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La
notion de pauvreté est un variable très instable qu'il faudrait suivre à la
trace pour pouvoir l'actualiser constamment. Le pauvre
d'aujourd'hui peut paraître relativement mieux loti par rapport à celui d'il y
a 30 ou 40 ans, tout comme le pauvre d'aujourd'hui n'est pas forcément celui de
demain, car les situations sociales des individus peuvent changer vers le mieux
ou le pire, lorsqu'on passe d'un état de chômeur à employé,
et vice-versa, ceci pour le simple exemple, comme le soutiennent plusieurs
représentants de «Madjless Souboul
El Kheirate», en marge de la journée d'études sous le
thème « Les signalements du pauvre et du misérable à l'ombre des changements
économiques », organisée au palais de la culture Med Laïd
Al Khalifa, hier, par la direction des affaires religieuses, en étroite
collaboration avec l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader.
A l'appui de leur considération, ils affirment que des aides ont été supprimées
pour certaines familles, qui ont quitté le cercle de la pauvreté avec un chef
de famille ayant réussi à décrocher un poste de travail, et que d'autres ont
été portées sur le recensement pour la première fois.
La question de la notion ou définition du pauvre devient encore plus délicate quand les pouvoirs publics se mêlent du dossier et refusent que d'autres parties établissent à sa place le critère de la pauvreté dans le pays, «tout en ignorant les efforts consentis par la politique des transferts sociaux ou le soutien des prix des matières essentielles, lait, pain, semoule, énergie et santé gratuite, lesquelles matières sont dès lors accessibles à un grand nombre, réduisant considérablement le seuil de pauvreté», objecte-t-on. Même en matière de terminologie, on préfère parler de « démuni » plutôt que de pauvre, qu'on trouve certainement plus choquant. Mais, les changements économiques intervenus sur la scène obligent à une révision du portrait-robot du pauvre. Tous les spécialistes, qui ont animé hier des communications sur le sujet, en conviennent de cette réalité. Le pouvoir s'est détérioré et avec lui le niveau de vie. On soutient dans ce sens que par les temps qui courent, un salarié avec quatre enfants qui touche 3 millions de centimes est classé dans la catégorie des pauvres, puisqu'il ne pourra jamais subvenir entièrement à leurs besoins avec un tel salaire. Bien sûr, il n'est pas classé de facto parmi les pauvres, qui reçoivent de l'aide de la part de Madjless Souboul El Kheirate, ou autre organisme de bienfaisance, mais c'est seulement parce que d'autres se trouvent dans des situations pires que la sienne. En tout cas, l'impératif de revoir cette copie est imposé à l'ombre des mutations économiques par lesquelles passe le pays. Et cette initiative de la direction des affaires religieuses découle de sa mission de proximité avec cette frange de la population qui vit dans la précarité, car l'islam reste la seule religion qui a cerné avec précision ce phénomène ou problème et ce qu'il y a lieu de faire pour y remédier. La pauvreté est source de maux sociaux et de dérives dans les comportements, comme le relève l'un des communicants lors de son intervention à la tribune de cette journée d'études, dont les travaux se déroulent jusque dans l'après-midi. Le directeur des affaires religieuses, Lakhdar Fanit, dira lors de son intervention que Madjless Souboul El Kheirate est en phase d'exploitation d'une application qui permettrait la mise en place d'une carte des pauvres au niveau de la wilaya, et que l'expérience en question se généralisera par la suite aux autres wilayas. Avec une telle application, a-t-on appris auprès du responsable de Madjless Souboul El Kheirate, les listes des pauvres seront définies et unifiées au niveau de la wilaya, bien évidemment en étroite collaborations avec d'autres organismes activant dans ce domaine, comme le Croissant-Rouge algérien et la direction de l'Action sociale. |
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