La question des migrants subsahariens en situation
irrégulière en Algérie continue d'alimenter l'actualité et le traitement du
dossier, quelle que soit son orientation, sera au centre de toutes les
attentions. Dénoncée par des ONG nationales et internationales, surveillée de
près par les instances onusiennes, Alger se sait pertinemment attendue sur son
action. Les différentes opérations de rapatriement des migrants subsahariens
donnent lieu, chaque fois, à une levée de boucliers aussi bien interne qu'à
l'étranger et les autorités algériennes d'être accusées de «racisme» ou de
«profilage racial». Les réactions épidermiques fragilisent davantage le pays
qui, dans sa propre logique de sécurité intérieure, a décidé de le traiter en
amont.
Le deal avec le Niger lui octroyant la légitimité
«humanitaire» de reconduite aux frontières, Alger devra trouver des plateformes
d'entente avec les autres régimes africains d'où sont originaires ces migrants,
à l'image du Mali. Les frontières étant ce qu'elles sont, on ne peut pas
arrêter cette vague de migration quasi-quotidienne qui déferle sur nos villes
jusqu'à représenter un réel danger sur le pays, selon la terminologie
officielle. Mais entre les impératifs sécuritaires et l'aspect humanitaire du
traitement de ces irréguliers, la ligne est ténue et les lectures impossibles à
empêcher. Si le rappel de l'ambassadeur malien en Algérie - information relayée
par des médias maliens pour protester contre le traitement infligé à ses
ressortissants lors des opérations d'expulsion - a été vite démenti par le
ministère malien des Affaires étrangères, il n'en demeure pas moins que les
violentes manifestations qui avaient éclaté il ya
quelques jours aux abords de la représentation diplomatique algérienne à Bamako
n'avaient rien d'une fake news. Les informations sur
des raids de bandes de criminels sur les habitations et les biens des migrants
à Oran contribuent également à noircir davantage le tableau. Véritable dilemme
pour l'Algérie, ce dossier n'a pourtant pas dévoilé tous ses secrets puisque
entre l'aspect économique, chaque expulsé coûte son enveloppe financière, le
sécuritaire avec la multiplication des réseaux mafieux de passeurs des deux
côtés des frontières, l'infiltration du territoire par d'éventuels agents
étrangers ou terroristes, la migration subsaharienne n'est pas près de se
tarir.