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Le
gouvernement fera cette année une rentrée sociale inédite. Stressante et
préoccupante également. Il y aura bien sûr au premier rang la poursuite de
l'examen puis l'adoption de l'avant-projet de loi de finances 2019 pour le
soumettre ensuite en Conseil des ministres, la rentrée scolaire, parlementaire.
Avec une invitée, inattendue, révoltante, au vu de l'infrastructure sanitaire
et des moyens existants, l'épidémie de choléra dont les foyers ne sont toujours
pas connus, presque un mois après l'annonce officielle. Ce sera en réalité le
défi majeur du gouvernement qui aurait fait l'économie d'une telle catastrophe
sanitaire, politique et sociale, si le secteur de la Santé et ses responsables
avaient dès le début de l'épidémie mis en place les mesures de prévention
d'urgence.
Maintenant que le mal est fait, et sans être vraiment inquiétant, il faut que les différentes institutions du gouvernement, notamment les ministères et certaines agences de Santé, mettent fin à la cacophonie actuelle en refusant de voir la réalité des choses en face. Car c'est à un bien piètre pugilat médiatique et institutionnel que se livrent à distance les secteurs concernés dans l'éradication de la maladie, confirmant cette image d'impuissance du gouvernement constatée dès la réapparition du choléra. Car arriver à ce que l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) contredise le ministère de l'Agriculture sur la «salubrité» des aliments que consomment les Algériens et que le chef du secteur sanitaire de Tipasa assure de son côté que l'eau incriminée dans la propagation de la maladie est «potable», cela donne une belle image de débandade au plus haut niveau des institutions du pays. Sur le front social, l'exécutif aura à gérer par ailleurs une rentrée scolaire qui annonce déjà un début de polémique: faut-il la retarder pour préserver la santé des enfants ou la maintenir comme l'affirme la ministre de l'Education, bloquant du coup les demandes de report des syndicats qui appréhendent une éventuelle propagation de la maladie au sein des établissements scolaires ? Pour le moment, le gouvernement appuie la position de sa ministre et reste cependant bien discret sur les mesures préventives, hormis celles annoncées par Benghabrit. Autre souci pour le gouvernement, faire passer un avant-projet de loi de finances pour 2019 indigeste et qui ne propose pas autre chose que le maintien du statuquo économique, avec la poursuite du recours à la planche à billets pour les deux prochaines années au moins, un budget de fonctionnement en hausse, alors que celui de l'équipement a été sérieusement raboté. Hormis les transferts sociaux, en hausse pour assurer la paix sociale à la prochaine élection présidentielle, cet avant-projet de loi de finances 2019, qui ne prévoit pas de hausse et de taxes sur l'eau, l'essence et l'électricité, ne sera pas celui de la relance économique. Mais celui de l'exacerbation des conflits sociaux, de la hausse de l'inflation et de la chute du niveau de vie des Algériens. Un crédo sur lequel devraient surfer les syndicats autonomes qui prévoient de revenir à la charge dès le début du mois de septembre sur leurs principales revendications : la retraite, la protection du pouvoir d'achat et les libertés syndicales. La création de la fédération nationale des syndicats autonomes, annoncée l'année dernière, devrait voir le jour dans les prochaines semaines, ce qui va imposer au gouvernement une autre démarche dans la conduite du dialogue social, lui qui ne reconnaît paradoxalement que la seule UGTA, mais beaucoup de fédérations patronales, en plus du FCE. Une bataille des «laissés-pour-compte» du syndicalisme n'est pas à écarter, sinon à prévoir pour cette rentrée sociale. |
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