La
banque d'Algérie a rappelé dans sa situation mensuelle des mois de mai et juin derniers,
publiée au J.O N°49 du 8 août 2018, qu'elle n'a plus eu recours à la planche à
billets depuis janvier dernier, avec un montant global de 3.585 milliards (mds)
de dinars pour permettre à l'économie nationale de fonctionner. L'émission de ces titres a été réalisée dans le cadre de l'article
45 bis de la loi relative à la monnaie et au crédit de 2003 modifiée et
complétée en octobre 2017, selon lequel «la Banque Algérie procède, à titre
exceptionnel et durant une période de cinq années, à l'achat directement auprès
du Trésor, de titres émis par celui-ci, à l'effet de participer notamment à la
couverture des besoins de financement du Trésor, au financement de la dette
publique interne et au financement du Fonds National d'Investissement (FNI).»
En outre,
l'article 45 bis note que «ce dispositif est mis en œuvre pour accompagner la
réalisation d'un programme de réformes structurelles économiques et budgétaires
devant aboutir, au plus tard, à l'issue de la période susvisée notamment au
rétablissement des équilibres de la trésorerie de l'Etat et de l'équilibre de
la balance des paiements». Dans une note de son gouverneur Mohamed Loukal en juin dernier, la Banque d'Algérie avait expliqué
que dans le cadre du financement non conventionnel, elle a émis en deux
tranches entre les mois d'octobre 2017 et janvier 2018 un montant de 3.585
milliards de dinars. La première tranche, émise fin octobre début novembre 2017
a été de 2.185 mds de DA, et la seconde, émise en janvier dernier, a été de
1.400 mds de DA, soit un total de 3.585 mds de dinars. Ce financement, selon la
Banque d'Algérie, a été rendu possible par un amendement de la loi relative à
la monnaie et au crédit, pour financer directement le déficit budgétaire et le
refinancement de dettes publiques, ainsi que le Fonds National d'Investissement
(FNI). Devant l'assèchement des liquidités bancaires consécutivement à la
baisse drastique des recettes pétrolières entre 2015 et 2016, le Comité des
opérations de politique monétaire (COPM) de la Banque d'Algérie avait décidé en
août 2017 de ramener le taux de la réserve obligatoire de 8% à 4% (après une
baisse, en mai 2016, de 12% à 8%), pour «libérer une liquidité additionnelle
sur le marché estimée à 350 milliards de DA'', explique la même source. La
situation financière du pays était alors problématique. Ainsi, selon la note de
la Banque d'Algérie de juin dernier sur la situation des finances du pays, à
fin octobre 2017, les liquidités bancaires étaient de seulement 482 milliards
de DA, et que celles du Trésor domiciliées auprès de la Banque d'Algérie ne
totalisaient que seulement 51 mds de dinars. Or, les besoins du Trésor en
financement atteignent les 13,2 milliards d'euros en 2018, et ils étaient
estimés en 2017 à 570 milliards de dinars, soit environ 4,1 milliards d'euros.
Autant dire que le bilan n'était guère optimiste. C'est dans ces circonstances
que le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait annoncé
en août 2017, lorsqu'il a été rappelé au gouvernement en remplacement
d'Abdelmadjid Tebboune, qu'au mois de septembre
dernier, «l'Etat était dans une situation qui n'allait pas lui permettre de
payer les fonctionnaires», précisant qu'à la même période de l'année, le Trésor
public disposait de 50 milliards de DA, alors qu'il lui fallait 150 milliards
de DA au moins. Il avait dit à ce moment-là devant le Parlement que ?'cette
situation aurait pu nous amener à un arrêt total de l'économie nationale dans
la mesure où c'était la sécheresse au niveau des banques.'' Mais, le recours au
financement non conventionnel, décidé par le président Bouteflika, qui ne
voulait pas d'endettement externe, n'a pas été applaudi ni par le FMI, ni par
les partis d'opposition. Le Fonds Monétaire International avait estimé que
l'Algérie devait saisir les opportunités qui se présentaient à elle pour
?'atteindre le double objectif de stabilisation macroéconomique et de promotion
d'une croissance durable'', alors que le financement non conventionnel risque
d'aggraver les déséquilibres, d'accentuer les tensions inflationnistes et
d'accélérer la perte de réserves de changes, ce qui créera un environnement
économique qui ne sera propice ni aux réformes, ni au développement du secteur
privé. Pour les partis d'opposition, la planche à billets conduira à une
flambée de l'inflation, à la baisse du pouvoir d'achat et à la chute du cours
du dinar algérien. Ce n'est pas l'avis du gouverneur de la banque centrale,
selon lequel le recours à la ?'planche à billets'' a eu un ?' impact immédiat
et le plus visible est la transition rapide d'un déficit de liquidité du
système bancaire, dans son ensemble, vers un excédent substantiel de
liquidité». Si M. Loukal a relevé qu'après le mois
d'août 2016, le système bancaire, dans son ensemble, «faisait face à un déficit
de liquidités'', la Banque d'Algérie ?'avait répondu en offrant des liquidités
via des opérations de refinancement», soit le recours à la planche à billets.
Et, à partir de mi-novembre 2017, «les facteurs autonomes ont généré, de
nouveau, un excédent de liquidité important qui s'est élevé à environ 1.500 milliards
de DA dans les premiers mois de 2018", explique le gouverneur de la banque
d'Algérie, qui a indiqué que le taux directeur à été
ramené à 3,5%.