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Professionnalisme: Le football national en mal de repères

par M. Zeggai

Clubs endettés. Non-respect des règles élémentaires de la mise en place du professionnalisme. Non-respect des cahiers des charges. Des incohérences et des entorses à la loi. Absence de la Direction nationale de contrôle de gestion des clubs (DNCG), instance censée veiller à une réelle organisation administrative et financière des clubs. Rumeurs de matches arrangés et de corruption. Des scandales à la pelle. Des dirigeants se proclamant au-dessus des lois par leurs déclarations incendiaires. Polémiques entre la LFP et les clubs. Anarchie dans la gestion des clubs pros gérés avec un esprit d'amateurisme. Des clubs protégés par des décisions venues « d'en haut ». De pseudo-recruteurs ou agents de joueurs ignorant totalement la politique sportive des clubs mais jamais leurs commissions. Des joueurs superbement rémunérés sans aucun critère de performance.

C'est la situation qui prévaut dans notre sport roi devenu un enjeu financier considérable où tous les moyens contraires à l'esprit du jeu sont utilisés. Résultat des courses: nous assistons à un championnat prétendument professionnel peu spectaculaire et loin des critères exigés de la part de joueurs officiellement performants, comme c'était le cas lors de la fameuse réforme de 1977. Ce sont là, à notre avis, les véritables raisons du déclin de notre football. Aujourd'hui, c'est pire puisque notre sport roi n'est pas encore sorti de l'auberge avec ces conflits entre les clubs et le président de la LFP, Abdelkrim Medouar, accusé par les dirigeants du RCK et de l'USMH pour une question de non-qualification de leurs nouvelles recrues et l'ASAM pour la non-homologation de son stade Demène Debbih. Au fait, depuis quand les clubs sont-ils responsables des extensions des infrastructures sportives ?

Le CRB, l'USMB, l'USMH et le RCK, le couteau sous la gorge

Là, il y a beaucoup de choses à dire à propos de ce mythique club du légendaire Hacene Lalmas. Ceux qui sont derrière cette mascarade du Chabab Belouizdad n'ont respecté ni l'histoire, ni les valeurs du CRB, ni encore plus Mohamed Belouizdad. Le silence du CSA en tant qu'actionnaire majoritaire et de l'Etat prête le flanc à toutes les spéculations. Avec le CRB, on peut citer l'USM Blida des Smain Khabatou, Maâzouzi, également dans le pétrin. Par la faute de certains inconscients, le club de la « Ville des Roses » est en train de vivre ses moments les plus durs depuis son existence. C'est dommage pour une équipe disposant de véritables infrastructures et d'un public comme celui de Blida. A El-Harrach, l'USMH paye cash la guerre des clans de tous ceux qui se sont succédé à la tête de l'équipe. Pourtant, le club harrachi ne manque ni de moyens humains, ni de potentialités techniques. Cette remarque s'impose également pour le Raed de Kouba qui a défrayé la chronique par la qualité des joueurs qu'il a enfantés. Ce phénomène est aussi valable par l'ensemble des clubs algériens, minés par l'esprit de clanisme et l'intérêt personnel. L'Etat doit impérativement intervenir pour mettre fin à cette mascarade, pour ne pas dire à cette honte.

Si, par la force des choses, certains walis se sont convertis en dirigeants ou plutôt en investisseurs directs avec l'argent des deniers publics, sont idéalement placés pour éradiquer ces phénomènes et inculquer une certaine culture aux dirigeants, surtout en matière de gestion afin de contribuer au développement du football. Aujourd'hui, on a imposé à nos footballeurs de gagner des matches dans la presse au lieu de les sensibiliser à travailler pour atteindre le niveau exigé par la performance. A présent, les changements de mentalité s'imposent, et c'est à l'Etat de trouver les mécanismes nécessaires pour y remédier.

La Sonatrach : un parrainage qui sème la division

Les responsables de la firme pétrolière ont, par leurs décisions parfois illogiques, semé la division. Le MCA, la JSS et le CSC bénéficient du soutien financier de ladite société, alors que d'autres clubs, considérés comme de grandes équipes par leur histoire, leur palmarès et l'engouement populaire qu'ils suscitent, à l'image du MCO, du CRB, de l'ESS et de la JSK, pour ne citer qu'eux ces clubs, sont totalement ignorés. C'est pourquoi les dirigeants de ces clubs se posent des questions quant aux raisons de cette indifférence ainsi que sur les « critères » ayant présidé les « choix » de cette entreprise. Les anciens estiment que, durant la réforme de 1977, les responsables de cette époque étaient plus objectifs, étant en phase avec la réalité du terrain et le statut des clubs. D'ailleurs, ces clubs ont su justifier cette confiance par leurs performances au niveau continental. Seul le MCA a continué à bénéficier de ce parrainage sans pourtant obtenir des performances auxquelles on s'attendait compte tenu des moyens faramineux accordés. En conséquence, il est souhaitable que les décideurs revoient leur démarche dans ce domaine devenu, par l'évolution et les exigences du football, primordiale, étant donné l'échec du professionnalisme instauré trop tôt, sans les fondements sur lesquels il devait prospérer, comme c'est le cas depuis belle lurette ailleurs de par le monde. Il suffisait pourtant de s'inspirer de ces exemples pour éviter cet échec.