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La
visite de Tayeb Louh, hier
à Oran, était à forte connotation électoraliste. Le thème générique «pour la
continuité» revenait en boucle, depuis l'acte inaugural dont a été l'objet le
nouveau palais de justice de la ville jusqu'à la rencontre aux relents d'un
meeting avec la société civile, tenue au Sheraton.
Le décor d'un marketing politique en faveur d'un cinquième mandat, à coups d'un cocktail d'organisations de masse de tout bord, portraits du président de la République, banderoles, pancartes et autres écrans géants, était déjà bien en place quand est arrivé, vers 11 heures, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, en provenance du nouveau siège de la Cour d'Oran, à l'USTO, où il avait eu à dévoiler la plaque inaugurale. Alors que le ministre se promenait à travers les différents espaces de l'imposant bâtiment à cinq niveaux, en s'en donnant à cœur joie d'expliquer à chaque fois que de besoin ce qui a changé dans un tel ou tel service judiciaire, tel ou tel segment d'activité, au gré du programme de la réforme du secteur de la Justice initié par le président Bouteflika, des rumeurs insistantes couraient dans le hall et le couloir des pas perdus. Des bruits qui laissaient croire que Tayeb Louh allait le faire au point suivant : annoncer la candidature de Bouteflika. Et ce, dans ce qui devait être, à en croire les mêmes ouï-dire, un remake du scénario du 22 février 2014 où Abdelmalek Sellal, alors Premier ministre, avait annoncé depuis Oran la candidature officielle de Abdellaziz Bouteflika pour la présidentielle du 17 avril de la même année. Ces sources officieuses, il est vrai, se fiaient à des éléments ambiants plutôt superficiels, subjectifs, pour prédire l'annonce par M. Louh de la candidature de Bouteflika pour l'élection présidentielle d'avril 2017, sans savoir, par excès de naïveté a priori, que ce serait une bien mauvaise idée que de confier ce rôle de porte-voix d'un candidat au premier responsable de la Justice, garant même de la transparence de l'élection. Rencontre aux relents d'un meeting de soutien à Bouteflika Néanmoins, une rencontre ministre de Justice-société civile, dans un cadre et une ambiance marqués par un mot d'ordre d'appel et de soutien à la candidature de Bouteflika pour un nouveau mandat présidentiel, est pour le moins un fait inédit. Surtout lorsqu'on y ajoute le contenu du discours prononcé par le ministre de la Justice, une intervention de 46 minutes axée, centrée, focalisée sur les réalisations du président de la République Abdellaziz Bouteflika et faisant l'éloge jusqu'à la glorification de son bilan sur les plans politique, social, culturel? réforme de la Justice comprises, s'entend. Un discours entrecoupé de salves d'acclamations et de chants fusant d'une salle archicomble et toute acquise à la même cause : la continuité, la stabilité. Et comme il fallait s'y attendre, un représentant de la société civile locale a pris le relais pour lire une motion d'appel et de soutien à la candidature de Bouteflika pour un 5ème mandat. Auparavant, le ministre de la Justice avait procédé à l'acte inaugural marquant la mise en fonction du nouveau palais de justice d'Oran, structure qui a coûté 3,5 milliards de DA sans compter une cagnotte de 500 millions de DA pour son équipement. Après un exposé succinct de la fiche technique de ce grand équipement judiciaire, assorti d'un tableau synoptique sur le bilan des activités de cette juridiction, M. Louh s'est enquis des nouvelles conditions de travail judiciaire et de services publics mis en place au profit des justiciables et des citoyens, tout en faisant un saut au bureau du bâtonnat où il a eu une petite discussion avec les avocats. Là, il a surtout reproché aux organisations de droits de l'Homme de « parler toujours de manière négative sur l'Algérie et de ne jamais rien dire quand il s'agit d'améliorations, de points positifs, quand bien même ils sont évidents ». Amendes : tir corrigé pour recouvrer un déficit de 7.600 Milliards Profitant d'un petit point de situation qui lui a été présenté par un chef de service sur le recouvrement des amendes judiciaires, le ministre de la Justice a reconnu que le gouvernement ne prêtait pas soin comme il se devait à cet important dossier, tout en relativisant ainsi la responsabilité du secteur de la Justice. Révélant un manque à gagner de 7.600 milliards (déficit enregistré au Trésor public résultant de la non-perception des amendes découlant de décisions judiciaires), Tayeb Louh a souligné que « c'est grâce aux instructions de son excellence le président de la République que le tir a été rectifié, à la faveur de l'amendement opéré en 2016 en vertu duquel la mission de recouvrement des amendes judiciaires est passée de la Finance à la Justice, suite à quoi des facilitations dans les modalités de paiement ont été introduites pour débureaucratiser le système. Il faut savoir dans ce registre que la mission était confiée auparavant aux services des impôts, mais l'opération traînait beaucoup en raison notamment du manque d'effectifs, mais surtout à cause de la bureaucratie. Les services des impôts adressaient des convocations aux justiciables, qui étaient rares à répondre favorablement. Actuellement, cette mission est confiée aux cours et aux tribunaux. |
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