Le
groupe pétrolier algérien Sonatrach est en
discussions avec plusieurs compagnies pétrolières pour développer et
commercialiser la production de sa raffinerie italienne, qu'il a rachetée en
mai dernier à Esso Italiana, filiale italienne de
l'américain Exxon mobil.
Sonatrach
avait annoncé en mai dernier avoir racheté la raffinerie d'Augusta (Sicile) et
ses terminaux pétroliers à Augusta, Palerme et Naples, ainsi que leurs systèmes
d'oléoducs associés. Le transfert de propriété, selon le communiqué diffusé par
le groupe algérien, qui a déboursé moins de un milliard de dollars pour son
acquisition, selon son PDG, interviendra à la fin de l'année en cours. L'agence
Reuters a annoncé mardi que Sonatrach a lancé des
discussions avec des compagnies pétrolières pour la création d'une
joint-venture chargée de l'exploitation de la raffinerie désormais algérienne
d'Augusta. Ces discussions sont menées avec les majors
britannique BP, néerlandaise Shell, l'américain Chevron, le français
Total et l'espagnol Repsol, ainsi que le négociant
pétrolier international Vitol. L'annonce de la
création de cette entreprise chargée de gérer la production et la
commercialisation des produits pétroliers dérivés de la raffinerie d'Augusta ne
devrait pas être faite avant la fin du mois de juillet. Dans une déclaration à
l'agence Reuters, Ould Kaddour
a indiqué hier mercredi que le groupe pétrolier qui sera retenu à l'issue de
ces discussions ?'aura de petites parts dans la joint-venture commerciale».
Mais, aucun de ces groupes pétroliers, des leaders mondiaux, n'a souhaité
commenter ces informations. Au mois de juin dernier, en marge de la conférence
mondiale sur le gaz, le P-DG de Sonatrach avait
discuté notamment avec le N1 de BP, Bob Dudley, indiquant que ?'nous avons
passé en revue l'ensemble des projets et évoqué la possibilité de développer de
nouveaux partenariats «. M. Ould Kaddour
a également rencontré le patron d'Exxon Mobil, Darren Woods, ainsi que d'autres
dirigeants de groupes pétroliers mondiaux, faisant la promotion des
investissements de Sonatrach, dont la raffinerie
d'Augusta. Le rachat de cette raffinerie par Sonatrach,
qui a étonné puisque le groupe algérien est lancé dans la réalisation de
plusieurs raffineries en Algérie, à Hassi Messaoud et
Tiaret, en plus de la rénovation-réhabilitation de celle de Sidi R'zine à Alger, devrait alléger le fardeau annuel des
importations de produits pétroliers raffinés, dont le gas-oil, avec une facture
qui tourne autour de 2 à 3 milliards de dollars par an. L'arrivée de Ould Kaddour
à Sonatrach a fait changer de cap à l'entreprise,
notamment ce rachat, une première pour l'Algérie, d'une raffinerie vieille de
plus de 50 ans dans un pays tiers. Sonatrach compte,
avec la création d'une joint-venture en partenariat avec un groupe pétrolier
leader mondial, placer sur le marché international les produits dérivés de
cette raffinerie, dont le naphta. Un communiqué de Sonatrach
avait indiqué que ?'la raffinerie d'Augusta permettra de couvrir les déficits
algériens en essences et en gasoil sur toute la période du plan à moyen terme
2018-2022, et ce, même dans l'hypothèse d'un décalage de 2 années dans la mise
en service des nouveaux projets de reforming de naphta, du projet d'hydrocrackage de fuel à Skikda et de la nouvelle raffinerie
de Hassi Messaoud.» Pour le moment, les groupes
pétroliers en discussions avancés avec Sonatrach
n'ont pas souhaité s'exprimer sur ce projet, dont l'objectif permettrait à
l'entreprise qui sera mise en place de recevoir du brut algérien et de le raffiner,
ensuite de gérer la vente de ses produits autant sur le marché algérien pour
compenser les déficits en gas-oil notamment, que sur le marché international.
Car la demande interne en produits pétroliers a explosé au cours de ces dix
dernières années, ce qui a nécessité la mise en place d'un programme de
réalisation et réhabilitation de raffineries en Algérie. A la fin de 2017, le
ministre de l'Energie Mustapha Guitouni avait indiqué
que la réhabilitation et l'extension de la raffinerie de Baraki
(Sidi R'zine), sera achevée en octobre 2018, alors
que la livraison et l'entrée en service des projets de Tiaret et Hassi Messaaoud est prévue en
2021. La livraison de l'ensemble de ces projets devrait, selon le ministre,
porter les capacités de production de carburants de 30 millions de tonnes/an
actuellement à 40 MT/an. ?'Ce plan répond à la hausse de la demande de produits
pétroliers au cours des dix dernières années, la demande de carburant ayant
augmenté de 7% en moyenne annuelle au cours de cette période'', avait expliqué
le ministre. La consommation nationale de carburants et de gaz est de 15
millions de tonnes/an (MT) en moyenne, alors que la production nationale de ce
type de carburants n'est que de 11,5 MT/an, soit un déficit de 3,5 MT/an, qui
est importé avec une facture annuelle de deux milliards de dollars. Le rachat
de la raffinerie d'Augusta fait partie de la stratégie à long terme de Sonatrach pour répondre à la demande nationale de
carburants, tout en commercialisant sur le marché international les produits
dérivés.