œuvre pour accompagner la réalisation d'un programme de réformes structurelles économiques et budgétaires devant aboutir, au plus tard, à l'issue de la période susvisée notamment au rétablissement des équilibres de la trésorerie de l'Etat et de l'équilibre de la balance des paiements». Dans une note de son gouverneur Mohamed Loukal, en juin dernier, la Banque d'Algérie avait expliqué que dans le cadre du financement non conventionnel, elle a émis en 2 tranches entre les mois d'octobre 2017 et janvier 2018, un montant de 3.585 milliards de DA. La 1re tranche, émise fin octobre début novembre 2017 a été de 2.185 mds de DA, et la seconde, émise en janvier dernier a été de 1.400 mds de DA, soit un total de 3.585 mds de DA. |
|