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Le dernier drame en date des harraga
interpelle les consciences nationales et convoque une réaction urgente de ceux
qui sont censés diriger le pays. La mort de vingt Algériens, dont deux enfants
âgés de moins de deux ans, ne peut pas, ne doit pas rester à la case des faits
divers où le phénomène de la harga a été étiqueté
depuis que les pouvoirs publics ont décidé de voir ailleurs. Si, décemment, on
ne peut pas justifier qu'on risque la vie d'enfants en prenant la mer, on peut
humainement comprendre la logique des parents, souvent désemparés, qui
cherchent à garantir un meilleur avenir pour les leurs. Mais, est-ce pour
autant qu'il faut excuser certains pères de familles qui embarquent leurs bébés
en guise de garantie de non expulsion des pays d'accostage ?
L'équation est complexe à plus d'un titre et les inconnues nombreuses pour qu'un génie trouve la solution au problème parce qu'il est en fait la résultante d'une politique de longue haleine qui a mené le pays vers le gouffre. Dépassées par le mouvement, les autorités ont répondu, comme à chaque fois, en privilégiant le tout répressif. Résultat : le nombre de tentatives de harga n'a jamais été aussi important depuis. L'aveu d'impuissance semble peser lourd puisque de la faute d'un mauvais diagnostic de la situation, les Algériens continuent de mourir en mer. Hassen Kacimi, le chargé de la question migratoire au ministère de l'Intérieur, a reconnu que la criminalisation de la harga «n'a pas donné de résultats» estimant que les pouvoirs publics travaillent à ouvrir d'autres pistes pour traiter cette problématique à travers l'insertion de cette jeunesse, comme il le suggère. Pourtant, on s'interroge sur cette léthargie du gouvernement à inscrire cette question au plan de ses urgences et essayer d'offrir d'autres perspectives à ces jeunes qu'un financement hasardeux de projets voués à l'échec faute d'une réelle prise en charge managériale en l'absence de débouchés commerciaux. En 2017, il y a eu même une polémique autour d'une supposée fetwa déclarant l'émigration clandestine comme illicite. Entre la perte de crédibilité de toutes les institutions officielles et l'envie sans cesse grandissante de désir de partir et de refaire sa vie, l'appel au large est le plus fort. Et le plus dramatique. Même la certitude de jouer sa vie à la roulette russe ne dissuade plus grand monde et ce sont, chaque jour, de plus en plus d'Algériens, tous âge, sexe et condition sociale réunis, qui quittent les rivages de l'Algérie. Même l'appât de l'argent semble ne plus avoir d'effets considérables sur eux puisque parmi ceux qui partent il y a des jeunes porteurs de projets Ansej qui préfèrent tenter l'aventure au lieu de rembourser leurs dettes. Il est clair que pour régler ce problème, le pouvoir a intérêt à repenser la chose en n'excluant aucune voie. |
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