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Plusieurs
jours après la confirmation de cas de choléra parmi des patients admis dans les
hôpitaux de Boufarik, d'Alger, de Tipaza et de Bouira
et malgré les déclarations tardives du ministre de la Santé, la psychose semble
s'être installée durablement chez les citoyens, particulièrement ceux des
wilayas du centre. Les déclarations contradictoires et le non-respect d'une
information juste et crédible ont creusé davantage le fossé entre les Algériens
et leurs responsables, à tous les niveaux. Déjà, la cacophonie au sujet des
causes réelles de cette épidémie laisse libre cours à la rumeur, plus facile
maintenant à atteindre un très grand nombre de personnes grâce aux réseaux
sociaux. Ensuite, et ne sachant quelle source incriminer, tout est sujet à
suspicion, particulièrement les fruits et légumes qui sont souvent sujets à
polémique car de nombreuses affaires d'irrigation par les eaux usées ont été
traitées par les services de sécurité et leurs auteurs traduits devant la
justice. L'eau du robinet est beaucoup plus suspecte car sa gestion accuse
parfois un laisser-aller préjudiciable pour la santé publique. La coloration
marron quand la pluie tombe un peu drue, certaines odeurs nauséabondes qui se
dégagent en période estivale, les canalisations d'AEP tombant en ruine qui
côtoient, enjambent et se mêlent à celles de l'assainissement font que les
citoyens doutent de tout et de tous, particulièrement des déclarations des
responsables qu'ils accusent, à tort ou à raison, de taire la vérité et de leur
mentir. Actuellement, avec la panique due à l'apparition de cette épidémie de
choléra, les habitants se tournent vers l'eau minérale en bouteille, faisant la
joie des producteurs et des revendeurs dont certains n'ont pas tardé à en
augmenter les prix, se nourrissant comme des charognards des cadavres de leurs
semblables. Dans les grandes surfaces, les stocks sont épuisés très rapidement
et les gens en prennent le plus possible, contribuant à la rareté de cette eau
qui devrait, elle aussi, passer par des analyses plus sérieuses.
Par contre, et pour éviter une éventuelle contamination, les fruits et légumes connaissent une régression drastique de leur demande et les marchés sont désespérément vides de clients. Des tonnes de pastèques et de melons sont ainsi étalées au soleil sans trouver preneur, poussant les marchands à essayer de les brader à 200 DA la pièce de 12 à 15 kg, et 100 DA pour celle un peu plus petite. La tomate, même si nous ne pouvons presque pas nous en passer, connaît de sérieux revers et son prix a chuté pour atteindre entre 30 et 40 DA à travers tous les marchés. Le melon, les raisins et d'autres fruits subissent eux aussi de plein fouet cette peur de l'inconnu et du danger, présent mais invisible. Pour les légumes, ce sont surtout les poivrons, les salades et la carotte qui ne sont plus très demandés car suspectés d'avoir été irrigués avec des eaux impropres. Au niveau des marchés, nombreux sont les commerçants qui ont allongé les fêtes de l'Aïd quand ils ont vu la situation en arriver là et moins de la moitié des étals sont ouverts, ce qui pourrait causer dans quelques jours un retour de manivelle sur les prix qui ont beaucoup baissé par rapport à la normale et qui pourraient être revus en hausse de manière très importante si les commerçants ne s'approvisionnement plus en quantités suffisantes. Pour ce qui est des marchands ambulants et malgré la décision prise par certains walis de les interdire, ils demeurent toujours très actifs même si leur nombre a connu lui aussi une baisse importante. La suspicion se dirige aussi vers les limonades, les glaces et tout ce qui est liquide ou préparé avec du liquide. Tous les citoyens attendent un signe des autorités concernées pour essayer de se tranquilliser et de savoir à quoi s'en tenir mais, à ce jour, c'est le black-out total sur l'origine exacte et réelle de l'épidémie de choléra. Nous ne pouvons pas reprocher aux Algériens cette panique et cette suspicion qui touchent tous les produits même si, parfois, il existe des comportements bizarres, mais il faut comprendre leur peur d'être contaminés ou de voir les leurs contaminés. Il y a aussi le côté prévention qui est oublié bien que les moyens existent au niveau des communes et des directions du commerce de toutes les wilayas. Le contrôle de la qualité des aliments doit être mené à longueur d'année, en toute période et du matin au soir pour éviter ce genre de situations. Les services d'hygiène des communes sont dotés de véhicules et de personnels mais rares sont les contrôles effectués et plus rares encore sont les décisions de retrait du marché de produits impropres à la consommation. |
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