Les médicaments innovants, notamment
pour l'oncologie, sont trop chers et ne sont ?'que des produits pharmaceutiques
nouveaux''. C'est ce qu'a affirmé, hier mercredi, le Dr Farid Benhamdine, président de la Société algérienne de
pharmacie, à propos des nouvelles molécules dites ?'médicaments innovants'',
car très efficaces dans certains traitements, notamment en oncologie où les
résultats sont très prometteurs. Mais dans le cas de l'Algérie, ces produits
innovants sont pour le moment trop chers, explique le Dr Benhamdine
à la Radio nationale. ?'Certes, certains traitements classiques en oncologie
sont dépassés par le temps, mais les produits innovants sont souvent trompeurs,
car il s'agit de produits nouveaux et qui ne présentent aucune garantie sur le
traitement'', affirme le président de la Société algérienne de pharmacie. ?'Les
produits innovants ne sont que des produits nouveaux seulement. Oui à
l'innovation, mais ce que nous contestons, c'est le prix de l'innovation qui
est très cher, parce qu'on valide des molécules qu'on dit nouvelles avec une
thérapie extraordinaire'', souligne-t-il. ?'On gagne six mois, trois mois, au
moins un an ou deux ans, mais c'est le prix qu'il faut revoir'', relève le Dr Benhamdine à propos de ces médicaments innovants. En fait,
?'ce prix est évalué par rapport aux dispositions à payer pour une année de
survie par rapport aux produits anciens'', explique-t-il, avant de souligner
que ?'les produits innovants ne sont qu'un complément à la thérapie
anticancéreuse. Ils coûtent très cher, donc, occupons-nous de la thérapie, du
dépistage et ensuite arrivent en complément les produits innovants''. Pour lui,
?'c'est normal d'avoir des médicaments innovants, mais l'Algérie ne peut payer
que ce qu'elle peut payer''. En France, un médicament innovant d'un laboratoire
américain, pour un traitement de trois mois contre l'hépatite C, revient pour
un seul patient à 41.000 euros. Une hausse des prix qui a amené le Conseil
économique, social et environnemental (CESE) à faire des propositions pour
réguler le prix des médicaments innovants en France. Selon le CESE,
?'l'augmentation des prix des médicaments innovants conduit à une hausse
prévisible des dépenses de santé, remet en cause leur soutenabilité et soulève
le risque de sélection des malades'', estimant que ?'les prix demandés par les
industriels sur certains produits sont trop élevés''. Le Dr Benhamdine
relève en fait que les groupes pharmaceutiques, dans le cas des médicaments
innovants, fixent eux-mêmes les prix de ces médicaments. Pour autant, il
rappelle que dans le traitement en oncologie notamment, ''il y a les biosimilaires, entrés sur le marché il y a une année, et
ils ont l'avantage de coûter 30% moins cher, ils sont plus surveillés que les
produits d'origine''. En plus, il a annoncé qu'il y aura deux nouveaux médicaments
biosimilaires qui vont être produits localement''.
?'Les produits innovants dont on parle sont des produits issus de
l'immunothérapie dans le traitement du cancer, mais ces molécules coûtent très
cher'', insiste le Dr Benhamdine, selon lequel ?'on
doit pendant ce temps apprendre à rationaliser les traitements et améliorer la
production algérienne de médicaments, car on peut faire mieux avec nos 80
unités de production''. Dès lors, ?'il faut aller vers des partenariats avec
des groupes étrangers, se regrouper, se rattacher à des multinationales, il ne
faut pas fermer les portes au partenariat. Il faut apprendre à produire chez
nous les médicaments et rationaliser nos médicaments'', préconise-t-il. En
fait, ?'les plus grands oncologues dans le monde ont signé une pétition pour
faire baisser les prix des produits innovants, dont les prix sont fixés
arbitrairement par les grands producteurs, et ça n'a absolument rien fait''.
?'Le seul moyen contre les produits innovants, ce sont les biosimilaires
qui arrivent sur le marché, une sorte de génériques qui coûtent moins cher, et
c'est le seul moyen d'accéder à cette innovation'', estime encore le Dr Benhamdine. La semaine dernière, le chef de cabinet du
ministre de la Santé, le Pr. Gharnaout, s'était réuni
avec des oncologues de l'est, de l'ouest et du centre du pays pour identifier
et fixer les centres hospitaliers devant recevoir des médicaments innovants
dans le cadre du traitement du cancer. Actuellement, la direction de la
pharmacie au ministère de la Santé a identifié les molécules d'innovation d'une
vingtaine de médicaments pour l'immunothérapie dans le traitement de certains
types de cancers, et qui attendent le feu vert pour être prescrits dans les
hôpitaux de référence des trois régions du pays.