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Plan anti-cancer: « Beaucoup reste à faire»

par Moncef Wafi

Le Plan anti-cancer n'a pas atteint ses objectifs, a déclaré, jeudi dernier, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. A l'occasion de la célébration du mois international «Octobre rose» pour la lutte contre le cancer du sein, Mokhtar Hasbellaoui a affirmé qu'il restait encore beaucoup à faire, pour atteindre les objectifs tracés dans le cadre du Plan anti-cancer 2015-2019 décidé par le chef de l'Etat, malgré l'amélioration des conditions pour les citoyens pour bénéficier d'un traitement du cancer.          

Appelant tous les secteurs concernés et les différents acteurs à « doubler d'effort et à poursuivre l'opération de coordination et de concertation concernant tous les axes stratégiques », inclus dans ce plan, il a rappelé les acquis enregistrés, notamment « l'amélioration des offres de traitement en matière de chimiothérapie et de radiothérapie ». Il évoquera, à ce titre, la création de « 41 services et 77 unités de chimiothérapie, à travers les différentes régions du pays, outre la mise en service de 37 accélérateurs dont 10 dans le secteur privé, en attendant la réception de 12 nouveaux autres accélérateurs, avant la fin de l'année en cours ». Il a, également, annoncé la réception, avant fin 2018, de 4 Centres anti-cancer (CAC) « d' El Oued, Bechar, Adrar et Tizi-Ouzou», soit au total, 17 centres publics de lutte contre le cancer, répartis à travers le territoire national.

Pourtant, et selon le témoignage d'un professeur, dans la presse nationale, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, le gouvernement s'est attelé à mettre en place une politique d'occupation de l'espace géographique en pensant, à tort ou à raison, que la construction des CAC allait régler la situation. En théorie, l'objectif premier de ces centres étant de « généraliser la radiothérapie » et d'éviter aux patients « de se déplacer vers les grands centres du pays », mais en l'état actuel des choses, ces CAC ne sont, en définitif, que des structures budgétivores en l'absence de spécialistes et surtout de moyens. « Ce ne sont que des centres de radiothérapie, car un véritable centre anti-cancer englobe tous les traitements connus contre le cancer, comme la chimiothérapie et la mise en place des protocoles internationaux avec l'évolution des traitements », expliquait-il.  Ce dernier estime que ces CAC sont une réponse politique à un besoin sanitaire et social et s'interroge sur leur fonctionnalité, dans le temps, surtout dans les régions éloignées, alors qu'à Alger même, on éprouve des difficultés dans leur approvisionnement en drogues pour la chimiothérapie.

La question de la prise en charge des malades traités, non sans risques, est aussi posée en présence d'un nombre très réduit de chambres stériles obligatoires en chimiothérapie. Concernant les médicaments pour cancéreux, le ministre a salué les efforts déployés par l'Etat pour garantir leur disponibilité, indiquant que « les dépenses consacrées aux médicaments destinés au traitement du cancer représentent 60 % du total du chiffre d'affaires enregistré par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) ». Pourtant, des bruits autour de pénurie de médicaments pour cancéreux reviennent cycliquement et sont immédiatement démentis par les services concernés. En janvier dernier, le directeur général de la Pharmacie, au ministère de la Santé, Hamou Hafed, affirmait que « la question liée aux médicaments de traitement du cancer est prise en charge très, sérieusement et de manière régulière», soutenant que les sept traitements du cancer étaient disponibles. L'Association ?Amal' d'aide aux malades cancéreux avait lancé, récemment, un « cri d'alarme », pointant la pénurie des médicaments anticancéreux dans les hôpitaux et les officines. Hamou Hafed insistant sur l'existence de ces médicaments à la PCH, expliquant que s'il y a des tensions, c'est en raison de « problèmes de gestion » de cet organisme. Quant à la prévention, Hasbellaoui a fait état de la mise en place d'un plan soutenu par des mécanismes juridiques et organisationnels de lutte contre les facteurs de risque, tels que le tabagisme, l'alcoolisme et la toxicomanie, outre la sensibilisation sur une bonne hygiène de vie.

Pour ce qui est de l'amélioration et du renforcement du système d'information sanitaire, le ministre a rappelé que son département avait instauré des fichiers pour le cancer qui seront raccordés à un réseau national. Selon les spécialistes, le pronostic de sept cancers, dont ceux du poumon, col de l'utérus, sein, prostate et vessie, représentant 70% de cette maladie, peut être amélioré par la prévention, le dépistage et la détection précoce. Par ailleurs, le ministre de la Santé a appelé les Associations nationales de lutte contre le cancer, à la nécessité de créer une Fédération des Associations arabes de lutte contre le cancer. Pour rappel, 42.720 nouveaux cas de cancer ont été répertoriés en 2015, en Algérie, et 61 000 sont attendus en 2025.