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Au moins 52 Palestiniens ont
été tués et des centaines d'autres ont été blessés dans un bilan provisoire
appelé à s'alourdir, par des tirs à balles réelles de l'armée sioniste hier
lundi dans la bande de Ghaza et dans les territoires
occupés, quelques heures avant l'ouverture de l'ambassade des Etats-Unis à Al Qods et à la veille du 70ème anniversaire de la Nakba.
Des milliers de Palestiniens avaient dénoncé l'occupation de leurs territoires et le transfert controversé de l'ambassade US à Al Qods occupée, décidé par le président américain Donald Trump. Les soldats israéliens tiraient sur les manifestants palestiniens à balles réelles, et ils ne faisaient, selon les correspondants de presse, aucune distinction entre manifestants, journalistes ou secouristes. Des milliers de Palestiniens de la bande de Ghaza s'étaient rassemblés depuis plusieurs semaines pour revendiquer leur droit à retourner sur leurs terres dont ils ont été chassés lors de la création de l'Etat sioniste en 1948, et manifester contre le transfert dans la ville sainte d'Al Qods de l'ambassade américaine. La colère des Palestiniens était également dirigée contre le blocus, imposé par Israël depuis dix ans, à cette enclave palestinienne. La ligue arabe a annoncé qu'elle tiendrait une réunion d'urgence, à la demande de l'Etat palestinien, demain mercredi pour discuter du transfert de l'ambassade US à Al Qods occupée. Selon l'agence palestinienne Wafa, les forces d'occupation ont tiré à balles réelles sur les manifestants, tuant sur le coup 16 jeunes Palestiniens dont un enfant de 14 ans, alors que le nombre de blessés a dépassé les 600. Parmi les blessés, il y a notamment des journalistes, dont un cameraman de l'ENTV, et des équipes médicales dépêchées pour secourir les blessés. La journée a été particulièrement meurtrière à la frontière entre Israël et la bande de Gaza, ajoute de son côté le ministère palestinien de la Santé à Gaza. Selon l'Autorité palestinienne, Israël a commis un «horrible massacre» en tuant une trentaine de Palestiniens dans les manifestations et affrontements qui ont lieu le long de la frontière de la bande de Gaza le jour de l'inauguration de l'ambassade américaine à Al Qods. Le porte-parole du gouvernement palestinien, Youssef al-Mahmoud, a exigé dans une déclaration «une intervention internationale immédiate pour arrêter le terrible massacre à Gaza commis par les forces d'occupation israéliennes contre notre peuple héroïque». Les manifestations contre le transfert de l'ambassade US à Al Qods, à l'appel du Hamas, constituent, par ailleurs, le pic de la «Marche du grand retour» annoncée par les Palestiniens, car le lundi 14 mai correspond au déménagement de l'ambassade américaine à Al Qods, dénoncée largement par les Palestiniens et la communauté internationale. Mais, il y a surtout la journée du 15 mai, qui marque en fait la commémoration de la Nakba, cet exode forcé de centaines de milliers de Palestiniens lors de la création d'Israël en 1948, pour y installer tous les juifs d'Europe et du Maghreb. Bien plus, le mouvement Hamas a appelé à des manifestations encore plus importantes ce mardi, bien que l'organisation n'appelle pas publiquement les manifestants à franchir la frontière. Pour autant, les appels à découper les barbelés pour tenter de franchir les clôtures se sont multipliés. Du côté des forces d'occupation israéliennes, il y a eu la mobilisation de trois brigades d'infanterie supplémentaires, qui ont été positionnées, dont deux le long de la bande de Gaza et une autre en Cisjordanie. Des milliers de Palestiniens continuent en fait à affluer vers les points de la frontière pour la journée du 15 mai, moment fort pour les Palestiniens pour revendiquer le retour sur leurs terres. Pour autant, c'est bien la décision du président américain, qui est responsable de cette situation, et qui a délégué hier sa fille et son gendre, en même temps son conseiller, pour assister à la cérémonie officielle de transfert de l'ambassade US de Tel Aviv à Al Qods. Cette décision, annoncée par Donald Trump le 6 décembre dernier, avait provoqué, rappelons-le, un tollé et une vaste réprobation de la communauté internationale, car pouvant exacerber les tensions dans une région considérée comme une poudrière. En fait, Trump avait mis en œuvre une loi votée en 1995 par le Congrès américain mais dont l'application avait été toujours repoussée par ses prédécesseurs pour ne pas mettre en péril le processus de paix israélo-palestinien. Il s'agit du Jerusalem Embassy Act, qui prévoit le transfert de l'ambassade des Etats-Unis en Israël de Tel Aviv à Al Qods, entré en vigueur hier lundi 14 mai, mais qui a été voté par le Congrès en 1995. Il s'agit d'une initiative du sénateur républicain Bob Dole, dans la perspective de l'élection présidentielle de 1996. En difficulté auprès de l'électorat juif après des prises de positions sévères visant l'État hébreu, l'élu du Kansas a proposé ce transfert devant le lobby pro-israélien, Aipac, en mai 1995. Cette initiative est également activement soutenue par le Likoud, dirigé par Benyamin Netanyahu, qui y voit un moyen pour entraver le processus de paix israélo-palestinien lancé deux ans plus tôt à Oslo et auquel il est radicalement opposé. C'est le président Bill Clinton, de peur que le processus de paix ne vole en éclats, qui parvient à introduire dans le projet de loi une disposition prévoyant le report de la mesure tous les six mois en fonction des «intérêts de sécurité nationale américains». Le report sera appliqué par tous les présidents américains, démocrates comme républicains, jusqu'à Donald Trump, qui a fait le choix de rompre avec la position traditionnelle de la diplomatie américaine, pour satisfaire tout les «va-t-en guerre' sionistes et sa base électorale. |
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