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Plus
de 60 morts, 2400 blessés par balles, c'est à ce jour le terrible bilan de la
répression par les forces armées israéliennes d'une manifestation palestinienne
à Gaza.
Cette « Marche du Grand retour » rassemble tous les vendredis depuis le 30 mars, des milliers de Gazaouis qui vivent dans étroite bande terrain coincé entre Israël et l'Égypte. La misère, la peur et la colère sont les maîtres mots qui caractérisent Gaza : outre la répression continue qu'exerce les Israéliens, le peuple de Gaza ne peut pas quitter cette enclave où 50% de la population est au chômage et « dont plus de 70% des habitants sont considérés comme des « réfugiés », descendant des Palestiniens expulsés de leurs terres en 1948, lors de la guerre d'indépendance d'Israël. Gaza a été déclarée comme « invivable d'ici 2020, selon l'ONU » rappelle Libération. Ce massacre de milliers de Palestiniens résonne comme le sinistre anniversaire des 70 ans d'Israël, qui est intervenu le 14 mai. Le 13 Mai est également la date du « Jour de Jérusalem », très fêté par les franges les plus radicales de la population israélienne, qui célèbre bruyamment la victoire israélienne dans la Guerre des six-jours et l'entrée de cette armée dans Jérusalem. Le lundi 14 mai, les Palestiniens manifestaient également contre le transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem. Ce transfert décidé par Donald Trump a été vivement salué par Benyamin Nétanyahou, pour qui ce fut « une journée glorieuse » pour Israël. Le Premier ministre y voit à juste raison un soutien décisif à l'annexion officiellement définitive de toute la ville de Jérusalem par Israël. Pour finir la description de cette période de fortes tensions, il faut rappeler que des forces iraniennes ont pour la première fois, tiré des roquettes sur Israël, à partir de la Syrie le 9 mai et qu'Israël a répliqué immédiatement par une opération aérienne les plus massives de ces dernières décennies, « la plus importante contre des cibles iraniennes » a précisé le porte-parole de l'armée israélienne. l'Iran a, de son côté estimé que « le régime israélien massacre de sang-froid d'innombrables Palestiniens qui manifestent dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde ». Les protestations sont évidemment nombreuses dans les pays arabes. Le ministère des Affaires étrangères égyptien a émis une mise en garde contre une « escalade » de la situation, qualifiant de « martyrs » les Palestiniens tués. La Syrie a quant à elle condamné « le massacre » de « civils palestiniens non armés ». Même réaction du Soudan. « Nous condamnons ce qui s'est passé », a de son côté réagi l'ambassadeur du Koweït à l'ONU, Mansour al-Otaibi, dont le pays a appelé à une réunion le mardi 15 mai du Conseil de sécurité des Nations unies. L'Arabie saoudite a condamné « les tirs des forces d'occupation israélienne contre des civils désarmés » et réaffirme son soutien « aux droits du peuple palestinien ». Mais la réaction de la puissance saoudienne et des émirats peut être qualifiée de pure forme, l'Arabie saoudite et ses alliés estimant que la menace principale au Moyen-Orient, n'est plus incarnée selon eux par Israël mais par l'Iran. Régulièrement critique à l'égard d'Israël, la Turquie a estimé que ce pays « sème le terrorisme d'Etat », ajoutant que c'est un « Etat terroriste ». Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a également indiqué que « ce qu'Israël a fait est un génocide », et oubliant sa propre attitude au Kurdistan turc, il condamne« ce drame humanitaire [?] d'où qu'il vienne, d'Israël ou d'Amérique ». La Turquie a décrété trois jours de deuil national, et rappelé ses ambassadeurs à Tel Aviv et à Washington pour consultations. La plupart des pays européens ont officiellement désapprouvé la répression sanglante de la manifestation à Gaza. Dans une déclaration, Emmanuel Macron a affirmé que la France « condamne les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants » palestiniens. Les principales capitales européennes partagent cette réprobation d'une répression israélienne jugée le plus souvent hors de proportion. Mais Israël comme toujours, n'a que faire des condamnations internationales. Transfert de l'ambassade : l'Europe plutôt désunie La tension régionale est d'autant plus vive que Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l'accord nucléaire iranien le mardi 8 mai. Face à ce durcissement américain, Angela Merkel avait alors déclaré, avant l'intervention israélienne sur Gaza et le transfert de l'ambassade US : « l'escalade des dernières heures nous montre qu'il en va vraisemblablement de la guerre ou de la paix ». Sur la question du transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem, les positions européennes sont en général beaucoup plus nuancées. Emmanuel Macron a certes avec clarté réaffirmé « la désapprobation de la France à l'encontre de la décision américaine d'ouvrir une ambassade à Jérusalem ». A Bruxelles la haute représentante de l'UE Federica Mogherini a ainsi demandé sur le conflit palestinien à « toutes les parties d'agir avec la plus grande retenue afin d'éviter des pertes humaines supplémentaires (?) en ce moment, nous aurions besoin de sagesse et de courage pour retourner à des négociations en vue d'une solution politique, dans l'intérêt mutuel des Israéliens, des Palestiniens et de toute la région ». Mais, notait le Monde, les propos de la diplomate européenne « ne mentionnait pas le rôle des États-Unis dans la crise actuelle, soulignant seulement que l'UE continuerait, elle, à respecter la résolution de l'ONU sur le statut de Jérusalem et « la localisation des représentations diplomatiques ». L'UE a choisi de boycotter l'inauguration du bâtiment, qui s'est déroulé ce lundi. Seules l'Autriche, la République tchèque et la Roumanie y étaient représentées. En avril déjà alors que l'UE s'inquiétait déjà de la décision de l'administration Trump, certaines capitales évoquaient l'hypothèse d'un transfert de leurs propres services diplomatiques. Quoi qu'il en soit, la différence de réactions des États membres suite à l'inauguration de l'ambassade américaine à Jérusalem donne « l'impression que l'Europe est une fois de plus désunie et, partant, sans voix et sans pouvoir au Moyen-Orient, bien qu'elle soit un généreux donateur d'aide financière » constate Euronews. |
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