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Les
parlementaires ont tous insisté sur la nécessité de mettre la question amazighe
avec toute sa dimension, à l'abri de tous les calculs et les pressions
politiques et idéologiques. C'est ce qu'a recommandé la majorité des partis
politiques, que ce soit ceux de l'opposition ou des partis de la majorité, lors
des débats sur le projet de loi organique relatif à l'Académie algérienne de la
langue amazighe présenté, hier, à l'Assemblée populaire nationale (APN).
Les partis dits «islamistes» ont, par la voix du chef du groupe parlementaire de l'alliance Adala-Bina-Nahda, Lakhdar Benkhalaf, réclamé des définitions claires et explicites des dispositions que compte ce projet et ce, «pour que cette académie et la langue amazighe soient à l'abri de l'opportunisme ou des calculs politiciens, ainsi que de l'extrémisme berbériste séparatiste». Mieux, Lakhdar Benkhalef a affirmé que le parquet doit s'autosaisir pour engager des poursuites judiciaires contre Ferhat Mehenni qui a appelé, à partir de Londres, les militants du MAK, plutôt la jeunesse kabyle, à créer des milices «en s'engageant dans les corps de contraintes kabyles». Un appel qualifié de dangereux par le député de l'Alliance verte qui, selon ses propos, «peut bien nous reconduire aux années de braises et à la folie terroriste». Le député Slimane Chenit, du même courant politique, abonde dans le même sens en affirmant que la question de la langue amazighe doit être tenue à l'écart de toutes sortes de «provocations politiques» et qu'il ne faudrait plus qu'elle soit utilisée comme un moyen de pression, que ce soit de la part du système ou de ceux qui s'opposent au système. Pour lui, «la langue amazighe doit nous unifier et non pas nous désunir». Il a estimé que la programmation de ce projet de loi, avant la tenue des élections présidentielles, est une bonne chose justement pour éviter la surenchère autour de cette question. Si les partis dits «islamistes» et ceux des partis majoritaires ont plaidé pour l'écriture de la langue amazighe avec des lettres de la langue arabe, au lieu du latin ou de Tifinagh, le député Djamel Bahloul du FFS a affirmé que la question de son écriture ou celle relative à la linguistique relèvent des prérogatives de l'académie et des experts scientifiques. Et de souligner : «Nous refuserons tout chantage sur cette question». «Ce projet de loi est un pas important, mais il demeure insuffisant, car la langue amazighe a besoin d'une loi organique pour la mise en œuvre de son officialisation. Du point de vue de la Constitution, il y a encore une ambiguïté et un flou, la langue amazighe comme constante nationale n'est pas encore citée dans ladite Constitution», ajoute-t-il. Le député du FFS, Djamel Bahloul a insisté sur la nécessité d'éloigner ou de mettre à l'abri la langue amazighe de l'extrémisme «islamiste» et «séparatiste». Il conclut : «Les Algériens n'ont pas peur de l'amazighité car c'est une identité, une culture, une langue qui œuvre pour l'unification de l'Algérie et de la région nord-africaine». Dans ses dispositions générales, le projet de loi définit l'académie comme une institution nationale à caractère scientifique, dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Elle constitue l'autorité de référence dans les domaines liés à la langue amazighe, dont le siège est fixé à Alger. Ce projet de loi organique, présenté hier par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a fixé les missions, la composition, l'organisation et le fonctionnement de l'Académie algérienne de la langue amazighe. Justement, l'académie aura à mener des recherches dans tous les domaines de la promotion de la langue amazighe à travers la codification et la standardisation de la langue sur la base de l'ancrage social et de la dynamique culturelle dans toutes ses variétés par une approche convergente. Il s'agit notamment de recueillir le corpus national de la langue amazighe dans toutes ses variétés linguistiques, d'établir une normalisation de la langue amazighe à tous les niveaux de description et d'analyse linguistiques, d'établir des listes néologiques et des lexiques spécialisés en privilégiant la convergence. Elle a aussi pour mission d'entreprendre des travaux de recherche, participer au programme national de recherche dans son domaine de compétence, garantir la précision de l'interprétation et de la traduction de notions et concepts dans les domaines spécialisés, d'élaborer et d'éditer un dictionnaire référentiel, de la langue amazighe, de contribuer à la conservation du patrimoine immatériel amazigh notamment par sa numérisation et encourager toute recherche et traduction en langue amazighe visant à préserver le patrimoine lié à la mémoire nationale. Par ailleurs, le projet de loi précise que l'académie est composée de 50 membres au plus, dont le président, désignés et nommés par décret présidentiel. |
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