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L'achat par le
groupe pétrolier national Sonatrach d'une raffinerie
en Italie est «une bonne opération», a estimé l'ex-PDG et ex-ministre des
Ressources en eau, M. Abdelmadjid Attar. «C'est une excellente opération, une
raffinerie pas très loin de l'Algérie, en Sicile. Elle fait 175.000 b/j, soit
une cargaison d'un million de barils de pétrole tous les 15 jours», a-t-il expliqué jeudi à la radio nationale. Selon M. Attar,
le coût de cette raffinerie est de 568 millions de dollars, «et il semble
qu'elle est conforme et peut traiter le brut algérien et les résidus de la raffinerie
de Skikda». Le PDG de Sonatrach a déclaré hier à ce
sujet, en marge de la signature d'un mémorandum d'entente entre Sonatrach et le groupe français Total, «nous avons acquis
la raffinerie d'Augusta à un prix extraordinaire, soit moins d'un (1) milliard
de dollars, sachant que le projet de raffinerie de Hassi
Messaoud devra coûter 3 à 4 milliards de dollars».
La raffinerie d'Augusta, en Sicile, «nous donnera plus d'autonomie et coûtera moins cher car nous contrôlerons toute la chaîne», avait indiqué Ould Kaddour. Dans la foulée de l'acquisition de cette raffinerie, qui appartenait à une filiale du géant américain Exxon, Sonatrach a également acquis trois structures de stockage de brut ou de produits pétroliers à l'arrivée et à la sortie raffinerie. Pour l'ex-PDG de Sonatrach, l'acquisition de cette raffinerie «est également une bonne opération car cela vaut mieux que cinq raffineries à l'intérieur du pays», estimant que le projet de réalisation de ces raffineries a été abandonné. «A long terme, cette raffinerie va servir. Elle va fonctionner une dizaine d'années, voire une vingtaine d'années, elle est en Méditerranée. Et cela permettra de mettre le paquet sur les raffineries de Hassi Messaoud et Biskra». D'autre part, l'achat de cette raffinerie «va permettre, poursuit M. Attar, à Sonatrach d'externaliser en amont ses services, car elle est présente en Libye, en Tunisie, en Irak. Dans l'aval, on peut s'externaliser et faire du trading avec comme premier pas dans le raffinage». «C'est une bonne chose, car cela ne sera pas facile dans les prochaines années de vendre du pétrole à des prix raisonnables», estime encore M. Attar. Par ailleurs, il a estimé, dans le domaine de la pétrochimie, qu»'on a pris beaucoup de retard. On a hésité, on fait un projet, on le mature, et au moment où on est prêt, on constate que les prix ont baissé et on fait machine arrière. A l'époque, pour prendre une décision, il fallait demander l'autorisation de sa tutelle, le ministère et plus encore... Aujourd'hui, Ould Kaddour (PDG de Sonatrach, NDLR) a les mains libres, et c'est une bonne chose, car cela lui a permis de régler tous les contentieux, et ce n'est pas facile. 16 contentieux ont été réglés à l'amiable, et pour le faire, il faut avoir l'appui d'en haut, et qu'il a les mains libres», résume M. Attar, selon lequel «il n'y a pas de secret» dans la réussite actuelle de Sonatrach. «C'est important de miser sur la pétrochimie», estime-t-il, avant de relever que «l'accord avec Total est une excellente chose. Ils vont produire du propylène et du polypropylène, et là on réalise cette unité de production en Algérie, et ces gaz sont très utilisés dans l'industrie de l'automobile. Il faut aller un peu plus loin cette fois-ci», explique-t-il. Revenant par ailleurs sur la hausse des prix de pétrole de ces dernières semaines, qui approchent des 80 dollars/baril et, surtout, les niveaux de prix atteints après la décision du président américain de sortir de l'accord sur le nucléaire avec l'Iran, M. Attar estime que cette décision n'a pas tellement influé sur les cours, car les données actuelles sur le marché ont changé. «Il y a une vingtaine d'années, une décision pareille, ou un événement géopolitique quelque part dans le monde, même une grève au Nigeria, faisait rebondir les prix de 5-6 dollars en quelques jours. Aujourd'hui, une décision comme celle-là, qui peut être même annonciatrice d'un conflit géopolitique au Moyen-Orient, ça fait augmenter les prix de deux dollars. Ce n'est pas énorme, et c'est tout simplement parce que le prix du baril n'est plus rattaché à ce genre de décisions, mais à la consommation. La consommation mondiale ralentit et un produit qui coûte très cher, on n'en consomme pas. C'est tout aussi simple que cela». Selon M. Attar, «l'évolution du prix du baril n'est pas énorme, car il y a cinq ans, cela aurait augmenté de 5 dollars, et le pétrole est en train de perdre au profit du gaz». Hier vendredi, le brut de référence de la mer du Nord, le Brent, cotait en milieu de journée 77,48 dollars contre 71,47 dollars le baril pour le léger américain. Par ailleurs, «nous avons beaucoup de gaz», a-t-il rappelé, soulignant qu»'avec le gaz de schiste, c'est encore 22.000 milliards de m3 de gaz, ainsi que 6 milliards de barils de pétrole sous terre, si on commence à les produire...» «Je pense que le gaz c'est un petit peu l'avenir, car il sera toujours là à cause de l'intermittence des énergies renouvelables, même si le problème de stockage n'est pas encore réglé». Selon M. Attar, le problème de stockage de gaz et produits d'hydrocarbures «n'est pas prêt à être réglé, même en 2030, 2035 et 2040». Pour autant, «le gaz naturel sera toujours là, utile, aussi bien pour l'énergie que pour la pétrochimie». Sur les réserves conventionnelles de gaz, il a estimé leur capacité entre 2.500 à 4.500 mds de m3. «C'est du réel, ce sont des réserves qu'on est certains de pouvoir exploiter». «Pour les réserves de gaz non conventionnelles, elles sont évaluées à 22.000 mds de m3 techniquement récupérables. En combien de temps, selon les techniques, ce n'est pas encore établi». Mais, «c'est certain, elles sont là, ces réserves dans le sous-sol algérien», précise-t-il avant d'ajouter qu»'on continue l'exploration pour l'énergie conventionnelle. On le fait en nombre, mais pas en volume, avec les plus complexes gisements». Mais, tempère-t-il, «en volume, on trouve de moins en moins d'hydrocarbures, y compris dans le monde, car ce sont des énergies non renouvelables». Mais, «pour le gaz de schiste, on en aura besoin un jour ou l'autre». Selon l'ex-PDG de Sonatrach, «on fera des découvertes, mais pas de grandes découvertes. Tous les gisements autour de Hassi Messaoud ont été découverts. On a plus de 12.000 forages en Algérie, et il faut se rendre compte que toutes les données techniques donnent qu'on ne peut trouver que du gaz». Pour l'offshore, il a estimé qu»'il n'y a pas de conditions susceptibles de renfermer des hydrocarbures liquides ou gazeux». |
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