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Il y a
désormais réuni un tel faisceau de présomptions quant à l'implication de Ryad
dans l'assassinat à Istanbul du journaliste saoudien Jamal Khashoggi
que même les Etats soucieux de ménager par intérêt ses autorités sur lesquelles
pèse le soupçon d'avoir été les commanditaires ne s'aventurent plus à contester
leur solidité en les qualifiant de spéculations sans fondement étayé de preuves
irréfutables. Cela d'autant que les autorités saoudiennes qui clament leur
innocence n'ont rien fait pour créditer celle-ci auprès d'eux, ne serait-ce
qu'en autorisant la fouille de leur consulat général, lieu présumé du crime,
comme cela leur a été demandé par le gouvernement turc. Certes, Ryad a promis
son autorisation à la requête d'Ankara mais en a si retardé l'exécution qu'il
est devenu clair pour tous que l'atermoiement saoudien en l'occurrence n'a eu
d'autres raisons que celle de donner le temps au personnel du consulat général
d'effacer ou détruire toutes traces susceptibles de confirmer la thèse de
l'assassinat du journaliste dans l'enceinte de l'établissement consulaire.
Face aux présomptions qui se sont accumulées et les accablent, les autorités de la monarchie wahhabite brandissent la menace de représailles qu'elles exerceront contre quiconque s'aviserait de les prendre en compte pour décréter des sanctions contre le royaume et ses gouvernants. Elles agitent d'autant plus cette menace que Donald Trump leur paraît y être sensible et disposé à en prendre prétexte pour ne pas envenimer les relations américano-saoudiennes, tout en usant de l'influence de son pays auprès des Etats amis pour les dissuader de mettre à l'index de façon contraignante la monarchie saoudienne. Sauf que le fantasque président américain doit faire désormais avec un pavé que vient de jeter un média britannique tout ce qu'il y a de sérieux dans le paysage médiatique occidental, le « Daily Mirror » en l'occurrence, en accusant son gendre Jared Kushner d'avoir été indirectement complice dans l'assassinat de Jamal Khashoggi. Cela en fournissant au prince héritier Mohamed Ben Salman sur qui pèse le lourd soupçon d'être l'ordonnateur de la liquidation du journaliste la liste établie par les renseignements américains des potentiels adversaires dans le royaume qu'il se doit de neutraliser pour asseoir le pouvoir absolu qu'il veut exercer et dans laquelle il y aurait eu le nom de ce journaliste. Si l'accusation formulée par ce média trouve confirmation, elle mettrait alors le président américain et son gendre sous celle d'avoir eu une complicité avec l'homme fort de Ryad qui a lui donné l'assurance qu'il lui est possible dans son entreprise de s'en prendre à ses opposants pour les faire taire quitte à les faire supprimer comme tend à le prouver l'énigmatique disparition de Jamal Khashoggi. Ce n'est certainement pas par un simple « tweet » que Donald Trump pourrait contrecarrer l'effet désastreux pour la Maison Blanche que va produire la révélation publiée par le média britannique dans l'opinion américaine déjà remontée par la tiédeur qu'il met à s'en prendre à la monarchie wahhabite sur la question des droits de l'homme. Elle va probablement le contraindre à durcir le ton avec le monarque saoudien pour qu'il ne se contente pas de proclamer l'innocence saoudienne dans l'assassinat du journaliste Khashoggi que tout dément dans le déroulé qui a mené à sa disparition, mais à en faire la preuve ou à sanctionner sans ambiguïté celui ou ceux que l'opinion internationale unanime désigne comme ayant participé au crime parmi lesquels son fils et héritier Mohamed. |
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