|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le
constat alarmant des professionnels du secteur pharmaceutique est sans appel :
toutes les classes thérapeutiques sont touchées par cette pénurie de
médicaments qui sévit dans toutes les régions du pays depuis plusieurs mois. Le
SNAPO, qui a présenté au ministère de tutelle une liste de 150 produits en
rupture de stock dans les officines revient aujourd'hui sur le sujet en
exprimant sa déception de ne pas voir la situation s'améliorer. «On a présenté
une liste de 150 produits touchés par la pénurie de médicaments, mais la liste
est en train de s'allonger», a considéré le président par intérim du SNAPO,
Mourad Chabounia. Contacté hier, ce dernier avoue que
rien ne va plus sur ce plan, la pénurie se fait sentir avec plus d'acuité dans
les officines pharmaceutiques, notamment si l'on parle de médicaments
indispensables pour certains malades. Il citera dans ce sens la Ventoline, un produit indispensable pour les asthmatiques
qui n'est pas disponible depuis des mois. Il y également plusieurs catégories
de la classe des psychotropes qu'on ne trouve pas sur le marché, ainsi que les
antibiotiques injectables, y compris les antibiotiques pour enfants, des
produits très importants lorsque le patient en bas âge en a besoin pour le
traitement d'infections. Il y a également un manque de pommades dermiques
destinées au traitement des maladies cutanées, qui enregistrent une hausse
durant la saison estivale et provoque une pression sur la demande de ces
traitements, ainsi que les hydrocortisones et les gouttes ophtalmiques.
Pour M. Mourad Chabounia, qui avoue ne pas avoir d'explication au sujet de cette pénurie criarde des médicaments, la durée de la rupture des stocks influe grandement sur la perturbation. Car, même si on approvisionnait le marché, en Ventoline par exemple, la rareté de ce produit se fera toujours sentir. Il relèvera dans ce contexte que lorsque le malade découvre que la Ventoline (un produit donné toujours pour exemple) est disponible dans les pharmacies, il en achètera deux, sinon trois, pour avoir une réserve chez lui, par crainte d'une nouvelle pénurie. On peut donc considérer que si le marché a besoin de 100 boîtes de Ventoline, il en faudrait 300 pour satisfaire la demande. Voilà comment se transforment les besoins du marché lorsque la pénurie perdure dans le temps ; les prévisions sont presque quasiment à multiplier par deux et trois ! Résultats, en plus de subir les souffrances physiques, les malades se retrouvent face à des situations stressantes à l'extrême lorsqu'ils n'arrivent pas à trouver leurs médicaments, notamment quand il s'agit de produits vitaux. Les malades sollicitent souvent les personnes qui partent à l'étranger pour leur acheter des médicaments qui ne sont pas disponibles sur le marché local. D'autres recourent à leurs proches installés à l'étranger. Enfin, chacun se débrouille comme il peut pour avoir ses médicaments, introuvables en Algérie. «On souhaiterait que la tutelle prenne des dispositions dans le cadre de l'incitation des producteurs à approvisionner régulièrement le marché, puisque même des médicaments produits localement sont concernés par cette rupture des stocks, à l'enseigne d'un médicament pour diabétiques, et d'autoriser des licences d'urgence pour l'importation de médicaments essentiels spécialement destinés au traitement des maladies chroniques et autres produits vitaux». Quant à la vente concomitante, le problème persiste toujours malgré les mises en garde du ministre de la Santé, qui a donné récemment ordre aux directeurs de la santé d'inspecter les grossistes répartiteurs de leur wilaya et de retirer l'agrément à tout opérateur qui se rendrait coupable de rétention de produits ou de vente concomitante. «Des cas rares de vente concomitante sont signalés par les pharmaciens, seuls quelques distributeurs adoptent encore cette pratique», relève à ce propos M. Mourad Chabounia. |
|