
Le
président américain Donald Trump est «le nouveau
facteur qui définit les prix de pétrole», a affirmé hier lundi l'ex-PDG de Sonatrach et ancien ministre Abdelmadjid Attar.
Il a
expliqué dans une intervention à la radio nationale que le marché pétrolier,
quelques jours avant la réunion de l'Opep, est
?'paniqué», et que les prix du brut ne devraient pas augmenter dans l'immédiat.
?'Sur cinq ans, le prix de pétrole est inférieur à 60 dollars, c'est beaucoup,
et on ne voit rien venir», estime-t-il, avant de relever qu'il y a ?' une
véritable panique sur le marché pétrolier, et il va falloir le libérer d'une
manière ou d'une autre, et le prix du gaz va augmenter dans l'avenir.» Il a
expliqué que les prix de pétrole ?'ne vont pas augmenter. Je ne le pense pas,
et baisser encore, je ne le souhaite pas. C'est très difficile pour trois raisons: il y a la récession économique, la morosité est
partout, c'est moins de consommation de pétrole. Deuxièmement, il y a
l'épuisement des réserves, la troisième raison est qu'il y a la résistance du
charbon au niveau des pays émergents (Chine, Inde), c'est ce qui fait que le
taux de croissance de la consommation de pétrole baisse, et donc si les prix se
stabilisent autour de 60 dollars le baril, ce sera vraiment un miracle.» Dés lors, il prévoit que la prochaine réunion de l'Opep, prévue le 5 décembre à Vienne, ?'sera beaucoup plus
importante que celle tenue à Alger en 2016 pour redresser les prix, avec des
décisions historiques. Mais, aujourd'hui, le marché est paniqué, désordonné, on
ne sait plus comment cela se passe pour l'offre et la demande, il y a des
facteurs géopolitiques, les facteurs économiques, les sanctions contre l'Iran,
la guerre économique entre les Etats-Unis et la Chine, et les derniers
événements avec l'assassinat de Kashoggi.» ?'La
réunion de décembre va être vraiment décisive, tout le monde en est conscient, l'Opep et les Non-Opep, y compris
la Russie. ?'Leur économie dépend du prix du pétrole, l'Arabie Saoudite, la
Russie, l'Algérie, ils vont être obligés de trouver une solution, dont la
stabilité des prix, alors que l'Arabie Saoudite est en position de faiblesse
par rapport à cette affaire de journaliste assassiné, et elle sera derrière les
autres pays Opep, mais elle va se soumettre aux
orientations (du président américain) Trump, qui est
le nouveau facteur qui définit les prix du pétrole à venir.» ?'Il veut que les
prix ne dépassent pas les 50 dollars, c'est clair. Les pays de l'OCDE sont
solidaires pour que le prix du pétrole ne dépasse pas les 50 dollars», affirme
M. Attar, qui pense que ?'l'Arabie Saoudite va céder aux pressions des
Etats-Unis, et pour l'Algérie, ce sera un miracle si les prix vont sa
stabiliser à 70 dollars.» ?'Peut-être qu'il va falloir augmenter la production
gazière du pays, car l'avenir c'est le gaz, la pétrochimie, et les pays de l'UE
savent parfaitement qu'il peut y avoir une sécurité de l'approvisionnement de
l'Algérie avec trois gazoducs et ses capacités de liquéfaction. On peut
garantir la sécurité de l'approvisionnement de l'Europe, on peut continuer à le
faire pendant des dizaines d'années, si on développe le gaz de schiste», relève
encore l'ex-PDG de Sonatrach, selon lequel ?'le monde
va dépendre prochainement du gaz. Il va être la principale source de l'avenir,
c'est de l'électricité, et le monde sera de plus en plus électrique.'' ?'En
2040, la majorité du parc mondial sera électrique, et on va consommer de plus
en plus d'électricité en matière d'énergie, et de sources propres, donc le gaz
est la source d'énergie du futur, et il faut augmenter et développer le gaz de
schiste'', affirme-t-il, avant de souligner qu'il faut, en matière de
tarification, ?'indexer le prix du gaz sur le pétrole. C'est une ancienne
revendication de l'Algérie.» Quant à l'offshore algérien, il a expliqué que
?'nous n'en sommes qu'à la prospection, la convention avec Total porte sur la
couverture sismique, l'étude des fonds marins, et cela coûte très cher. Un
forage coûte 100 millions de dollars, et cela fait 50 ans qu'on essaie de faire
intervenir des partenaires dans l'offshore. C'est la première fois qu'on y
arrive, c'est une bonne chose, mais cela ne veut pas dire qu'on va découvrir du
gaz, on est loin de l'offshore américain.» ?'Personne ne sait ce qu'il y a sous
l'offshore algérien», prévient-il. Par ailleurs, M. Attar a estimé que l'accord
de partenariat, signé hier lundi à Tébessa, entre les groupes Sonatrach et Asmidal-Manal, et
les groupes chinois dirigés par la Société Citic
portant sur la réalisation d'un projet intégré d'exploitation et de
transformation du phosphate et du gaz naturel ?'est une bonne nouvelle.'' Pour
lui, cet accord doté d'un financement de six milliards de dollars, ainsi que
l'acquisition par Sonatrach d'une raffinerie en
Italie ?'sont de bonnes nouvelles. C'est de la diversification en matière de
valorisation des produits, de transformer de nouveaux produits, et d'associer
le gaz naturel au phosphate.'' ?'Acquérir une raffinerie ou faire de la
pétrochimie, c'est une valorisation de la production, c'est de bon augure'',
estime M. Attar pour qui ?'ces investissements vont valoriser et générer
beaucoup de ressources, de la matière première pour exporter et améliorer les
exportations d'hydrocarbures.'' Il a expliqué d'autre part que pour assurer la
sécurité énergétique et exporter les hydrocarbures, ?'il faut aller vers
l'économie d'énergie et le renouvelable, les deux ensemble.'' ?'On a beaucoup
parlé de renouvelable, mais on ne fait pas grand-chose'', alors que ?'le
recours au schiste, c'est pour augmenter la réserve. Il y a une centaine de
puits forés par an, et Sonatrach prévoit de
développer les hydrocarbures non conventionnelles, l'Algérie a beaucoup de
ressources, qui la placent à la troisième place mondiale pour le gaz de
schiste'', indique M. Attar. Il a estimé que Sonatrach
peut développer les énergies non conventionnelles comme le schiste en
partenariat, ?'elle sait le faire'', avant de relever que ?'certes, on consomme
beaucoup, et il faut également assurer la sécurité énergétique. Il va falloir
rapidement arbitrer entre les besoins intérieurs et la rente''. Il ajoute que
?'cela ne veut pas dire que je suis pour que l'Algérie continue de dépendre de
la rente, mais c'est comme çà, les recettes
pétrolières c'est 90% de nos exportations, 60% des recettes budgétaires de
l'Etat, et le tiers du PIB de l'Algérie''. Selon M. Attar, ?'il faut arbitrer,
en baissant la consommation d'énergie, et c'est tout le monde qui est concerné,
et il y a les énergies renouvelables, on en parle. Mais, depuis 2011 on parle
de 22 000 MW, et on est toujours à 500 MW.'' Il a souligné que Sonatrach est en mesure de développer les projets d'énergie
renouvelable, car ?'elle a les moyens, les moyens humains, la réactivité et les
ressources financières pour aller vers le renouvelable, la Sonelgaz
peut le faire, mais elle a beaucoup de problèmes.''