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Les médias
marocains se sont fendus de commentaires et d'analyses triomphalistes sur les
décisions qu'a endossées à Nouakchott le 31ème sommet de l'Union africaine
concernant le conflit du Sahara occidental. Tous ont en effet entonné un chant
de victoire en affirmant contre la réalité que ce sommet a fait droit à la
position marocaine qui est que l'union continentale devrait cesser d'intervenir
sur ce dossier qui est du ressort exclusif de l'ONU. Or il apparaît clairement
que le sommet de Nouakchott a au contraire réaffirmé que l'Union africaine
reste engagée sur la question sans chercher pour autant à se substituer à
l'Organisation des Nations unies.
Pour confirmation que l'Union africaine entend continuer à jouer un rôle dans ce dossier, le sommet a pris décision de constituer une troïka composée du président en exercice de l'Union, de son prédécesseur et de son successeur qu'épaulera le président de la Commission exécutive de l'Union dont la mission consistera à suivre les avancées qu'aura à connaître internationalement la question sahraouie et à en faire rapport devant les chefs d'Etat africains. Plus encore et pour preuve que l'Union africaine n'est pas dans le retrait par rapport à la position qui est sienne sur le conflit depuis sa naissance, le sommet de Nouakchott a convenu d'obtenir du Maroc qu'il accepte l'envoi et la présence d'une représentation de l'Union en territoire occupé sahraoui qui coordonnera son action avec la représentation onusienne la Minurso en charge de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. En fait de victoire diplomatique pour le Maroc à Nouakchott, sa délégation n'a obtenu qu'un faux-semblant que le sommet lui a accordé pour lui sauver les apparences. La troïka remplace en effet la commission de suivi du dossier dont l'Union africaine avait précédemment confié la présidence à Joaquim Alberto Chissano, l'ex-chef d'Etat du Mozambique et bête noire du Palais royal et du Makhzen en raison de ses positions favorables à la cause indépendantiste sahraouie. Cette concession qui a écarté Chissano n'induit nullement toutefois que l'Union africaine a abdiqué à se faire entendre mais bien au contraire en lui substituant une troïka de chefs d'Etat en exercice dûment mandatés par leurs pairs africains. Comme l'a si justement souligné le ministre sahraoui des Affaires étrangères, la délégation marocaine qui s'est démenée tant et plus pour obtenir qu'il ne soit plus question de la mission confiée à Joaquim Chissano a eu pour « victoire » que le dossier du Sahara occidental soit suivi par un mécanisme dont le Makhzen et sa diplomatie auront du mal à contrer les interventions et initiatives visant à épauler l'ONU sur le dossier sahraoui laquelle persiste à s'en tenir à l'organisation d'un référendum d'autodétermination quelle que soit la solution négociée sur laquelle pourraient convenir la partie marocaine et le Front Polisario. C'est une évidence qui n'a pas échappé aux médias du Makhzen mais qu'ils s'obstinent à en taire la réalité, soumis qu'ils sont à l'obligation de concourir à l'enfumage de l'opinion marocaine qu'ils ont entretenue dans la fausse illusion que le Royaume avait cause gagnée certaine au sein de l'organisation continentale. |
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