L'aveu
d'échec du ministre du Commerce à juguler la frénésie des prix des produits
alimentaires pendant le Ramadhan a de quoi étonner. Enfin, le terme n'étant pas
approprié, il serait plus judicieux de dire révolter. En effet, on est en droit
de se demander à quoi peut bien servir un gouvernement qui n'est même pas
capable de maîtriser l'inflation des prix alors que la chose n'est pas nouvelle
en soi. Cette mercuriale si spéciale qui fait de chaque mois de carême un enfer
quotidien pour les ménages algériens, à moyens revenus, est d'autant plus
attendue et redoutée qu'elle est cyclique. Donc, le
gouvernement avait onze mois pour se préparer et proposer des mécanismes de
contrôle à même de limiter les marges bénéficiaires prohibitives du marché des
fruits et légumes. La viande n'étant pas en reste, on assiste impuissants à
l'effondrement de toutes les promesses faites par les responsables algériens
quant à des prix fixes, abordables pour la majorité. En admettant qu'il a
échoué à faire baisser les prix, le ministre du Commerce ne fait que perpétuer
une tradition d'échec chère à ses prédécesseurs.
En Algérie,
on continue à faire semblant de tracer des plans, à programmer des actions, en
repoussant les échéances aux calendes grecques. Le ministre promet, par contre,
qu'à la fin du mois du jeûne, son département s'attèlera à faire le diagnostic
des carences enregistrées et que l'opinion publique doit s'attendre à des
décisions concrètes. A croire que l'Algérie découvre, pour la première fois,
les pratiques scandaleuses d'un marché carnivore quadrillé par une faune de
spéculateurs qui multiplient les prix par quatre voire cinq à chaque événement
religieux ou national. Les pouvoirs publics pointent du doigt l'anarchie mais
oublient que c'est cette déliquescence de l'Etat qui a encouragé l'émergence
d'un véritable empire parallèle d'une économie informelle qui réduit à néant
toute tentative de réguler un tant soit peu le secteur. Même l'opération
d'éradication des marchés informels a été un franc échec après qu'elle a donné
quelques résultats probants. Les commerçants au noir ont vite fait de
réinvestir les rues et de squatter l'espace public, obligeant à la fin, les
marchands de fruits et légumes agréés à en faire de même et à déserter leurs
étals. Et tant qu'on se satisfera des slogans creux et des promesses sans
lendemain, le prochain Ramadhan aura le goût amer de ses frères cadets.