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Il ne peut
être fait reproche aux autorités algériennes leur peu d'empressement à répondre
à l'appel lancé par le monarque marocain à leur destination de l'ouverture d'un
dialogue « direct et franc » entre les deux pays. Elles ont
tout à fait raison de prendre leur temps pour le faire, ne serait-ce que pour
ne pas apparaître avoir été impressionnées par la sincérité de cet appel qui
leur a été adressé en une forme et un timing qui fleurent la manœuvre diplomatico-médiatique destinée à tenter de sortir le Maroc
du processus menant à une reprise sous l'égide onusienne des négociations entre
lui et le Front Polisario, but pour lequel l'émissaire de l'ONU pour le Sahara
occidental a convoqué la table ronde prévue à Genève pour les cinq et six
décembre prochain.
C'est peu dire en effet que le roi et le Makhzen n'ont aucune envie que cette table ronde ait lieu du moment qu'il ne leur a pas été accordé satisfaction sur le format qu'ils ont essayé de lui imposer à savoir que l'Algérie et non le Front Polisario soit considérée comme la partie prenante au conflit du Sahara occidental face au Maroc. En lançant son appel au dialogue, Mohamed VI savait que cela ne laisserait pas indifférente l'Algérie qui en a fait la doctrine concernant les litiges et différends entre les Etats et a dû penser qu'il la mettait ce faisant au pied du mur d'avoir en y répondant favorablement à lui fourni la justification du retrait marocain de la table ronde, soit de se déjuger doctrinalement en faisant la sourde oreille à sa proposition. Sur le principe d'aller au dialogue « direct et franc » avec le voisin marocain, l'Algérie est tout à fait d'accord mais non sans être précautionneuse à vouloir plus de clarification sur les contours du dialogue qu'il lui propose. En ne disant ni oui ni non à l'appel de Mohamed VI, les autorités algériennes temporisent à l'évidence pour vérifier la « sincérité » telle qu'affirmée par son auteur, laquelle sera jaugée au cours de la table ronde de Genève. S'il est réellement en disposition de discuter sans tabou des questions et différends qui font problème dans les relations algéro-marocaines, le monarque marocain a l'opportunité d'en faire la preuve au cours de la table ronde en faisant renoncer ses représentants à l'exercice consistant à soutenir que l'Algérie est seule cause de la poursuite du conflit du Sahara occidental. C'est avec le Polisario que le Maroc a signé en début des années 90 l'accord de cessez-le-feu sous l'égide onusienne prévoyant l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui. L'Algérie a béni cet accord en tout ce qu'il a disposé mais sa constance à en réclamer le plein respect est ce qui en creux guide le comportement du voisin de l'Ouest à son égard et est le fil conducteur des mesures unilatérales prises par Rabat qui ont graduellement envenimé les rapports algéro-marocains. Ce que le souverain marocain qui s'est dit « sincère » a occulté dans l'adresse faite à l'Algérie. |
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