L'annonce des tarifs de
délivrance des documents électroniques induits par l'avant-projet de loi de
finances complémentaire 2018 ayant fait grand bruit, le Premier ministère ne
pouvait que réagir à la polémique qui n'a cessé d'enfler sur les réseaux
sociaux. Sur son site web, et sans démentir les augmentations, les services de
Ahmed Ouyahia évoquent, à ce propos, des « fuites
organisées » qui « alimentent la spéculation et parfois même les fausses
informations ». Pour plus de transparence et afin « d'éclairer l'opinion sur
cette question », la même source d'informations précise que ces nouveaux tarifs
« reflètent leur coût » tout en fournissant les prix de revient de chacun de
ces documents administratifs produits par le ministère de l'Intérieur. Des prix
qui ont servi de base pour la nouvelle tarification, explique encore le Premier
ministère. Ainsi, et pour la carte nationale d'identité biométrique
électronique produite pour 2.000 DA, sera délivrée pour 2.500 DA. Le passeport
biométrique électronique qui coûte 6.000 DA pour le modèle de 28 pages, devra
revenir au citoyen à 10.000 DA, tandis que le modèle de 48 pages, produit à
12.000 DA, sera taxé, quant à lui à 50.000 DA, fait savoir le Premier
ministère. Pour la délivrance du passeport en procédure d'urgence, dont le coût
en vigueur est de 25.000 DA pour le premier modèle et 60.000 DA pour le second,
le tarif de délivrance sera respectivement de 50.000 DA et 150.000 DA.
Concernant le permis de conduire biométrique électronique, il coûtera 10.000 DA
pièce, alors que celui de la carte d'immatriculation automobile est de 20.000
DA pièce. Pour justifier ces augmentations, le gouvernement, et tout en
balayant les critiques sur l'atteinte au pouvoir d'achat des citoyens, explique
que ces documents ont une durée de validité minimale de dix années et qu'à ce
titre « le tarif de délivrance devient modeste ». Quant au prix du passeport de
48 pages délivré en procédure d'urgence, on justifie cela par la nature même
des demandeurs, des « hommes d'affaires qui n'auront aucun problème à régler ce
montant ». La même source ajoute, comme pour faire contrebalance à ces
augmentations, que le PLFC « ne contient aucune taxe ni aucune augmentation sur
des produits de large consommation », malgré l'« important » déficit budgétaire
estimé à 1.800 milliards DA «qui n'est couvert que par les emprunts du Trésor
auprès de la Banque d'Algérie ». Si comme l'affirment les services de Ouyahia, aucune nouvelle augmentation n'a touché les
produits de large consommation, il en est autrement des produits de luxe qui se
verront taxés par l'institution d'un droit additionnel provisoire de sauvegarde
(DAPS) avec un taux variant entre 30% et 200%. Une décision qui devra générer,
théoriquement, « des recettes pour le Trésor » ainsi que des « milliers
d'emplois », soutient le Premier ministère. L'instauration du DAPS profitera
aux entreprises nationales « qui gagneront ainsi des parts de marché » ainsi
qu'aux fournisseurs étrangers traditionnels dès lors que le marché algérien
sera protégé, souligne la même source. Quant aux informations concernant une
éventuelle augmentation des crédits budgétaires, le Premier ministère a tenu
formellement à les démentir, indiquant que les montants du budget de
fonctionnement et du budget d'équipement sont inscrits dans la loi de finances
complémentaire conformément aux procédures. Le budget de fonctionnement pour
2018 demeure inchangé avec 4.584,4 milliards DA, tel que voté à la fin 2017 et
comprend des rattachements de crédits établis à partir de la provision
budgétaire groupée appelée « charge commune » au profit de certains départements
ministériels, explique le Premier ministère. Le budget d'équipement pour 2018
demeure inchangé aussi avec 4043,3 milliards DA. Seule nouveauté introduite
dans la loi de finances complémentaire concerne les autorisations de
programmes, pour lesquelles un montant supplémentaire de 500 milliards DA est
proposé, liées au futur port centre de Cherchell et au pôle de mise en valeur
des phosphates et de la pétrochimie à l'Est du pays.