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Plus
de 200 médicaments sont en rupture de stock et sont introuvables dans les
officines pharmaceutiques, alors que le problème du manque récurrent de
médicaments inquiète les professionnels du secteur. Est-ce la raison du
limogeage début juin du directeur général de la pharmacie et des équipements au
niveau du ministère de la Santé ? Selon le président du Conseil de l'ordre des
pharmaciens Lotfi Benbahmed, cette rupture concerne
quelque 200 licences d'importation de médicaments. «Et la cause réside dans le
retard mis par la direction de la pharmacie dépendant du ministère de la Santé
dans la délivrance des licences», a-t-il expliqué
jeudi dernier à la radio nationale. »Un certain nombre de produits de soins se
trouve en rupture récurrente, soit en raison des insuffisances
d'approvisionnement, ou bien du fait de la non-délivrance de programmes pour
les importer, et du fait que les responsables jugent l'importation de ces
médicament pas très utile, car certains producteurs locaux se sont engagés à
les produire avec un stock suffisant. Chose qui ne s'est pas faite, il fallait
prendre en compte le fait qu'ils ne pouvaient le faire que de manière
progressive. Les responsables du ministère, a-t-il
ajouté, disaient qu'il fallait protéger la production nationale, mais de
manière progressive, car il faut que les quantités soient suffisantes pour
répondre aux besoins de la population». Selon M. Benbahmed,
«l'application de la réglementation existante permet de régler ce problème de
rupture de médicaments de manière automatique, car effectivement, dans la
réglementation, théoriquement les laboratoires doivent avoir 90 jours de stock,
soit trois mois. Mais, cela n'existe pas et aujourd'hui les stocks n'existent
pas, car en limitant quantitativement l'importation et que certains producteurs
ne pouvaient satisfaire le marché, on se retrouvait à fonctionner à flux
tendus». Le Dr Lotfi Benbahmed a ajouté que »des
fois, on se retrouvait dans des situations de stock zéro, et parfois on était
en rupture du fait d'événements internationaux, comme les grèves dans le port
de Marseille (France)». Dés lors, il préconise la
mise en place »d'un système de veille pour parer à ce genre de situation»,
estimant que le ministère doit mettre en place »'une cellule de veille, car les
producteurs doivent permettre de signaler les ruptures ou les baisses de
production pour parer à toute situation».
Bon an mal an, l'Algérie importe annuellement pour près de quatre milliards de dollars de médicaments, mais sur le terrain, cela ne le paraît pas, avec beaucoup de manque de médicaments et de ruptures de stock. Certes, »cette cellule de veille existe, mais n'est pas suffisamment réunie», estime-t-il. En outre le président du Conseil de l'ordre des pharmaciens estime que c'est plus »un problème de moyens, de ressources humaines, qu'un problème de réglementation : il faut que l'Etat régule mieux, avec un tableau de bord pour connaître en temps réel les stocks du pays. Il est fondamental que ce tableau de bord soit constitué», insiste t-il. En fait, le Dr Lotfi Benbahmed explique que »l'essentiel est de réguler la demande et la production, car il y a la transition épidémiologique qui fait que les besoins changent, comme la prise en charge du cancer, qui revient très cher, et donc il y a des arbitrages à faire, et plus de concertation». Sur les raisons du limogeage du directeur général du médicament et des équipements au ministère de la Santé, il a estimé qu»'il y a un certain nombre de produits en rupture et sur lesquels il faut répondre. Il faut appliquer en outre les trois mois de stock, et il n'y aura plus de vente concomitante ou de spéculation». Selon lui, il y a des »antibiotiques qui manquent, des médicaments de psychiatrie, de gynécologie, et la semaine d'après d'autres produits tombent également en rupture comme la Ventoline ou la vitamine D. Il n'y a pas de visibilité sur les disponibilités dont sont victimes les pharmaciens d'officines par des ventes concomitantes», souligne-t-il. Tous les problèmes d'approvisionnement en médicaments et les récurrentes ruptures de médicaments sont dus au non-fonctionnement de l'agence du médicament, pourtant instituée en 2008, et qui «pourrait, selon lui, répondre à ce type de problèmes avec plus de moyens, de régulation, une stabilité des cadres, un déroulement de carrière». «Nous avons besoin d'une agence du médicament, mais il ne faut pas la doter de lois mais de moyens, car elle n'a pas de moyens pour le moment». Mais, »aujourd'hui, avant de mettre en place les moyens de régulation des médicaments, il faut juste appliquer la réglementation, c'est-à-dire avoir des stocks qui assurent la disponibilité des produits pharmaceutiques», affirme le Dr Benbahmed. |
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