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Salon international du livre d'Alger: Plus d'une cinquantaine d'ouvrages religieux interdits

par Yazid Alilat

La 23ème édition du Salon du livre d'Alger (Sila) avec comme invitée d'honneur la Chine, devrait drainer deux millions de visiteurs, a annoncé hier lundi à la radio nationale le commissaire adjoint du Salon, M. Mohamed Iguerb, selon lequel 56 titres religieux faisant l'apologie du terrorisme ont été interdits.

Inauguré officiellement hier, le Sila, qui ouvre ses portes ce mardi aux visiteurs, prévoit une forte participation des éditeurs algériens. Plus exactement, cette édition va regrouper, selon M. Iguerb, 1018 exposants de 47 pays, dont les éditeurs et instituts culturels de Tunisie, du Maroc, de l'Egypte, de la Syrie, ou de France, d'Italie, des Etats-Unis et de Cuba. Mais, pour cette édition, la Chine sera un invité d'honneur de marque, selon le commissaire adjoint du Salon, qui a rappelé les relations denses et historiques entre Pékin et Alger, d'autant que, a-t-il ajouté, «la Chine a été un soutien important à la guerre de libération». Les organisateurs annoncent ainsi que la Chine va prendre part au Sila avec plus de 10.000 ouvrages majoritairement traduits vers l'arabe et le français et dédiés à la culture chinoise traditionnelle, à l'apprentissage de la langue chinoise ou encore aux sciences et technologies.

En outre, plus de 40 maisons d'édition et six auteurs, dont le romancier Mo Yan, lauréat du prix Nobel de littérature, devraient animer des rencontres avec le public au stand de la Chine où seront exposés pas moins de 2.500 titres en mandarin (langue officielle de Chine).

Sur le Salon en lui-même et son organisation, le commissaire adjoint a indiqué que le budget alloué par les pouvoirs publics à cette édition est moins important que les précédent, soit «seulement» 60 millions de dinars. Il a également répondu à certains exposants qui se sont plaints de la hausse des tarifs de location des stands, que celle-ci n'a été que de 1000 DA, soit 6000 DA/m2, et cela «ne relève pas du Salon, mais de la Safex», qui loue les stands, a expliqué M. Iguerb. Il a ainsi déploré que «les sponsors ne se bousculent pas pour sponsoriser la lecture, même s'il y a certains qui sont là et qui vont nous accompagner». Il a également rappelé que «l'édition est un business» et que «face à la baisse des importations du livre, l'édition nationale tente de compenser le manque, avec des prix attractifs». En outre, il a relevé que les éditeurs «font très peu de choses pour promouvoir le livre, à travers les médias, les rencontres professionnelles, et il manque des critiques littéraires pour la promotion du livre et la lecture» en Algérie.

Par ailleurs, le commissaire adjoint du Sila a affirmé qu'il y a «250 éditeurs qui disent souffrir de la bureaucratie. L'édition se débat encore dans des difficultés, et ce n'est pas seulement l'affaire du ministère de la Culture, c'est aussi l'affaire des autres départements ministériels, comme le Commerce, les Finances, l'Education...» M. Iguerb relève en particulier les taxes très élevées qui bloquent le développement de l'édition en Algérie. La TVA sur le livre est de 20%, a-t-il indiqué, ce qui «n'est pas de nature à encourager l'édition en Algérie, en dépit de la qualité du livre algérien, qui a besoin de mesures incitatives pour l'exportation», souligne-t-il avant de relever qu'«il faudrait limiter les taxes sur le livre édité en Algérie ». La taxe sur la valeur ajoutée sur le livre, qui avait été supprimée en 2010, a été réintroduite par la loi de finances 2017, et donc «la profession gagnerait à s'organiser», estime M. Iguerb.

Pour cette 23e édition du Sila, il y a seulement 56 livres à caractère religieux qui ont été interdits. «Il y a eu des réserves émises sur certains titres, dont des titres religieux, qui font l'apologie du fondamentalisme, du terrorisme», a expliqué le commissaire adjoint du Salon en se défendant contre toute accusation de censure. «Cela est également observé dans les autres salons du livre de par le monde. Ce n'est pas le propre de l'Algérie, cela se fait partout. Ce n'est pas de la censure, il n'y a jamais eu d'interdiction de livres ou de titres au Salon d'Alger, seulement des réserves sur des titres». «La commission est autonome par rapport au commissariat du Sila, et regroupe des connaisseurs et des spécialistes», a-t-il expliqué. « Ils le font en toute objectivité et en toute impartialité». «Les réserves qu'il y a eu ont été faites sur des titres religieux qui faisaient l'apologie du crime», a-t-il précisé.