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Un investissement de 600 milliards: Un Centre privé de traitement du cancer ouvre ses portes

par Houari Saaïdia

Fruit d'un investissement privé, le premier du genre dans la région ouest du pays, un Centre de diagnostic et de traitement du cancer vient d'ouvrir ses portes à Oran. Pour un coût avoisinant les 600 milliards, équipements compris, ce centre anti-cancer privé de l'envergure d'un pôle d'oncologie, implanté à l'USTO, à mi-parcours entre le rond-point des trois cliniques et le campus universitaire, est fonctionnel depuis une dizaine de jours. Baptisé ?Oncopôle l'Espoir', cet hôpital spécialisé assure les trois étapes essentielles de la prise en charge du cancer, à savoir : le dépistage, le diagnostic et le traitement, précise le P-DG de l'établissement, M. Abdelkader Benhamadi. «Déclaré comme problème majeur de santé publique, la lutte contre le cancer a été érigée par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, en priorité nationale, avec à la clé, un encouragement à la complémentarité entre les secteurs public et privé pour une prise en charge optimale de cette maladie. Pour notre part, nous nous sommes résolument engagés en dotant notre établissement d'équipements performants à même d'assurer les trois phases essentielles de la prise en charge du cancer. Un intérêt particulier a été accordé au côté humain, avec un encadrement assuré par une équipe professionnelle multidisciplinaire. Nous espérons, ainsi, répondre à une demande pressante de nos concitoyens et contribuer au succès des instructions de notre chef d'Etat», souligne l'initiateur du projet, M. Benhamadi.

Le service de radiothérapie de ce centre est doté de deux accélérateurs linéaires, un scanner de simulation, un TPS (Treatment planning system) ainsi qu'un système RV plus un appareil de curiethérapie haut débit pour le traitement de certains cancers tels que la prostate et le col de l'utérus. Le service d'imagerie médicale, quant à lui, est équipé d'une IRM (imagerie par résonance magnétique), un scanner, une mammographie, une échographie ainsi qu'une radiologie conventionnelle numérisé. Le service d'oncologie médicale dispose de 12 lits, côté femmes et côté hommes. Les patients ont droit à des consultations spécialisées : ORL, gastro-entérologie, gynécologie, urologie, pneumologie, oncologie médicale, sénologie, radiothérapie, endoscopie? La structure comprend, également, un grand laboratoire et une pharmacie intégrée. Ce centre anti-cancer est appelé à s'agrandir encore davantage avec le projet d'extension en cours de réalisation, sur une superficie de 8.300 m², et qui sera achevé et mis en service courant l'année 2019. Les équipements étant déjà commandés, ce pavillon comprendra notamment 3 blocs de chirurgie, un service d'exploration cardiaque et une capacité d'hospitalisation de 60 lits. En Algérie, le cancer est un véritable problème national.

En 2017, près de 500.000 cancéreux étaient recensés dans le pays et environ 50.000 nouveaux cas sont diagnostiqués, chaque année. Les tumeurs malignes, qui causent 21% des décès, sont classées deuxième parmi les maladies les plus mortelles en Algérie, juste après les maladies cardio-vasculaires.

La prise en charge des cancéreux, en Algérie, reste problématique malgré les progrès qui ont été faits récemment. Chaque année, c'est, en moyenne, 12.000 cancéreux qui décèdent faute de traitement. De plus, environ 70% des cas pris en charge dans les différents services et centres anticancéreux sont diagnostiqués tardivement, c'est-à-dire à des stades avancés de la maladie pendant lesquels les traitements, même menés de façon correcte, ont peu de chances de mener à la guérison. Ce retard dans le diagnostic sape les résultats algériens du traitement du cancer du sein et les fait baisser de façon dramatique. En plus du diagnostic et de la prise en charge tardifs, il y a, en Algérie, le problème récurrent des rendez-vous qui sont souvent éloignés, notamment pour la radiothérapie, une des techniques les plus utilisées dans le traitement du cancer, en plus de l'oncologie médicale (chimiothérapie) et de la chirurgie. Des milliers de cancéreux attendent dans l'angoisse, plusieurs semaines dans le meilleur des cas, plusieurs mois dans le pire, un rendez-vous pour recevoir leur radiothérapie, souvent leur seule chance de survie.