Si rien n'est
entrepris, Air Algérie risque d'être paralysée dans 21 jours «à partir du 31
juillet 2018 à 07H00» puisque le Syndicat national des techniciens maintenance
avions (SNTMA) a déposé un préavis de grève, hier, auprès de la Direction
générale d'Air Algérie et l'inspection du travail de la wilaya d'Alger. Une
démarche «conformément à la Constitution algérienne, à la loi de travail et la
Convention collective d'Air Algérie, relative aux droits et libertés et à la
prévention et au règlement des conflits collectifs de travail et l'exercice du
droit de grève», indique le communiqué n° 15/2018 du syndicat. Rappelons que le
2 juillet dernier, l'Assemblée générale extraordinaire (AGE) du SNTMA a acté le
recours, à la majorité absolue, à une grève illimitée au terme d'un scrutin à
bulletin secret. Le président du syndicat, Ahmed Boutoumi
avait déclaré auparavant au Quotidien d'Oran que si grève il y a, les vols en
direction des lieux saints ne seront pas perturbés. «La loi exige 30% de
service minimum sur l'activité et on va les assurer à travers les vols pour le
hadj», a-t-il précisé. Le dernier communiqué en date
du SNTMA revient sur ce sujet puisqu'il est fait part d'une demande d'organiser
une réunion pour convenir d'un service minimum «qui consistera à assurer une
partie des vols réguliers, et dans ce sens, il demandera de privilégier les
vols à destination des lieux saints (Hadj 2018) même s'il dépasse les 30% exigé
par la loi et à la condition que la Direction générale accepte cette
proposition». Le même document tient à démentir «des rumeurs non fondées et mensongères»
qui affirment que le SNTMA ne s'est jamais opposé «à une quelconque
augmentation salariale touchant tout le personnel d'Air Algérie dans sa
globalité». Pour le syndicat, cette campagne vise «à déstabiliser notre
corporation». La décision de faire grève s'explique, selon Ahmed Boutoumi, par l'absence de réactivité de la Direction qui
n'a «même pas proposé une quelconque promesse à nos revendications». Alors même
que le ministère de tutelle a reconnu la justesse de leur mouvement, le
syndicat reproche à Air Algérie de ne pas reconnaître la légitimité de leurs
revendications. «On ne demande que l'application de la loi de travail
concernant les CDD, il n'y a pas plus basique que ça», expliquait alors notre
interlocuteur pour qui le recrutement d'un futur mécanicien est un
investissement pour la compagnie aérienne. «On recrute généralement des
sortants de l'institut d'aéronautique qu'on forme sur le tas et au bout de
trois ans, ils ont le statut de mécanicien mais comment voulez-vous qu'ils
travaillent en toute sérénité si au bout de chaque six mois, il y a rupture du
contrat», ajoute-t-il avant d'affirmer qu'on fait tout pour les pousser à aller
voir ailleurs.
Durant l'AGE de
lundi dernier, il a été présenté à l'ensemble de l'assistance un résumé des
événements, concernant les revendications syndicales dont «le retour à une
justice salariale en accord avec la hiérarchisation des métiers et des
salaires, dictée dans la convention collective d'Air Algérie», les CDD, la
pression subie quotidiennement par le personnel de la maintenance avions, «des
sanctions abusives et des ponctions sur salaire non justifiées». Notre
interlocuteur s'est déjà prononcé à propos de ce dernier point dénonçant cette
«terrible» pression exercée sur les mécaniciens dans l'exercice de leurs
fonctions. Il prend comme exemple les délais standard estimés
à un mois pour une révision de l'appareil alors qu'on met la pression sur les
mécanos pour finir le travail au bout de dix jours au détriment de la sécurité
des passagers et des aéronefs. Des ordres verbaux qui ne laissent place à
aucune traçabilité, d'où le refus de certains à travailler dans la
précipitation. Une situation, selon Boutoumi, qui
conduit irrémédiablement à des sanctions «abusives», des mutations internes
sous le couvert d'«actes de gestion». Pour lui, cette pression est également
exercée pour discréditer le syndicat aux yeux de ses adhérents.