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La forte dépréciation des prix du brut en 2014, accompagnée d'une
contraction de sa production pétrolière, mettent l'Algérie devant des
«problèmes importants», et des «défis de taille», estime le Conseil
d'administration du FMI, dans ses conclusions, au titre de l'Article IV, avec
l'Algérie. Dans un communiqué, diffusé vendredi, le Conseil d'administration du
Fonds estime que l'Algérie «reste confrontée à des
problèmes importants». Pour lui, ces problèmes «résultent de la chute des prix
du pétrole, il y a quatre ans», et, «en dépit d'un assainissement considérable
des finances publiques, en 2017, les déficits budgétaire et courant demeurent
élevés», alors que la croissance du PIB, note t-il,
«a fortement ralenti, en raison, principalement, d'une contraction de la
production d'hydrocarbures».
Malgré une croissance stable du secteur hors hydrocarbures, «le chômage s'est hissé à 11,7%, en septembre 2017, contre 10,5%, un an plus tôt, et reste particulièrement élevé chez les jeunes (28,3%) et chez les femmes (20,7%)», explique le FMI selon lequel «le taux d'inflation moyen s'est établi à 5,6%, contre 6,4%, en 2016, du fait du ralentissement de l'inflation pour les produits manufacturés et les services, et il était de 3,4%, en glissement annuel, en avril 2018.» Dans son évaluation de l'Economie algérienne, le Conseil d'administration du Fonds relève, par ailleurs, que «si les réserves de change restent abondantes, elles ont diminué de 17 milliards de dollars, pour s'établir à 96 milliards de dollars (hors DTS)», alors que si «la dette extérieure reste négligeable», «la dette publique intérieure a considérablement, augmenté, depuis 2016, tout en demeurant modérée.» Dès lors, «les administrateurs relèvent que l'Algérie est confrontée à des défis de taille, en raison de la baisse des prix pétroliers, depuis 2014 et du ralentissement de son activité économique», note le communiqué du Fonds, selon lequel les administrateurs du FMI, «tout en saluant les efforts des autorités pour gérer le processus d'ajustement, prônent la poursuite de l'assainissement des finances publiques et l'application de réformes structurelles ambitieuses, en vue de faciliter la diversification du modèle de croissance et de soutenir le développement du secteur privé.» En outre, les administrateurs du Fonds «prennent bonne note du dosage de mesures, prévu par les autorités, à savoir : une augmentation des dépenses budgétaires, en 2018, suivie de la reprise de l'assainissement des finances publiques, à moyen terme, le financement monétaire des déficits budgétaires, des restrictions temporaires aux importations, ainsi que des réformes structurelles, visant à diversifier l'Economie». Mais, estiment-ils, si «cette approche pourrait, certes, offrir un répit à l'Economie algérienne, à court terme», elle peut «également faire peser des risques considérables sur les perspectives économiques». Selon les administrateurs du Fonds, cette approche «aura, comme conséquence probable, d'exacerber les déséquilibres budgétaires et extérieurs, d'alimenter l'inflation, d'accélérer la diminution des réserves de change, d'aggraver les risques pour la stabilité financière et, en fin de compte, de ralentir la croissance». Financement non conventionnel: Mauvaise décision Le FMI, qui doute du bien-fondé du recours au financement non conventionnel pour éponger le déficit du Trésor, recommande aux autorités algériennes «une approche susceptible de donner de meilleurs résultats, tout en étant plus viable», et «conviennent dans l'ensemble qu'il serait possible de mener un assainissement progressif des finances publiques dès 2018, sans recourir au financement par la Banque centrale, mais en s'appuyant sur une variété de mécanismes de financement, dont l'emprunt extérieur pour financer des projets d'investissement sélectionnés avec soin.» « Une dépréciation progressive du taux de change, accompagnée de mesures visant à éliminer le marché des changes parallèle, favoriserait les mesures d'ajustement», relève, par ailleurs, le FMI. Bien plus, les administrateurs du FMI «encouragent les autorités à se tenir prêtes à durcir la politique monétaire si des tensions inflationnistes se manifestent», et «déconseillent le financement monétaire du déficit», c'est-à-dire le recours à «la planche à billets». Mais, si celui-ci se poursuit, «ils soulignent la nécessité de mettre en place des mesures de sauvegarde pour en atténuer l'impact négatif, dont des limites temporelles et quantitatives». Par ailleurs, le FMI a indiqué qu'il encourage les autorités algériennes dans leurs «efforts visant à mobiliser davantage de recettes hors hydrocarbures, à améliorer l'efficience et la gestion des dépenses publiques, ainsi qu'à élargir les réformes des subventions, tout en protégeant les populations pauvres», et «salue l'intention des autorités d'appliquer des réformes visant à encourager le développement du secteur privé, en améliorant le climat des affaires, en facilitant l'accès au crédit, ainsi qu'en renforçant la gouvernance, la transparence et la concurrence.» Dans la foulée, les administrateurs du Fonds encouragent également, les autorités algériennes à améliorer le fonctionnement du marché du travail, accroître le taux d'activité des femmes et continuer d'ouvrir l'économie au Commerce extérieur et à l'Investissement direct étranger.» Enfin, «les administrateurs notent que le secteur bancaire continue de se porter relativement bien», et «soulignent que, eu égard aux risques macroéconomiques et aux liens financiers au sein du secteur public, il convient de renforcer le cadre macroprudentiel, notamment en menant plus régulièrement des tests de résistance et en établissant un dispositif de gestion des crises», conclut le FMI. Le Fonds avait déjà appelé l'Algérie à mettre en place «en urgence» des réformes économiques innovantes et courageuses pour surmonter l'onde de choc de la baisse des cours de pétrole. En visite, au dernier trimestre 2017, à Alger dans le cadre de la revue périodique des indicateurs macroéconomiques de l'Algérie, une mission du Fonds Monétaire International (FMI) avait relevé que le pays doit restaurer au plus vite «les équilibres macro-économiques et revoir son modèle de croissance pour réduire sa dépendance du secteur énergétique et de la dépense publique». Le chef du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI Jean-François Dauphin avait souligné que l'Algérie doit muscler son secteur privé, encourager les investissements privés et étrangers, et accélérer la mise en oeuvre de réformes pour changer son modèle économique». |
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