En
2017, 2.177 mineurs arrivés seuls sur les côtes espagnoles ont été localisés
par les services de sécurité, 270,24% de plus qu'en 2016, soit 10% du total des
arrivées. Les mineurs qui choisissent cette voie d'entrée sont majoritairement
de sexe masculin (95,01% en 2016) et proviennent principalement d'Algérie, du
Maroc et de pays subsahariens tels que la Côte d'ivoire et la Guinée. Selon
Save The Children, une ONGI qui défend les droits de
l'enfant à travers le monde dont le siège social est à Londres, les Marocains
représentent 64,8% de ces enfants, suivis loin derrière par les Algériens avec
9,6% et des Guinéens avec 4%. Ces indications chiffrées sont contenues dans un
rapport de l'ONGI sur les routes des mineurs migrants non accompagnés pour
atteindre l'Espagne. Et pour y arriver, les mineurs, qui viennent seuls,
empruntent les mêmes routes migratoires que les adultes et la durée de ces
voyages peut durer des mois, voire des années, selon la même source. Si les
routes diffèrent, il y a pourtant une destination convergente : le Maroc,
véritable porte d'accès à l'Espagne. Ainsi, les migrants qui entrent en Espagne
par la zone sud le font de trois manières : le long de la côte, en traversant
les postes-frontières de Ceuta et Melilla ou en sautant par-dessus les clôtures
de ces enclaves espagnoles. Le rapport de l'ONGI distingue plusieurs
itinéraires classiques : la route côtière de la Méditerranée occidentale qui va
de Dakar, au Sénégal, à Nouadhibo, en Mauritanie,
pour continuer à traverser la frontière d'où les enfants migrants se dirigent
vers les principales villes marocaines vers lesquelles convergent, également,
d'autres flux migratoires arrivés d'Algérie. Bien que cette route soit
principalement empruntée par des ressortissants sénégalais, elle est également
utilisée par des Nigérians ou des Ivoiriens. Le voyage transsaharien est
l'autre itinéraire. Réputé plus dangereux et plus long, il se déroule en
plusieurs étapes et peut durer entre un mois et plusieurs années. Il existe
deux routes principales : l'une qui traverse la ville d'Agadez au Niger et qui
est principalement parcourue par les migrants anglophones, qui jouissent de la
liberté de mobilité reconnue par la Communauté économique des États de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et une autre empruntée principalement par les
ressortissants des pays francophones, et traverse le Mali, à travers la ville
de Gao. Les migrants qui traversent les deux routes se croisent de nouveau à
Tamanrasset, Ghardaïa, Alger ou Oran et de ces points, ils tentent d'atteindre
Oujda au Maroc. Le rapport estime que le voyage vers Oujda depuis l'une des
deux villes de départ est estimé entre 600 et 1.000 euros pour les hommes, un
prix réduit pour les femmes et les enfants voyageant seuls. Les mineurs
syriens, quant à eux, optent pour un voyage moins dangereux. Au cours des
premières années de conflit, les réfugiés syriens ont fui en Turquie, au Liban
ou dans les États du Golfe d'où ils ont voyagé par avion en Égypte, ou
directement en Algérie pour converger vers l'Espagne. Mais depuis qu'Alger et
Le Caire ont durci le jeu, les réfugiés syriens empruntent la route du Mali et
de la Mauritanie pour entrer, clandestinement, en Algérie, les obligeant à
entreprendre la plus dangereuse traversée du désert du Sahara.
En
2017, explique Save The Children, le parcours le plus
fréquenté par les enfants voyageant seuls en Espagne partait des villes proches
de Moulay Bousselham, de Kenitra à Larache, sur la
côte ouest marocaine, pour atteindre la côte de Cadix. Cette route est plus
longue, ce qui signifie un risque plus grand en raison de l'état des embarcations
et des conditions climatiques. Jusqu'au 15 août, selon les données de
l'Organisation internationale des migrations, 311 personnes étaient mortes ou
avaient disparu sur la route de la Méditerranée occidentale.