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Alternance et transition démocratique

par Mahdi Boukhalfa

L'habitude qui veut que l'été soit propice à une détente des activités politiques, semble cette fois-ci ne pas obéir à certains rituels. Et, en prévision de la prochaine élection présidentielle, l'opposition, du moins les partis les plus actifs de cette catégorie politique, veut se concerter pour proposer aux Algériens une autre alternative à une candidature qui se déclinerait sous le sceau d'un 5ème mandat. Pour certains partis politiques de l'opposition, cette présidentielle d'avril 2019 ne devrait pas être une fatalité et il s'agit plus que jamais de lui trouver des alternatives démocratiques.

C'est en quelque sorte l'essentiel des discussions de ces derniers jours entre les présidents du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderazak Makri, et celui de Talai El Hourriyet, Ali Benflis, avec le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès. Si le MPA est considéré comme parti proche du pouvoir, les deux autres partis sont en fait engagés dans une course contre la montre pour trouver une solution, sinon une alternative démocratique à une élection présidentielle qui serait jouée d'avance si le président Bouteflika se porte candidat, comme le lui ont demandé le FLN, le RND, TAJ et les présidents des deux chambres du Parlement. Ce serait en effet une course électorale à sens unique et cette élection perdrait son «sel» mais surtout son caractère démocratique dès lors que le principal candidat, le président Bouteflika, si jamais il se présente, sera assuré, comme les quatre précédentes consultations populaires, de la remporter. C'est ce que veulent éviter ces partis, à leur tête le MSP et Talai El Hourriyet, les deux plus farouches adversaires, avec le RCD, le FFS et Jil Jadid, d'un 5ème mandat du président Bouteflika. L'initiative du chef du MSP porte en fait sur un consensus national pour une transition politique et économique réussie. Soit la fin de l'ère Bouteflika et la préparation d'une transition démocratique à travers une élection présidentielle démocratique. Celle-ci devrait alors garantir, selon ses concepteurs, «la stabilité, l'arrêt de la corruption, une meilleure exploitation des ressources disponibles et d'assurer un climat des affaires qui favorise l'investissement, la libre concurrence et l'égalité des chances». Les réformes politiques seront également au menu de cette feuille de route, avec la fin de la fraude électorale, la fin des entraves aux libertés et, surtout, l'avènement de l'alternance politique au pouvoir.

Un programme vaste, enthousiaste mais, cependant, n'est pour le moment qu'un «brouillon» d'une feuille de route qui ne rassemble pas l'ensemble de l'opposition, en particulier ses «majors» comme le FFS, le RCD et le parti de Louisa Hanoune. Même si l'initiative s'inscrit en droite ligne dans un processus politique pour le moment réduit à deux partis, il n'en demeure pas moins que cette initiative du MSP et du parti d'Ali Benflis a le mérite d'exister. Et qu'elle peut autant rassembler l'opposition sous la même bannière pour l'élection présidentielle de 2019, autant elle met au défi les partis alliés du pouvoir à produire, de leur côté, des actions à même de donner plus de garanties d'une élection démocratique, avec comme objectif, pour tous, de mettre un terme à l'immobilisme politique.

L'exercice est difficile, mais il est permis d'espérer, car il est tout à fait possible, au vu de l'arsenal juridique et législatif contenu dans la Constitution du pays, de rendre une bonne copie pour une alternance au pouvoir. Maintenant. Sinon le pays perdrait, selon les projections de l'opposition, des années précieuses à un moment où tous les indicateurs socioéconomiques sont au rouge.