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Les
frontières terrestres entre l'Algérie et la Mauritanie sont fermées depuis
1975, année du déclenchement du conflit entre le Maroc et le Sahara Occidental.
La fermeture des frontières algéro-mauritaniennes, depuis 43 ans, fait de l'occasion de l'ouverture du premier poste frontalier entre les deux pays, depuis leurs indépendances respectives, un événement de grande envergure et aussi de beaucoup de perspectives. Jusqu'à aujourd'hui, jour de l'ouverture officielle du poste, par le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire et son homologue mauritanien, seuls les Sahraouis pouvaient passer les frontières, d'un côté comme de l'autre, sans qu'aucune autorité ne leur demande quoi que ce soit ou qu'ils ne soient soumis à des contrôles. Les Sahraouis, qu'ils soient des camps des réfugiés installés près de Tindouf ou des territoires occupés, circulent librement et exercent des activités commerciales diverses. Leur prédilection semble être la vente des pièces de rechanges pour les véhicules de toute marque et tout modèle. L'immense «cimetière» des véhicules à Rabouni, une localité proche de 5 km de Tindouf, laisse apparaître un marché florissant de pièces de rechange en provenance de «la casse». «Depuis toujours», cependant, les habitants de la région ne le nient pas, «Algériens, Mauritaniens et Sahraouis procédaient au troc de marchandises, on traversait les frontières, à bord de véhicules ou en général à dos de chameau», nous renseigne un notable de la région. «On ramenait des chameaux parce qu'on n'en a pas ici, ils nous viennent de Bord Badji Mokhtar, des brebis et autres moutons, les Mauritaniens ont un cheptel plus important que le nôtre, on troquait des dattes qui ne sont pas destinées à l'exportation (?), on passait nos nuits dehors, sans problème,» fait-il savoir. Les déplacements ont nettement diminué, selon lui, dès les années 90 « à cause du terrorisme.» Transit des investisseurs vers l'Afrique subsaharienne Ce qui est évident, c'est que «ici, personne ne peut reconnaître un Algérien d'un Mauritanien, d'un Sahraoui, on a les mêmes traditions, on mange la même nourriture et on porte les mêmes tenues vestimentaires,» soutient un autre notable. Nouh Abeiri, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de la wilaya de Tindouf, parle lui, de commerce. La CCI qu'il préside, n'a pratiquement jamais fonctionné, en raison de l'absence d'activités commerciales « légales » entre l'Algérie et la Mauritanie. Remonter au nord « coûte trop cher et ne rapporte presque rien pour les petits commerçants». Abeiri s'impatiente de voir le nouveau poste frontalier opérationnel. «On va pouvoir croiser les échanges commerciaux, entre les deux pays», dit-il. Il affirme avoir « procédé à une étude approfondie du marché mauritanien, on y trouve des produits de l'Arabie Saoudite, de l'Egypte, des Emirats, de la Turquie (?), mais pas de l'Algérie, c'est malheureux !» Il note, quand même, que «depuis peu, des hommes d'affaires algériens commencent à pénétrer le marché mauritanien comme Condor, SIM, BMS, une société d'emballage? Abeiri dit avoir visité la Foire mauritanienne de la production nationale. «Des Mauritaniens et des Sénégalais aimeraient transiter par l'Algérie, à partir du port de Mostaganem, pour faire arriver leurs produits, à l'autre rive de la Méditerranée, l'Algérie devrait y penser, leur faciliter le passage et même le taxer, quelques euros, ne lui feraient pas de mal,» pense-t-il. Il est convaincu que « ces exportateurs préféreront payer et passer par l'Algérie que de passer par le Maroc parce qu'ils savent qu'une fois en Algérie, le plein de carburant leur coûtera bien moins cher qu'au Maroc, ils savent qu'ils gagnent». Le président de la CCI souligne que «si on veut croiser les échanges avec la Mauritanie, il faudrait qu'on soit souple, il faudrait qu'on pense à instaurer des moyens de paiement moins contraignants qu'une lettre de crédit, il serait très intéressant de penser à créer une banque nationale en Mauritanie, ça nous faciliterait les choses». La Mauritanie s'étale sur près de 800 km de côte sur l'Atlantique. Elle partage ses frontières nord avec l'Algérie et le Sahara Occidental, à l'est avec le Mali et au sud avec le Sénégal. Elle est pratiquement le point de liaison entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne. Les notables se disent «rassurés par l'existence d'un poste frontalier, il nous permet de voir, plus clair, avec qui on commerce, et dans le cadre de la loi et de la légalité.» Les deux pays partagent des frontières avec le Mali Nos interlocuteurs préviennent, avec fermeté, que «des deux côtés des frontières, ceux qui penseront faire du mal à l'Algérie, nous trouveront en face ; hommes, femmes, enfants nous serons les yeux de notre pays, nous ferons attention à tout, le poste douanier réglementera le passage des personnes et des biens, ceux qui n'ont pas de passeport ne passeront pas.» L'Algérie a baptisé son nouveau et premier poste frontalier avec la Mauritanie du nom du Chahid ?Mustapha Benboulaïd.» Les Mauritaniens, eux, ont gardé l'appellation administrative ?PK 75'. Quatre cents mètres (400 m) séparent les deux postes. Identiques en construction, ce sont deux postes en préfabriqués équipés de commodités (eau, électricité, climatisation (?). De Tindouf au poste frontalier, il y a 75 km. Du poste au 1er centre urbain mauritanien «Ain Bentili», il y a 160 km, jusqu'à Bir Oum Agrine, 450 km et jusqu'à la 1re commune, Zouirate, 750 km. Abdelhak Bouziane, chef de daïra de Tindouf ainsi que le P/APC, El Aïd Hbiter, étaient, samedi, au poste frontalier ?Mustapha Benboulaïd'. Ils supervisaient les derniers préparatifs de son inauguration, aujourd'hui, par les ministres de l'Intérieur des deux pays. Bouziane pense que les échanges commerciaux vont se fructifier entre les deux pays. «Les moyens de faire parvenir les marchandises en Mauritanie existent, on a le train de Bordj, Bechar, Tindouf, puis les transborder du train dans des camions, on pourra les faire transiter par la Mauritanie, pour aller au Sénégal, aux pays du Sahel.» Le chef de daïra est persuadé que «l'ouverture de ce poste douanier encouragera les investisseurs algériens à agir sur le marché mauritanien et de là sur les marchés africains». Le P/APC a insisté sur l'utilité du poste à rapprocher les deux communautés « liées par des alliances depuis des lustres, elles pourront s'échanger les visites d'une manière légale». Le chef de poste mauritanien se refusera à toute déclaration « avant l'ouverture officielle.» Il notera juste que «nous avons à ce niveau, un poste de gendarmerie, de police, de douanes et de protection civile». Tous les corps sont représentés, aux deux points frontaliers algérien et mauritanien. Les deux pays partagent des frontières avec le Mali, et la bande sahélo-sahélienne. |
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