S'achemine-t-on vers une
pénurie de fruits et légumes ? En tout cas les prémices d'une telle situation
commencent à apparaître chez les grosssistes et les
détaillants de Constantine. Au marché de gros des fruits et légumes (MAGROFEL)
du Polygone, les grossistes nous ont fait part hier d'une mévente totale des
produits de la terre, «plus particulièrement ceux dont la culture nécessite
beaucoup d'eau et qui sont irrigués par les eaux des oueds», nous a déclaré
Rachid, un grossiste en fruits et légumes, membre du syndicat de l'Union
générale des commerçants et artisans d'Algérie (UGCAA), en révélant le marasme
total qui vient de frapper les ventes. «Les marchands de gros qui ont vendu les
cargaisons réceptionnées dernièrement ne se risquent plus à renouveler les
stocks, et ceux qui en possèdent encore cherchent à se débarrasser à tout prix
des quantités qui leur restent à écouler et ils ne comptent plus se
réapprovisionner». «Bref, la mévente se généralise pour tous les produits et
elle s'installe dans tous les marchés des fruits et légumes», a indiqué notre
interlocuteur en pestant contre la presse qui a, selon lui, trop exagéré la
situation d'alerte dans notre région et le risque de propagation de l'épidémie
de choléra en cours dans des wilayas du centre du pays et a, de ce fait,
provoqué une psychose chez les gens. «La crise touche surtout la pastèque qui
est totalement boudée par les consommateurs. Hier, ce fruit de saison a été
vendu 18 dinars au gros, mais aujourd'hui son prix a chuté considérablement et
malheureusement même s'il est proposé à 15 dinars le kilo, il ne trouve plus
preneur», a expliqué notre interlocuteur qui a cité d'autres fruits
«consommateurs d'eau», comme la salade verte, la nectarine qui est produite
dans le centre du pays, ainsi que d'autres fruits et légumes exigeant beaucoup
d'eau pour leur développement et sont généralement arrosés à l'eau des oueds.
Cette tendance nous a été confirmée par d'autres cadres de ce syndicat qui ont
avoué constater aujourd'hui une situation rampante de pénurie dans les marchés
de gros qui va se répercuter, évidemment, sur les marchés de détail. Un état de
fait que nous avons confirmé en faisant une tournée hier dans des marchés
populaires pour constater que les étals des marchands de détails demeurent
clairsemés. «Les ventes ont baissé d'une façon drastique car le sentiment de
méfiance et le manque de confiance sont de plus en plus grandissant chez le
consommateur, qui se détourne surtout de certains fruits comme la pastèque et
le melon, ainsi que tout autre produit qu'on pourrait suspecter de faire partie
des zones irriguées aux eaux usées», indique-t-on. «C'est normal, considère un
marchand de légumes au détail, le citoyen craint pour sa santé». En tout cas, a
conclu notre interlocuteur, «la situation est très inquiétante !».