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Fonctionnaires et agents publics: Ouyahia revient sur le niqab

par Moncef Wafi

Après la ministre de l'Education nationale, c'est au tour du Premier ministre de se prononcer sur le port du niqab ou le voile intégral en milieu professionnel.

Une instruction de Ouyahia adressée, jeudi dernier, aux walis où il explique que ses services ont été les destinataires de précisions concernant les obligations des fonctionnaires et agents publics en matière de tenue vestimentaire, notamment le port du niqab. Dans cette instruction, M. Ouyahia a expliqué, sans l'interdire ouvertement, la note ministérielle est pourtant claire, s'appuyant sur l'ordonnance 06-03 du 15 juillet 2006 du statut général de la fonction publique. L'instruction du Premier ministre indique que «les fonctionnaires et agents publics doivent, outre les obligations professionnelles auxquelles ils sont soumis, observer les règles et exigences de sécurité et de communication au sein de leur service, qui imposent leur identification physique systématique et permanente notamment sur le lieu de leur travail». Un rappel qui oblige les fonctionnaires à ne plus porter le voile intégral qui cache leur visage et leur identité et à «s'abstenir de tout acte ou comportement de quelque nature que ce soit, y compris au plan vestimentaire, incompatible avec la nature de leurs fonctions». En septembre dernier, et lors de sa visite à Mascara, à l'occasion de la rentrée scolaire, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, avait annoncé que le port du voile intégral à l'école est désormais interdit pour les enseignantes. «Il faut que l'identité du fonctionnaire soit bien établie. Nous ne pouvons pas aller dans un enseignement où l'élève ne puisse pas voir le visage de son enseignante», a-t-elle notamment indiqué, demandant aux autres de «porter des vêtements corrects». Des déclarations qui ne sont pas restées sans réactions puisque les réseaux sociaux se sont fait l'écho de vives protestations d'enseignantes portant le niqab qui ont crié au scandale, considérant les déclarations de la ministre comme une atteinte à leur droit. Dans des vidéos circulant sur le net, elles dénoncent ce qu'elles appellent «des mesures allant contre le prophète et le Coran», menaçant même pour certaines de quitter l'enseignement s'il le fallait. Ce n'est pas la première fois que Benghabrit s'est attaquée à ce dossier puisqu'en 2017, son département devait proposer un projet de loi devant fixer les règles générales du fonctionnement des établissements scolaires. «Les élèves doivent porter des habits propres et décents, et doivent porter des tabliers qui répondent aux spécifications requises », indique l'article 46 de ce projet de loi. «Les habits des élèves ne doivent en aucun cas empêcher de les identifier ni leur permettre de cacher des outils pouvant aider à la fraude lors des tests et examens», lit-on dans le même article. L'article 71 du même projet de loi stipule également que «l'employé doit avoir un comportement exemplaire et une apparence décente, notamment en termes de tenue qui doit correspondre au cadre professionnel. Tout habit pouvant empêcher l'identification de l'employé est interdit». Officiellement, le ministère de l'Éducation nationale justifie donc sa décision par la lutte contre la tricherie lors d'examens scolaires.