Solution de
facilité, l'Etat tape directement dans la poche du contribuable pour se refaire
la cerise. Réflexe pavlovien à souhaits, les
successives lois des finances de ces années de crise ont consacré, comme un
droit constitutionnel, l'augmentation des taxes. Celle complémentaire de 2018,
à la lumière de son avant-projet ne déroge pas, mais pas du tout, à la règle.
Tout y est multiplié par cent, mille, un milliard de fois au grand dégoût
impuissant du quidam national. Le citoyen est ainsi ponctionné, indirectement,
ne lui laissant aucun recours, l'obligeant à s'acquitter des hausses des taxes
s'il veut se faire remettre un document administratif ; le permis de conduire
étant le meilleur exemple illustratif de cette prise d'otage qui dit son nom.
L'Etat prend l'Algérien à la gorge, serrant un peu plus fort à chaque nouvelle
loi de finances et baril de pétrole à 50 ou 560 dollars rien n'y changera
grand-chose. Les taxes seront ce que le gouvernement a décidé et les mains des
députés ont voté et dans le meilleur des cas où l'argent du pétrole se remette
à couler, elles n'augmenteront pas. Sinon, l'ascenseur fonctionne encore mais
seulement pour monter. La faute à une passivité citoyenne, véritable baromètre
de la docilité nationale, qui s'exécute sans même donner l'impression de se
plaindre. Et se plaindre à qui ? Au Premier ministre, aussi impopulaire
maintenant qu'au moment de la chasse aux sorcières et aux ponctions sur
salaire. Au Chef de l'Etat. Aux parlementaires gros et gras. Aux imams
multifonctions. Aux partis politiques aussi fades et vides qu'un programme de
l'ENTV. Aux ambassadeurs qui activent pour placer leurs pions. A l'Armée, aux
médias, aux murs qui écoutent ou aux sourds de la République? La rue étant ce
qui est le plus proche à un parloir, les Algériens ont investi l'espace public,
le squattant non pas par la force de la violence mais par l'absence de
l'autorité publique. Plus l'Etat essore le pauvre
citoyen, plus en bas on s'enhardit. Le peuple se disant que si du haut des
balcons du pouvoir on continue à cracher sur les passants, on ne chipotera pas
sur un bout de trottoir, une parcelle de terrain ou un morceau de parking pour
ne pas exciter davantage le malaise social. Ces solutions de facilité,
considérées, dangereusement, comme des palliatifs à la stérilité du management
à l'algérienne, menacent sérieusement les fondamentaux même de la gestion des
affaires du peuple. Cette attitude de se défausser sur le citoyen a ses limites
et prouve une nouvelle fois que l'Etat ou ses représentants actuels n'ont pas
su trouver d'autres voies que d'imposer, de plus en plus de taxes, comme au bon
vieux temps des roitelets anglais. A quand un Robin Hood algérien ? Jamais au
prix où sont les taxes sur les collants de nos jours.