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La
France a vite fait de réagir à l'intérêt porté par l'Algérie au blé russe. L'information
donnée, fin septembre, par l'agence Tass a de quoi inquiéter les Français qui
voient leur premier marché mondial concurrencé. L'Algérie est intéressée par le
blé russe, rapportait l'agence russe, se référant à Rosselkhoznadzor,
l'organe de surveillance auprès du ministère russe de l'Agriculture. «L'Algérie
est extrêmement intéressée par l'importation de blé russe et envisage cette
possibilité après avoir analysé les informations reçues lors de l'inspection.
La décision de la partie algérienne sera également basée sur les résultats de
l'inspection du lot de blé d'essai qui sera envoyé à l'Algérie dans un avenir
proche», a indiqué la même source. Ainsi, la France enverra une délégation en
Algérie au début de l'année prochaine pour discuter des ventes de céréales, a
déclaré, hier, un responsable du cabinet du ministre du Commerce aux
exportateurs français de blé, préoccupés par le lobbying exercé par la Russie
pour pénétrer sur leur plus grand marché, rapporte l'agence Reuters. En effet,
les producteurs français de blé craignent que leur position dominante sur le
marché algérien ne soit remise en cause, la Russie cherchant à avoir accès aux
offres d'importation du pays d'Afrique du Nord. Et devant leurs préoccupations,
le ministre français du Commerce, Jean-Baptiste Lemoyne, a demandé à l'agence
de promotion des exportations, Business France, de préparer une visite pour le
premier semestre 2019.
Les exportateurs français de céréales veulent défendre leur premier client mondial face à l'offensive russe pour pénétrer sur le marché algérien et demandent, pour cela, l'appui de Paris. L'Algérie, rappelons-le, est le deuxième plus gros importateur de blé au monde après l'Egypte, avec une moyenne de plus de 7 millions de tonnes. Et même si la France représente toujours son premier fournisseur (environ 80% des exportations de blé tendre hors de l'Union européenne), l'Algérie tend à diversifier ses fournisseurs depuis quelque temps. En chiffres, la France reste toujours le premier pays exportateur de blé en direction de l'Algérie (990.2 millions de dollars) en 2016, suivie du Canada (354,5 millions) et de l'Allemagne (254 millions de dollars). Ces cinq dernières années ont vu certains pays fournisseurs de l'Algérie enregistrer de très fortes progressions de vente de blé, à l'image de l'Allemagne (+2 591%), l'Ukraine (+ 2 233%), du Canada (+ 1 193%) et de l'Estonie (+1 123%). En revanche, deux pays ont connu une baisse de la valeur de leurs approvisionnements en blé des importateurs algériens, à savoir la France (-53,6%) et le Royaume-Uni (-32,7%). Quant au blé russe, qui commence à intéresser particulièrement les pays africains, grignotant de plus en plus le marché traditionnel des Français, ce n'est qu'en 2017 que les premières livraisons pour l'Algérie ont commencé, avec un montant de plus de 5 millions de dollars. Les Russes, dont la production pour la saison 2017-2018 a été révisée à la hausse par le ministère américain de l'Agriculture (USDA), qui, dans un rapport de conjoncture daté de janvier dernier, tablait sur un nouveau record mondial de volume d'épis, avec 85 millions de tonnes, ont saisi l'occasion de la mauvaise récolte de blé français, en 2016, pour mieux pénétrer le marché africain et maghrébin. L'Algérie qui a pâti de cette mauvaise passe du blé français, s'est tournée vers d'autres sources d'approvisionnement. La Russie et l'Ukraine en tête, mais aussi le Canada ou encore les Etats-Unis et même l'Argentine qui est redevenue un fournisseur de l'Algérie après trois ans d'absence. En décembre 2016, 30.000 tonnes de blé sont parties du port de San Lorenzo en direction de l'Algérie. Le Mexique fait aussi partie des fournisseurs de l'Algérie, lui acheminant environ 50% de sa production de blé en 2015. |
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