![]() ![]() ![]() ![]() Moins
de deux semaines après avoir annoncé la rupture des relations diplomatiques
avec l'Iran et accusé l'Algérie d'avoir appuyé la fourniture d'armes au Front
Polisario par le Hezbollah libanais, le Maroc revient à la charge avec des
propos outrageants envers l'Algérie. Et, comme d'habitude, c'est son jeune chef
de la diplomatie, Nasser Bourita, qui avait présenté
les plates excuses de son roi au président mauritanien l'année dernière, qui
assume ces graves accusations. Dans un long entretien de quatre pages paru hier
dimanche dans l'hebdomadaire Jeune Afrique, le ministre marocain des Affaires
étrangères affirme que dans le dossier du Sahara Occidental, «rien ne peut être
réglé sans l'Algérie». Pour autant, il n'en pense pas moins qu' «aujourd'hui,
le discours de l'Algérie sur la question du Sahara a un côté autiste et obtus :
reniement de la réalité extérieure et compulsion obsessionnelle à dire que le
conflit du Sahara ne concerne que le Maroc et le Polisario». Selon lui, «un
paragraphe a été ajouté dans la dernière résolution du Conseil de sécurité pour
appeler ce pays voisin à contribuer davantage au processus politique», et à
«renforcer son engagement dans le processus de négociation». «Tels
que nous les connaissons, ils vont certainement créer d'autres problèmes dans
la région et au-delà», affirme avec une étonnante légèreté le ministre marocain
des Affaires étrangères dans cet entretien, avant de souligner que «le régime
algérien, qui est confronté à une grave crise institutionnelle, politique,
économique et sociale, n'a survécu jusque-là que grâce aux problèmes et
tensions qu'il a lui-même générés ou qu'il a l'intention de créer afin de
détourner l'attention des Algériens de leurs véritables préoccupations».
«Sinon, ajoute-t-il, il n'y aurait pas de frontières fermées entre les deux
pays frères», avant d'affirmer que «le Souverain et le gouvernement marocain
ont toujours insisté sur la nécessité de la réouverture des frontières
indépendamment de la question du Sahara occidental qui continue de fragiliser
la région». Revenant par ailleurs sur les graves accusations contre l'Iran et
le Hezbollah qui avaient dénoncé cette campagne haineuse et d'ailleurs mis au
défi le Maroc de les prouver, le chef de la diplomatie du Maroc accuse encore
l'Algérie affirmant qu' «outre sa bénédiction, (l'Algérie) a apporté
couverture, soutien et appui opérationnel». «Certaines réunions entre le
Polisario et le Hezbollah se sont tenues dans une planque algéroise bien connue
des services algériens, concédée en location à une certaine -D. B-, Algérienne
mariée à un cadre du Hezbollah, et convertie en agent de liaison du Hezbollah,
notamment avec le Polisario», accuse-t-il encore. Allant toujours un peu plus
loin dans ses accusations, le ministre marocain ajoute que «l'Algérie est
tentée aujourd'hui de commettre l'erreur stratégique de pousser le Polisario
hors des camps de Tindouf, juste pour se dédouaner politiquement et ne plus
être pointée comme le pays qui abrite ces séparatistes, au risque de déstabiliser
gravement la région, de compromettre définitivement le cessez-le-feu et
d'anéantir toute chance de relance du processus politique». «L'implication du
Hezbollah s'inscrit dans cette même logique de donner l'impression que
l'Algérie n'est pas l'unique soutien du Polisario», avance encore Nasser Bourita pour qui «cette attitude est loin d'être nouvelle,
rappelant que l'Algérie acceptait déjà entre 1975 et 1992 que des armes soient
livrées aux séparatistes par certains pays comme la Libye et Cuba». «Ce qui est
nouveau en revanche, c'est cette tendance de l'Algérie à renier sa propre
politique. Il fut un temps où Alger avait des positions bien plus claires et
assumées, et qui sont encore enregistrées dans les archives de l'ONU», selon ce
ministre marocain.
Lâché, le ministre marocain ne semble plus connaître de limites, et affirme, concernant la lutte contre le terrorisme au Sahel, dont l'Algérie est, de l'avis des Américains et des Français, un acteur majeur contre toutes les franchises terroristes, dont celles financées et équipées par le Makhzen, Bourita ne craint pas le discrédit en affirmant qu' «il est normal que les acteurs de la déstabilisation soient pris en charge dans les processus de stabilisation». Mais, après toutes ces accusations, le chef de la diplomatie marocaine retrouve ses esprits et pense qu'avec l'Algérie «le dialogue est toujours possible. C'est notre souhait le plus ardent», avant de comparer les relations actuelles entre l'Algérie et le Maroc à celle de «l'Allemagne et de la France, qui sont là pour nous le rappeler. Qui aurait imaginé, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, que ces deux pays deviennent les locomotives de la construction européenne ?» |
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