Les déclarations de Nasrallah, le
leader du Hezbollah libanais, concernant la coopération du Maroc avec le Mossad
israélien pour porter atteinte à quatre parties simultanément ne doivent pas
rester sans suite. En effet, en accusant le mouvement de résistance chiite de
prétendues livraisons d'armes au Front Polisario, via l'ambassade d'Iran à
Alger, Rabat réalisait un strike parfait en
bousculant un peu plus les équilibres déjà fragiles dans la région du Maghreb
arabe. Important le conflit irano-saoudien jusqu'à nos portes, le Makhzen fait
les affaires des Américains, des Emiratis, des Al Saoud
ainsi que des Israéliens en mettant une pression supplémentaire sur Alger en
perspective du dossier sahraoui. Il n'est un secret pour personne que la
diversion marocaine sert de paravent à son désir de fuite en avant, capable de
monter des cabales «pour refuser de se rendre à la table des négociations» avec
le Front Polisario, comme l'a suggéré un diplomate arabe, repris par le Monde.
Nous l'écrivions sur ces mêmes colonnes, le Maroc est passé maître dans l'art
du contre-feu et à l'approche des rendez-vous cruciaux pour relancer le
processus de décolonisation du Sahara occidental, on assiste à
d'invraisemblables scénarios cousus de fil blanc par Rabat. L'épisode de
l'alliance du Polisario avec Al Qaida en est un
exemple frappant. A force de crier au loup, personne ne donne plus aucun crédit
aux versions marocaines mais les intérêts en jeu et la guerre d'usure livrée
contre Alger, Téhéran et quelques autres capitales mondiales font que ces
montages scéniques et cyniques soient pris en considération par les ennemis du
pays. La présence même du Mossad dans ce scénario interpelle sur les intentions
de l'entité sioniste et ses desseins contre l'Algérie considérée comme le
dernier allié des Palestiniens dans le monde arabe. La collusion entre Rabat et
Tel Aviv n'est plus à démontrer et les intérêts et les cibles restent communs.
Ces allégations marocaines servent encore à prouver cette vassalité acquise aux
monarchies du Golfe dans leur stratégie belliqueuse contre l'Iran. Après avoir
engagé ses troupes au Yémen, Mohamed VI rompt ses relations diplomatiques avec
Téhéran pour mieux souligner sa position alignée sur la politique étrangère des
royaumes du Golfe. Une démarche qui s'inscrit également en droite ligne de la
politique américaine dictée par les Israéliens. Dans tout ce magma putride,
l'Algérie ne doit plus se permettre de fragiliser son front intérieur fortement
éprouvé par les décisions irréfléchies du gouvernement. Les derniers tarifs
affichés pour les documents électroniques, qui font du passeport algérien le
plus cher au monde, sont une parfaite illustration de cette politique du
pourrissement.