|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Il ne fait
aucun doute que la prochaine échéance électorale, sinon une très possible
candidature pour un 5ème mandat, est bien calée dans les recoins du projet de
loi de finances pour 2019. Les premières données fuitées sur le document
portant projet de loi de finances pour 2019 confirment largement que sur le
plan économique et financier le 5ème mandat est là également très visible. Selon
ces données, les transferts sociaux, un boulet économique et un gouffre
financier pour le budget de l'Etat, sont en 2019 en hausse de 0,7% par rapport
à 2018, soit 1.772,5 milliards de dinars. Rien ne saurait justifier la
poursuite d'un système de soutien des prix dans sa forme actuelle à un moment
où les équilibres budgétaires sont dangereusement menacés par une économie
faiblement productrice, des exportations de pétrole en baisse constante et,
plus grave, des importations en hausse en dépit de mesures de replâtrage qui
n'ont fait qu'aggraver le déficit commercial, qui devrait approcher les 10
milliards de dollars l'année prochaine.
En fait, le gouvernement agit à contrecourant de tous les principes qu'il défend : en ouvrant larges, très larges les portes de la compensation, le soutien des prix, les transferts sociaux, il sait qu'il ouvre une grande brèche dans les défenses immunitaires de son programme économique fait d'austérité, de retour progressif à la croissance et l'atténuation des déficits. Par les chiffres, c'est énorme : ces transferts sociaux budgétisés prévus pour 2019 sont en hausse de 8,2% du PIB et de 12,5 milliards de DA par rapport à ceux prévus pour 2018. Mais, avec la prochaine élection présidentielle, l'achat de la paix sociale est primordiale et donc il vaut mieux, pense-t-on au gouvernement, sacrifier quelques milliards de dollars de plus pour obtenir une adhésion sociale qui fera que tout se passera bien et que les objectifs électoraux ont été réalisés. Sauf que cette vision étriquée des choses est fausse et qu'elle n'est qu'une illusion de plus, car, à moins d'avoir une boule de cristal, rien ne dit que tout se passera comme prévu, côté économique et surtout politique. Certes, on peut dominer et maîtriser les choses, côté interne. Il s'agira d'une politique interne et cela peut se concevoir qu'il y ait des changements. Pour autant, à l'international, rien ne dit que des changements géopolitiques brusques, des chutes soudaines des prix du brut, des hausses des prix de matières premières, un bouleversement politique majeur, avec ce trublion de Trump qui menace la paix dans le monde, ne détruisent un trop fragile équilibre des forces, autant militaire, politique qu'économique et commercial, dans le monde. L'Algérie fait partie de ce corps fragile et, à ce titre, elle n'est pas à l'abri de séismes systémiques. Au final, ce PLF 2019 donne ainsi cette préoccupante image qu'on aura en fin de compte sacrifié l'économique pour le politique. Et, dans l'état actuel des dépenses publiques, il est à prévoir que le gouvernement va en 2019 piocher encore plus dans la caverne du financement non conventionnel pour boucher les déficits trop apparents, sinon limiter les dégâts d'une politique économique suicidaire qui ne pourra pas, fatalement, provoquer le déclic du retour progressif à la croissance. En tout cas pas pour les cinq prochaines années, à moins d'un retour urgent aux fondamentaux et, surtout, une politique économique et financière lucide, loin de toute tentation démagogique, politicienne. |
|