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Dans
un entretien accordé à l'APS, l'ancien ministre de l'Energie et ex-PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, a estimé que la «période
d'instabilité des prix» qui caractérise le marché pétrolier depuis quelques
années «va probablement durer encore 3 à 5 ans».
Interrogé sur la prochaine réunion des pays membres de l'OPEP, M. Attar considère que la «meilleure des choses qui puisse arriver» aux membres du cartel pétrolier est de «revenir à l'accord de décembre 2016 en réduisant leur production au moins par l'équivalent de ce qu'ils ont produit en plus depuis le début de l'année pour, soi-disant, faire face à la chute de production de l'Iran du fait des sanctions américaines, c'est-à-dire entre 1,5 et 2 millions de barils/jour». Selon lui, les producteurs OPEP et non OPEP «sont tous conscients du désordre dans lequel évolue actuellement le marché pétrolier, non seulement à cause de ce surplus mais aussi pour d'autres paramètres liés à la croissance de la production pétrolière d'autres pays, de la récession économique mondiale qui entraîne moins de demande pétrolière, y compris en Chine, de la mutation accélérée des modèles de consommation énergétique (économie d'énergie, énergies renouvelables...) et, bien sûr, à d'autres facteurs géopolitiques (embargos sur l'Iran et la Russie, guerres économiques USA-Chine-Europe...)». Il estime que l'Arabie saoudite, «principal producteur et régulateur historique au sein de l'Opep», a besoin «autant que tous les autres producteurs d'un baril à plus de 70 dollars», mais que le royaume est «très affaibli par la guerre du Yémen et l'affaire de l'assassinat de Khashoggi qui le fragilise beaucoup vis-à-vis des USA». Quant à la Russie, elle «tient à récupérer les dividendes de sa solidarité avec l'Opep au plan politique et économique». Mais si l'Opep décide de maintenir la production actuelle, M. Attar estime qu'«il y a quand même un prix-plancher que même l'industrie pétrolière américaine ne pourra pas supporter». «Les prix ne pourront pas baisser, du moins sur une période dépassant six à 12 mois, à un niveau de 30 ou 40 dollars par exemple, parce que cela sera catastrophique non seulement pour les pays Opep mais pour les Etats-Unis eux-mêmes ainsi que pour beaucoup d'autres régions du monde», ajoute-t-il. «Il ne faut pas oublier que la production d'hydrocarbures non conventionnels, qui est maintenant une réalité et le sera encore pendant plusieurs décennies, nécessite un baril d'au moins 35 à 40 dollars. Au-delà de cette période, tout dépendra des progrès technologiques destinés à ralentir l'épuisement des réserves pétrolières et à permettre l'introduction de sources d'énergie alternatives». Interrogé sur les «perspectives du marché pétrolier à moyen terme», l'ancien PDG de Sonatrach estime que «la période d'instabilité des prix va probablement durer encore 3 à 5 ans avec un prix moyen qui devrait atteindre 70 dollars le baril, sauf bouleversement très grave de nature géopolitique surtout, qui pourra entraîner aussi bien une baisse qu'une hausse sur plusieurs mois». |
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