Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

FFS: «Le pouvoir fait tout pour que les choses restent en place»

par R. N.

Dans une allocution prononcée lors du conseil fédéral d'information, le premier secrétaire du Front des Forces Socialistes (FFS), tenu hier à Tizi Ouzou, a réitéré l'appel du parti à «toutes les forces sociales et politiques» pour «préserver l'Etat social en opposition à l'Etat libéral que le régime est en train d'imposer au peuple algérien», considérant que le pays «fait face à l'un des moments les plus décisifs de son histoire» marqués par une «crise multidimensionnelle, politique, économique, sociale, culturelle et environnementale».

Il a rappelé que sur le plan politique, le «problème de légitimité des institutions ne date pas d'aujourd'hui» et que les «élections n'ont jamais permis l'émergence d'institutions réellement démocratiques représentatives de la population».

«Le pouvoir, qui a fait du Parlement une chambre d'enregistrement, est en passe de le transformer en une caserne, piétinant la liberté d'expression et étouffant toutes les voix qui lui sont discordantes. Le FFS rejette avec vigueur le projet du règlement intérieur tel que proposé devant l'Assemblée populaire nationale», a-t-il déclaré.

Le FFS estime «qu'au lieu de donner plus de prérogatives aux députés pour exercer leur pouvoir de contrôle sur le gouvernement», le projet de règlement intérieur de l'APN «propose plusieurs articles verrouillant la libre expression des députés lors des séances plénières, et excluant la langue amazighe des travaux de l'Assemblée, en violation de la Constitution».

Sur le plan économique, «le pays ne parvient pas encore à assurer son développement», a-t-il ajouté, estimant que «s'en remettre au secteur privé étranger n'est pas la solution car cela constitue une hypothèque pour son indépendance et à terme pour sa souveraineté».

Sur le plan social, le FFS considère que «le pays ne dispose plus de ressources suffisantes pour assurer un niveau de vie décent à une population croissante et une protection sociale des plus démunis».

Seule la société «fait bouger les lignes», grâce à la mobilisation des «syndicats, des associations», au moment où le «pouvoir fait tout pour que les choses restent en place», affirme le FFS par la voix de son premier secrétaire, Mohamed Hadj Djilani. «Tout est figé en haut, mais tout bouge en bas. A nous donc d'accompagner ces hommes et ces femmes qui, par le bas, font bouger les lignes», dit-il. «Notre parti a accompagné, et accompagnera toujours, les forces du changement, jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications légitimes», ajoute M. Hadj Djilani.

Dans son allocution, le premier secrétaire du FFS a insisté sur la nécessité de «préserver l'Etat social en opposition à l'Etat libéral».

«Désormais, tenir un discours à la fois libéral et social ne devrait tromper personne. Avoir un pied dans le pouvoir, un autre dans l'opposition, c'est de l'opportunisme politique. Les citoyens ne sont plus dupes, il faut choisir son camp», a-t-il déclaré.

Le FFS affirme qu'il continuera à agir pour «l'ouverture du champ politique, médiatique et associatif, gangrené par la multiplication de groupuscules téléguidés par le pouvoir qui poussent à la pollution du débat politique et la démission d'une partie des élites de la société». «Nous continuerons à agir et à conjuguer nos efforts avec les acteurs autonomes politiques, économiques et sociaux, en vue de l'ouverture d'un véritable débat démocratique. Nous continuerons à œuvrer inlassablement pour créer les conditions nécessaires à la reconstruction du consensus national».