La
grève inopinée déclenchée dimanche dernier par les mécaniciens et ingénieurs de
maintenance n'a pas eu d'incidence «jusqu'à maintenant» sur les programmes des
vols d'Air Algérie, a affirmé hier à l'APS le P-dg
d'Air Algérie, Bekhouche Allache.
Un
mouvement qualifié d'«illégal» par le premier responsable du pavillon algérien,
précisant que l'administration va notifier, dans les prochaines heures, les
autorités judiciaires de cette grève, et que seule la justice pourra statuer
dans le conflit qui oppose les deux parties. Face aux revendications des
travailleurs, il a répondu que la situation financière de la compagnie «ne
permet pas de procéder à une révision de la grille des salaires», promettant
que Air Algérie a placé cette revendication parmi ses «priorités», une fois sa
bonne santé financière rétablie. Allache explique encore qu'une approche
comparative avec d'autres compagnies aériennes a été initiée pour fixer une
grille des salaires adéquate à tous les fonctionnaires d'Air Algérie. Contacté
au téléphone par le Quotidien d'Oran, le président du Syndicat national des
techniciens de la maintenance avions (SNTMA), Ahmed Boutoumi,
a affirmé que le débrayage se poursuit toujours alors qu'aucun responsable de
la compagnie n'a daigné entrer en contact avec les grévistes. Même le minimum
syndical n'a pas été respecté lors de cet arrêt de travail, puisque n'étant pas
encadré par le syndicat, ajoute notre interlocuteur. Concernant le recours à la
justice, Boutoumi regrette l'attitude de la
direction, soulignant que c'est «malheureusement, la seule riposte de leur
employeur et que la justice leur donne toujours raison». Quant aux difficultés
financières évoquées par le P-dg d'Air Algérie pour
surseoir aux revendications des travailleurs, il répond que les mécaniciens et
ingénieurs de la maintenance ne sont pas responsables de la mauvaise gestion de
la compagnie aérienne. «C'est la faute aux gestionnaires, pas aux mécaniciens.
Il n'y a aucune politique commerciale et prétextent le manque d'argent alors qu'ils
en ont pour satisfaire les autres corporations», ajoute-t-il amèrement.
Concernant les éventuelles sanctions administratives qui peuvent tomber, il
rapporte les propos solidaires des grévistes qui affirment que si l'un d'entre
eux est licencié, c'est l'ensemble des travailleurs qui plieront bagages.
Rappelons que plus de 120 mécaniciens et ingénieurs de maintenance ont tenu un
sit-in de protestation devant la base de maintenance d'Air Algérie, sise à Dar El-Baïda, à Alger. Le président du SNTMA a expliqué que les
travailleurs ont mené cette action de leur propre chef. Un débrayage qui
rappelle celui de juillet dernier lorsque près de 150 mécaniciens et ingénieurs
de maintenance avaient manifesté pour dénoncer le climat de tension qui règne
dans la compagnie nationale aérienne. Si en juillet Boutoumi
avait intervenu auprès des protestataires pour les résonner, cette fois il
avoue que ces derniers sont fatigués de devoir attendre une réaction de la
tutelle pour satisfaire leurs revendications. «Se sentant lésés et n'ayant rien
vu venir à travers les voies légales, ils ont décidé d'outrepasser le
syndicat», explique notre interlocuteur. Quant à l'implication du SNTMA dans ce
mouvement, il tient à rappeler son caractère légaliste même si ces nombreuses
actions n'ont mené à rien. Il précise également que la situation a empiré
depuis et que les travailleurs dénoncent des licenciements et des ponctions de
salaire injustifiés ainsi qu'une pression de plus en plus grande. Les grévistes
insistent, pour le moment, sur le caractère illimité de leur débrayage jusqu'à
satisfaction de la plate-forme des revendications.