Le boulet
de l'histoire enchaîne les peuples résignés à se replier dans les méandres du
temps passé. Les nôtres restent fixés, les semelles dans le sable, les yeux
collés au verso, contemplant un ciel devenu aride depuis le jour où Christophe
Colomb, tournant le dos à l'Orient, est parti vers le grand large chercher la
nouvelle voie de la soie et des épices. Des lors, l'Orient sombre encore et
encore dans l'inertie et meurt peu à peu sous des tempêtes de poudre noire et
des éclats de foudre. Son agonie semble interminable et ses souffrances lui
font mal. Elles sont vives et insupportables. L'espoir de relever la tête dans
cette contrée est enseveli à des lieues à la ronde. Il ne reviendra peut-être
jamais. Sauf si l'histoire retournera à son point de départ, au temps zéro.
Peut-être seulement après tant de rédemptions et de réincarnations. Sauf pour
ceux qui ont la conviction de prendre un ticket sans retour qui les mènera aux
confins de l'univers à travers les cordes qui lieraient les galaxies. Mais
restons sur terre en ce jour d'«amarsissage» sur la
planète rouge de la sonde InSight envoyée par la Nasa
pour des expériences préparant la «terrarisation» qui
rendrait Mars habitable en vue de sa prochaine colonisation par ceux qui sont
déterminés à conquérir réellement l'Espace après qu'ils ont mis le Monde sous
la botte. Quant au monde figé comme du roc friable, certains ne se
reconnaissant plus en lui. Ils l'appellent : le monde dit arabe. D'autres l'ont
coupé en deux pour séparer sa géographie entre Machrek
et Maghreb en s'en reniant du premier. Tout cela confirme la déliquescence
d'une région vidée avec la complaisance de ses enfants et transportée sur le
dos dans des balluchons pour être vendue aux receleurs des marchés aux puces. A
vrai dire, elle est née au forceps. Handicapée moteur et aussi cérébrale. Après
les indépendances acquises pendant la deuxième moitié du XXe siècle, la plupart
des pays arabes ont commencé par se faire la guerre afin de renforcer leurs régimes
au lieu de concentrer les efforts sur le développement humain. Ces régimes,
aidés par leurs protecteurs, n'ont jamais cessé d'asseoir dans leurs pays des
dictatures, de la répression et les pratiques de liquidations physiques de tous
ceux qui ne sont pas dans les rangs. L'affaire Khashoggi
montre combien l'Occident est malhonnête et complice pour protéger ses intérêts
-ceux des marchands d'armes-. Les affaires comme celle de Khashoggi,
il y en a eu et il y en aura toujours. L'opposant marocain Mehdi Ben Barka a été assassiné le 29 octobre 1965 avec l'aide du
gouvernement français, son corps n'a jamais été retrouvé, il aurait été coulé
dans du béton? Tous les dirigeants des pays arabes, à un moment ou un autre de
leur règne, ont liquidé des opposants. Comment se fait-il que cet Occident
trouve aujourd'hui des larmes de crocodile pour pleurer cet Arabe -qui, ne
l'oublions pas, fut l'un des semeurs de l'idéologie de la mort- et pas les
autres qui meurent sous ses bombes au Yémen, en Syrie, en Irak? ?! Comment
tolère-t-il les décapitations publiques de femmes soupçonnées de jouir de leur
corps ?! Pourquoi ferme-t-il les yeux sur l'esclavage
et les maltraitances des étrangers - surtout des femmes- auxquels les États
arabes du Golfe confisquent les passeports pour les réduire à la servitude et
au forçat ? Mais il est tellement facile pour lui de plier face au pétrole et à
l'argent qui achète tout. Si cet Occident « s'offusque » de la mort de Khashoggi parce qu'il fut un journaliste, il devra aussi
savoir que le journaliste australien Julian Assange, fondateur, rédacteur en
chef et porte-parole de WikiLeaks, vit depuis 2010
dans l'isolement à l'ambassade de l'Equateur à Londres, et risquera sa vie s'il
est extradé aux États-Unis. La comparaison s'arrête là. Mais sans le
machiavélisme de l'Occident, la constitutionnalisation de l'idéologie de la
terreur et de la mort, et son élévation en mode de gouvernance ne serait jamais
arrivée s'il l'avait signifié à ses agents.