Les
maternités des établissements publics hospitaliers et les cliniques privées
enregistrent ces dernières années une hausse des accouchements par césarienne.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) suggère pourtant de ne pas dépasser
un taux de 15 % d'accouchements par césarienne, arguant que cette pratique doit
être réservée à des indications médicales précises, lorsque la santé de
l'enfant et/ou de la mère sont en danger. Néanmoins, l'on assisterait depuis
quelques années à des demandes croissantes de césariennes par les femmes
elles-mêmes, ou décidées par des professionnels de santé, mais sans raison
médicale évidente. La maternité du CHUO enregistre jusqu'à 30 accouchements
quotidiennement dont une douzaine par césariennes. A titre d'exemple durant le
mois d'octobre le dit service a enregistré 396 accouchements par césariennes et
près de 410 accouchements par voie basse. Pour les césariennes il s'agit le
plus souvent d'opérations d'urgences programmées par les médecins suite à des
complications sanitaires. La hausse des accouchements par césarienne au niveau
du CHUO s'explique aussi par le fait que cette structure et très sollicitée.
Les autres maternités pour le moindre motif se débarrassent des femmes
enceintes et les orientent vers cette maternité. Le personnel de cette
structure se trouve dans l'obligation de prendre en charge les femmes sur le
point d'accoucher. Il y aussi les femmes évacuées d'autres wilayas de l'ouest
en vue de bénéficier de la prise en charge au niveau de la maternité du CHUO
qui, et en dépit des multiples mésaventures vécues, reste la seule structure
qui accepte tous les cas qui se présentent, contrairement aux autres
établissements. La hausse du nombre des accouchements par césarienne ne
concerne pas seulement la maternité du CHUO mais aussi les autres maternités.
De façon générale, le taux de naissance par césarienne est passé de 7 % en 2000
à quelque 30% actuellement, soit une femme sur quatre donne
naissance par césarienne. Les spécialistes tirent la sonnette d'alarme. Le
mercantilisme de certaines cliniques privées et une absence totale de
sensibilisation des parturientes ont donné lieu à une pratique hors normes. La
naissance par césarienne peut présenter des avantages indéniables pour la mère
et le bébé et même leur sauver la vie. Dans de telles situations, presque tout
le monde s'accorde à dire que ses avantages l'emportent sur ses inconvénients.
Cependant, dans d'autres cas, les avantages d'une naissance par césarienne pour
la mère et le bébé peuvent être moins importants ou remis en doute.
A
Oran cette méthode d'accouchement prend, ces derniers temps, de l'ampleur d'une
façon inquiétante. Pourtant les spécialistes sont unanimes : la césarienne est
l'ultime recours des gynécologues aux accouchements difficiles, voire dangereux
pour la survie de la maman ou de son bébé. Certains praticiens, notamment ceux
du privé, la préconisent quasi-systématiquement. Nombreuses sont, en effet,
celles qui ont affirmé qu'elles ont été lésées par des médecins leur ayant
préconisé la césarienne. Il faut savoir que cet acte chirurgical revient plus
cher qu'un accouchement normal. Il implique également une durée d'observation
plus longue, générant ainsi des frais supplémentaires. La césarienne est
indiquée dans les situations d'urgence nécessitant l'accouchement rapide du
bébé tels que des signes de souffrance du bébé (apparition de troubles du
rythme cardiaque par exemple,...), des saignements importants de la maman ou
lorsque l'enfant est mal positionné (présentation par le siège, l'épaule, le
front). Elle peut aussi être décidée quand l'enfant est trop gros ou a un poids trop faible, quand le bassin de la mère est trop
étroit ou en présence d'anomalies du placenta (s'il bloque le col de l'utérus,
par exemple ou s'il est implanté dans la partie basse de l'utérus et peut
provoquer une hémorragie). Enfin, une césarienne peut être pratiquée lorsqu'une
hypertension artérielle peut entraîner des complications au cours de
l'accouchement, en présence d'herpès génital chez la mère risquant de
contaminer le bébé au moment de l'expulsion ou de grossesse multiple.
L'accouchement de jumeaux représente en effet plus de 50% des causes de
césariennes. Le taux de mortalité néonatale des bébés nés par césarienne est
trois fois supérieur à celui de ceux nés par voie basse chez les femmes qui ne
présentent aucun risque médical ou complication particulière susceptible de les
exposer à ce risque, montre une étude américaine.