Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Education: Le président de l'Association des oulémas critique Benghebrit

par Yazid Alilat

Le président de l'Association des oulémas musulmans algériens Abdelkader Guessoum a vivement critiqué les réformes envisagées par la ministre de l'Education nationale, dont celle du baccalauréat. Dans un article publié dans le dernier numéro (23-29 juillet) de l'organe de l'association, ?El Baçair', le Dr Guessoum affirme que les réformes du système éducatif m,ises en place par la ministre Nouria Benghebrit sont «opaques et on ne connaît ni leur contenu, ni ses exécutants, encore moins ses objectifs». Il poursuit: «il y a des informations selon lesquelles la réforme du baccalauréat, notamment sa réduction à deux jours et demi, va supprimer des matières représentant l'identité nationale, comme l'Education islamique, la Langue arabe et l'Histoire.» «L'objectif de ces réformes du bac est, selon lui, de supprimer ou limiter, dans le programme, les cours sur l'Education islamique et de la supprimer totalement des épreuves du baccalauréat», écrit-il, se référant à un entretien de la ministre à un quotidien algérien où elle dit que «nous avons réussi à enlever l'école des mains des obscurantistes, et que l'école algérienne est sur les rails».

Ce qui l'amène à s'interroger sur cette notion «d'obscurantisme», et si les différents ministres qui se sont succédé à ce poste, depuis l'indépendance nationale, notamment Mostefa Lachraf, Abdelhamid Mehri, Mohamed Cherif Kherroubi ou Abou Bakr Benbouzid, sont des «obscurantistes»? «J'ai tenté de trouver parmi eux des obscurantistes, mais je n'en ai pas trouvé, qui satisfasse l'idéologie de la ministre». Le Dr Guessoum s'interroge ensuite: «est ce que la revendication de renforcer l'arabe est une requête d'obscurantistes, quand on sait que cette matière renforce le sentiment d'appartenance de l'élève à son pays ? Est-ce que l'Education islamique d'un enfant, qui vit dans une société musulmane et dans un foyer musulman et contre l'extrémisme idéologique, est-ce que cela est de l'obscurantisme?» Il poursuit encore: «est-ce que la demande des parents d'élèves au système éducatif de prendre en charge la matière Histoire, est de l'obscurantisme ? Nous voulons comprendre ce qu'elle entend par obscurantisme.»

Par ailleurs, le président de l'Association des oulémas algériens souligne que «nous avons constaté, récemment, lors d'un concours pour le recrutement d'enseignants en arabe, qu'ils doivent maîtriser le français, comme si la langue arabe n'a de valeur que par rapport à la langue française.»

Le Dr Guessoum s'interroge, également: «quelle est la logique de la réforme de l'école, dans notre pays, si cette reforme est basée sur la négation des constantes nationales, et la considèrent comme des facteurs d'obscurantisme?» Pour lui, ces réformes «sont concoctées dans des laboratoires étrangers, et au final les élèves algériens seront dépourvus de leur identité nationale et ses référents culturels. Ces enfants seront tout, sauf des Algériens nationalistes.»

Le Dr Guessoum a, à plusieurs reprises, critiqué la gestion de l'Ecole par Benghebrit. Lors d'une université d'été de l'Association, en août 2016, il avait, notamment, déclaré que «les critiques portées contre le système éducatif ont pour finalité de rectifier les erreurs et savoir le but escompté derrière les réformes de la 2ème génération qui suscitent polémique et non pas les responsables du secteur.» «Nous voulons une génération fondée sur les constances de la Nation et qui assume la responsabilité de l'avenir de la Nation.» Il avait, également, souligné, lors de cette université d'été, il y a deux ans que «si Benghebrit souhaitait servir l'Ecole, nous serions à ses côtés et lui prêtions main forte», avant de menacer qu' «en revanche, nous allons barrer la route à ceux qui tentent de porter atteinte aux fondements de la Nation, la langue arabe, l'Islam, l'Histoire, ou de réduire le volume horaire des matières d'identité nationale.»