Une
manifestation de protestation contre les mauvaises conditions de prise en
charge hospitalière, et les mauvaises prestations sanitaires dans la ville
d'Ouargla a été organisée jeudi. Plusieurs dizaines de personnes ont participé
à cette manifestation de protestation pacifique, devant le siège de la
direction de wilaya de la Santé, demandant notamment ?'une meilleure qualité»
des prestations médicales en particulier, et au sein des structures
hospitalières en général. Les manifestants ont ensuite sillonné plusieurs
artères de la ville, avant de se rassembler à la place de la Rose de sable,
près de «Souk Lahdjar». Selon des manifestants, cette
marche a été organisée pour attirer l'attention des pouvoirs publics sur «la
nécessité d'améliorer les conditions de prise en charge médicale, ainsi que la
levée du gel sur la construction du Centre hospitalo-universitaire (CHU)»
projeté au chef-lieu de wilaya. Les manifestants se sont ensuite dispersés en
début d'après-midi, dans le calme, et sans qu'il y ait d'intervention des
forces de sécurité. Cette manifestation de protestation intervient quelques
jours après le décès d'une enseignante par envenimation scorpionnique,
car elle est restée durant dix jours en réanimation et sans traitement à
l'établissement public hospitalier (EPH) Mohamed Boudiaf où elle avait été
transférée en urgence. Une commission d'enquête ministérielle a été dépêchée à
Ouargla pour élucider les circonstances de ce décès, qui avait provoqué un
vaste mouvement de colère au sein de la population locale, qui avait pointé du
doigt le manque de vaccin antiscorpionnique dans une
région où les piqures de scorpions sont fréquentes. Selon le directeur de
wilaya de la Santé par intérim Djamel Mâameri, la
commission d'enquête ministérielle est toujours sur place et poursuit son
travail pour déterminer les causes du décès d'Aïcha Aouisset.
Mercredi dernier, le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) avait
également dénoncé les conditions troubles dans lesquelles est morte la jeune
enseignante, qualifiant les propos du ministre sur ce décès ?'d'irresponsables
et choquants». Le CNES s'était élevé contre les propos
?'irresponsables du ministre'', et l'a accusé de n'avoir pas ordonné ?'une
enquête interne sur l'absence de spécialistes en cardiologie et en neurologie
au sein du CHU d'Ouargla'', ainsi que ?'sur les raisons qui ont fait que la
patiente soit laissée durant dix jours en salle de réanimation, sur
l'indisponibilité de vaccin antiscorpionnique dans
une région connue pour la présence de tels insectes, et sur les raisons qui ont
fait qu'elle n'ait pas été transférée vers l'hôpital militaire de la ville ou
tout autre établissement hospitalier, qui puisse lui assurer une prise en
charge, absente de l'hôpital d'Ouargla''. ?'En dépit de tout cela, le
ministre de la Santé a fait une déclaration, le moins que l'on puisse dire est
qu'elle est irresponsable. En effet, mardi dernier, Mokhtar Hasbellaoui
avait lors d'une conférence de presse indiqué que ?'la patiente a été prise en
charge dans les temps'', et que l'hôpital d'Ouargla est ?'un CHU doté des
moyens humains et techniques nécessaires». En réalité, la défunte avait été
transférée dans un EHP, qui ne dispose pas d'un grand plateau technique, une
situation que les manifestants ont dénoncée jeudi à Ouargla. Dans sa conférence
de presse de mardi, le ministre avait déclaré, sur le cas du décès d'Aïcha Aouissat, que ?'le monde animal est un monde qui est
gentil'', ajoutant que ?'l'animal ne fait pas de mal à l'homme, l'animal fait
du mal à l'homme quand il est menacé'', avant d'appeler pour qu'''un travail
doit être fait pour étudier le comportement des scorpions, parce que comprendre
le comportement de l'animal va nous permettre de prévenir un certain nombre
d'accidents.'' Le CNES a appelé ses membres à se préparer pour une journée
nationale de protestation après le décès d'Aïcha Aouissat
et les déclarations ?'choquantes» du ministre de la Santé. Pour sa famille, il
s'agit d'une ?'négligence médicale». Selon le témoignage de son frère, la
défunte est tombée dans le coma durant 10 jours, expliquant que l'hôpital a
déclaré, dans un premier temps, l'absence d'un spécialiste en cardiologie.
Mais, après la détérioration de l'état de santé de la victime, un problème au
niveau des nerfs a été détecté. Il n'a pas exclu de déposer une plainte contre
l'hôpital d'Ouargla.