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Opération «Neptune»: Des agents d'Interpol en Algérie

par Moncef Wafi

Des agents d'Interpol se trouvent en Algérie, à l'instar de sept autres pays, dans le cadre de l'opération ?Neptune' pour aider les autorités locales, durant cet été, à contrôler les voyageurs et à repérer des personnes suspectées

de terrorisme, grâce à ses bases de données.

L'Algérie, la France, l'Italie, le Maroc, l'Espagne et la Tunisie dirigent cette opération ?Neptune' avec le soutien d'Interpol, de l'Organisation mondiale des Douanes et de l'Agence européenne de Garde-frontières et de garde-côtes (FRONTEX). «Alors que de nombreux pays se concentrent sur la sécurité des frontières aériennes et terrestres, les menaces potentielles que représentent les voies maritimes suscitent moins d'attention», a expliqué, dans un communiqué Patrick Stevens, responsable de la lutte antiterroriste au sein d'Interpol, dont le siège est à Lyon, en France. L'opération ?Neptune' cible, particulièrement, les déplacements de combattants terroristes, revenant de zones de conflit, entre le nord de l'Afrique et le sud de l'Europe, ainsi que les trafiquants d'armes ou de drogues qui peuvent circuler par bateau, précise-t-on encore.

En effet, l'une des menaces qui pèsent sur l'Europe et les pays de l'Afrique du nord est le retour des anciens combattants d'Irak ou de Syrie, sous de fausses identités. Selon Interpol, les documents de voyage volés sont un «atout majeur», pour la mobilité terroriste, en particulier les combattants étrangers, revenant de zones de conflit. D'après un rapport d'une commission d'enquête du Sénat français, 40.000 terroristes étrangers, voire sont recensés dans l'armée d'El Baghdadi et l'Europe reste le premier fournisseur en ressources humaines de Daech puisque 5.000 terroristes sont issus de l'Union européenne. La France est à la 1re place de ce podium avec plus de 1.300 combattants, suivie ex aequo du Royaume-Uni et de l'Allemagne avec 800 terroristes chacun. Egalement présents sur les fronts syriens et irakiens 500 Belges, 250 Espagnols et 100 Italiens. Les terroristes originaires de Russie et des pays russophones forment le plus gros des troupes de l'EI avec 4.000 à 4.500 djihadistes, «dont beaucoup originaires d'Asie centrale et du Nord Caucase», note le même rapport. Par ailleurs, ce sont environ 5.600 combattants étrangers, dans les rangs de Daech qui sont retournés dans leur pays d'origine. L'info donnée par le cabinet américain de Conseil en sécurité, ?The Soufan Center', a de quoi inquiéter sérieusement ces 33 pays pourvoyeurs de terroristes, les mettant face à un défi sécuritaire de taille. Les différents services de renseignements ont déjà tiré la sonnette d'alarme, quant à ce retour des hommes d'El Baghdadi, encore plus aguerris aux combats, le considérant comme la plus grande menace sur la sécurité intérieure des pays d'origine et de l'Europe en général.

A ce propos, et au cours de la 1re semaine de l'opération ?Neptune', plus de 350.000 recherches dans les bases de données d'Interpol ont abouti à la détection de 4 combattants terroristes étrangers présumés et la localisation d'une personne disparue. Pour rappel, les pays d'accueil vérifient l'identité des voyageurs et les informations de passeport contre les bases de données criminelles de la Police internationale, à travers son réseau sécurisé de communication policière mondial. Au cours de sa visite, en mai dernier, en Algérie, le président d'Interpol, Meng Hongwei, avait estimé qu'il était «nécessaire» de renforcer la coopération avec les autres organisations régionales, notamment l'Organisation africaine de coopération policière «Afripol», «pour faire face à la criminalité internationale». Parmi les créneaux juteux de cette criminalité, le trafic des voitures volées. C'est à la frontière entre la Finlande et la Russie qu'Interpol a lancé une opération policière pour lutter contre cette activité criminelle. Les voitures volées sont souvent utilisées pour d'autres activités : trafic de drogues, d'êtres humains ou encore comme véhicules piégés. «Ce sont des activités, hautement, organisées, qui touchent toutes les régions du monde et qui ont des liens évidents avec le crime organisé et le terrorisme. Des voitures volées en Europe ont été retrouvées jusqu'en Amérique du Sud et en Australie», a déclaré Tim Morris, directeur exécutif d'Interpol. Plusieurs réseaux de trafics de voitures volées à l'étranger ont, par ailleurs, été démantelés en Algérie.