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Le sit-in contre le cinquième mandat et pour un Etat de droit que devait
tenir hier matin des membres de «Mouwatana» à la
Place des Martyrs d'Alger a été étouffé dans l'œuf par les services de sécurité
qui ont procédé à des arrestations musclées de plusieurs militants de ce
mouvement, dont le leader de Jil Jadid, Sofiane
Djilali, et plusieurs cadres de ce parti, le journaliste d'El Khabar, Saâd Bouakba,
la présidente de l'Union pour le changement et le progrès, Zoubida
Assoul, le président de la Ligue algérienne pour la
défense des droits de l'homme (LADDH), Salah Dabouz
et l'avocat Abdelghani Badi.
Les activistes ont été arrêtés par des policiers en tenue et en civil et conduits manu militari dans des commissariats de police de la capitale avant d'être relâchés sans aucune poursuite. La police a empêché les protestataires de brandir des banderoles hostiles au cinquième mandat. Le mouvement Mouwatana a regretté la «brutalité des policiers» qui ont procédé à l'arrestation de ses membres. Les policiers auraient, selon ce mouvement, confisqué les smartphones des personnes arrêtées et certains auraient même été victimes de brutalité policière. Le mouvement évoque notamment le cas du vice-président de Jil Jadid, Smail Saidani, qui aurait été agressé physiquement par un policier en civil. Le président de LADDH, Salah Dabouz, a également déploré la violence policière contre une manifestation pacifique tout en estimant que ces arrestations sont une violation de l'article 107 du code pénal qui stipule que «lorsqu'un fonctionnaire a ordonné ou commis un acte arbitraire ou attentatoire soit à la liberté individuelle, soit aux droits civiques d'un ou plusieurs citoyens, il encourt une peine de réclusion à temps, de cinq (5) à dix (10) ans». L'article 108 précise, par ailleurs, que «les crimes prévus à l'article 107 engagent la responsabilité civile personnelle de leur auteur ainsi que celle de l'Etat, sauf recours de ce dernier contre ledit auteur». Selon les militants, les policiers auraient justifié leurs actes par une réquisition du wali de la capitale qui aurait ordonné d'interdire toute action contre le 5ème mandat à Alger. L'instance de coordination de Mouwatana avait dénoncé vendredi 10 août dans un communiqué rendu public ce qu'elle qualifie de «coup d'Etat rampant», en allusion au forcing opéré par les partis de la majorité présidentielle en faveur d'un cinquième mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika. «Le gouvernement et les partis clients du pouvoir sont entrés, de leur propre aveu, en campagne anticipée pour le cinquième mandat en violation flagrante des lois républicaines et de la morale tout court», regrette ce mouvement qui condamne «ces comportements peu honorables, aggravés par l'utilisation illégale et abusive des moyens de l'Etat, (siège du gouvernement, université, moyens humains et politiques etc?), qui dans un État de droit et avec une justice digne de ce nom, aurait donné matière à poursuites pour actes délictueux». «Dans ce climat général d'un coup d'État rampant opéré par une clique utilisant comme otage consentant un homme qui a trahi le serment constitutionnel en profitant d'une démission générale des institutions pourtant impliquées dans le maintien de ce régime en dérive mafieuse. Les Algériens sont en droit de réagir et de refuser l'humiliation qui leur est imposée», soutient ce mouvement. Mouwatana met en garde les conséquences d'une éventuelle colère populaire. «Le pouvoir et ses soutiens auront à assumer les conséquences de toute réaction populaire dont les prémisses se multiplient. Mouwatana prendra ses responsabilités et défendra de manière pacifique mais résolue l'honneur de ce pays», conclut le texte. Le leader de Jil Jadid et membre de Mouwatana avait déclaré que des actions «seront envisagées sous peu» par ce mouvement pour protester contre le 5ème mandat. «Nous ne resterons pas immobiles», a-t-il affirmé. |
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