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Les travailleurs refusent de signer les nouveaux contrats: Vives tensions à la SNTA

par Abdelkrim Zerzouri

Les travailleurs de l'ex-SNTA s'enfoncent dans la tourmente avec une entrée dans une nouvelle ère socioprofessionnelle particulièrement marquée par l'instabilité et un flou qui entoure leur avenir au sein de l'entreprise mixte algéro-émiratie United Tobacco Company (UTC), 51% d'actions algériennes et 49% d'actions émiraties, qui a pris le contrôle de la société suite à l'accord pour une location donné, au mois d'avril dernier, par le Conseil des Participations de l'Etat (CPE).

Et les choses sérieuses commencent, apparemment, à se matérialiser sur le terrain, notamment avec cette note émise par la nouvelle direction UTC, qui invite les travailleurs à passer au siège administratif, à partir du mardi 28 mai, pour la signature des nouveaux contrats de travail, après épuration de la situation antérieure les liant avec l'ex-SNTA.

Il n'en fallait pas plus pour faire monter au créneau les représentants des travailleurs qui ont exprimé leur rejet dans le fond et la forme de tout ce qui se trame dans les coulisses de cette nouvelle entité qui a pris le contrôle de la SNTA. Un mouvement de protestation a été initié dans ce sens, avant-hier, à travers toutes les unités du territoire. Un sit-in d'une heure a été, ainsi, organisé par les travailleurs et leurs représentants au sein des unités de production à l'Est, au Centre et à l'Ouest du territoire national, pour exprimer leur indignation contre le développement de la situation et leurs craintes face à un avenir précaire et incertain, nous a indiqué M. B. Mohamed, membre du syndicat d'entreprise.

La démarche de l'entreprise mixte est logique, avouent les syndicalistes, car c'est à elle que revient la gestion du personnel, et dans ce cadre de nouveaux contrats doivent être impérativement signés entre les travailleurs et l'UTC dans le prolongement du changement dans la dénomination social et la composante de la société, mais il ne faut pas que cela se fasse en catimini, sur le dos des travailleurs et sans la participation des syndicalistes, souligne-t-on. Une lettre a été récemment adressée au DG par un membre fédéral, lui demandant d'ouvrir des discussions et des négociations autour de plusieurs dossiers, y compris le renouvellement des contrats des travailleurs, mais elle est demeurée sans suite.

Le DG n'a pas cru bon de répondre à la lettre des syndicalistes, il semble même que la nouvelle direction veut mettre en sourdine le syndicat afin de mettre tout le monde devant le fait accompli.

Impossible d'accepter que les 2.475 travailleurs aillent en solo signer les nouveaux contrats, car il y en a qui ne savent ni lire ni écrire, soutient-on. Pour le moment, les travailleurs ont décidé à l'unanimité de ne pas signer les contrats sans le feu vert de leurs représentants syndicaux, mieux placés pour voir le contenu du contrat en question et étudier ses articles. D'autant qu'il s'agit de «la location, et non pas la cession, des installations et des licences de l'ex-SNTA à UTC contre un paiement de 3,5 milliards DA par an et la modernisation des installations et méthodes de la société publique», selon une précision du Premier ministère. « Nous nous opposons avec force et vigueur à cette forme de gestion qui ignore le partenaire social, alors que les plus hautes autorités du pays ne cessent d'appeler à la concertation et au dialogue entre les partenaires sociaux », insiste à dire M. B. Mohamed. Ajoutant que « nous avons pour cela la force de l'argument juridique et réglementaire ».

Aujourd'hui et demain, les syndicalistes envisagent d'entreprendre des missions auprès du ministère de tutelle et de la direction générale de leur entreprise pour tenter de déverrouiller les portes du dialogue. Et s'ils n'y arrivent pas, tiennent-ils à prévenir, le durcissement du mouvement de protestation ira crescendo, jusqu'au débrayage et la paralysie totale des unités de production.